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31 janvier 2015 6 31 /01 /janvier /2015 16:33

Saint Boniface (675-764), moine, missionnaire de la Germanie, martyr . 

 Lettre à Cuthbert ; PL 89, 765 (trad. bréviaire 05/06) 

Saint Boniface l’apôtre des Germains

« Pourquoi avoir peur ? »


      L'Église, qui navigue comme un grand vaisseau sur la mer de ce monde, qui en cette vie est battue par les flots d'épreuves de toute sorte, l'Église ne doit pas être abandonnée, mais gouvernée.

Nous en avons l'exemple chez les premiers pères : Clément, Corneille et beaucoup d'autres à Rome, Cyprien à Carthage, Athanase à Alexandrie, qui, sous les empereurs païens, gouvernaient le navire du Christ, ou plutôt son épouse très chère, l'Église, en enseignant, en défendant la vérité, en peinant et en souffrant jusqu'à répandre leur sang. 


      En considérant ces hommes et ceux qui leur ressemblent, je suis plein d'effroi, « crainte et tremblement me pénètrent et je suis comme enveloppé par les ténèbres de mes péchés » (Ps 54,6).

Je voudrais bien abandonner entièrement le gouvernail de l'Église qui m'a été confié, si je pouvais trouver une approbation dans les exemples des Pères ou dans la Sainte Écriture. 


      Aussi, puisqu'il en est ainsi et que la vérité peut bien être harcelée mais non pas se laisser vaincre..., que notre âme accablée se réfugie auprès de celui qui dit par la bouche de Salomon : « Mets ta confiance dans le Seigneur de tout ton cœur et ne t'appuie pas sur ta propre sagesse. Dans toutes tes démarches, pense à lui, et il dirigera tes pas » (Pr 3,5-6)...

Restons fermes dans la justice et préparons nos âmes à l'épreuve, pour attendre que le Seigneur nous soutienne, et disons-lui :

-« D'âge en âge, Seigneur, tu es resté notre refuge » (Ps 89,1).

Mettons en lui notre confiance, car c'est lui qui nous a confié notre charge.

Ce que nous ne pouvons pas porter par nous-mêmes, portons-le par lui qui est tout-puissant et qui dit :

-« Mon joug est facile et mon fardeau léger » (Mt 11,30).


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30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 22:19

Lumière incréée de la Divinité

19.Transfiguration

vision_lumiere.jpg

Lorsque, par un don accordé d'En-haut, je fus jugé digne de voir la Lumière incréée de la Divinité, je reconnus avec joie dans le ciel d'azur de notre « planète bleue » un symbole du rayonnement de la gloire divine.

Ce rayonnement est partout présent ; il remplit tous les abîmes de l'univers. Pourtant, il demeure à tout jamais insaisissable, inaccessible pour la créature. Le bleu est la couleur de l'au-delà, de la transcendance. 

[...]

Lorsqu'elle se manifeste avec puissance, cette Lumière apporte l'humble amour, bannit tout doute et toute crainte, laisse loin derrière elle toutes les relations humaines établies, toute la pyramide des conditions sociales et des rangs hiérarchiques.

L'homme cesse alors, pour ainsi dire, d'être « quelqu'un » ; il ne se trouve pas sur la route de ses frères, ne brigue aucune place pour lui-même en ce monde.

Cette Lumière est en elle-même la vie incorruptible que traverse la paix de l'amour.

Elle fait connaître à notre esprit un autre Etre, qui échappe à toute description ; notre intellect s'immobilise, car il se trouve au-dessus de la pensée discursive par son entrée dans une nouvelle forme de vie.

[...]

Cette Lumière, inhérente au Père des lumières (voir Je 1, 17), nous régénère et même nous crée à nouveau. L'orientation de notre attention change radicalement : auparavant, elle était attirée vers la terre et les choses temporelles ; sous l'influence de la grâce, elle se fixe à l'intérieur et, de là, monte dans la sphère spirituelle de «l'invisible et de l'éternel» (voir2 Co4, 18).

Ce qui autrefois nous semblait important et même fondamental devient insignifiant pour notre esprit : richesse, pouvoir, gloire de ce monde et autres réalités de ce genre perdent tout leur attrait. Même la science, qui ne nous donne pas la connaissance la plus essentielle -celle de Dieu -, ainsi que les spéculations philosophiques, privées qu'elles sont de la vie authentique, n'apparaissent plus que comme des valeurs passagères.

Lorsque la Lumière - inviolable par nature et innommable - nous enveloppe et pénètre dans notre âme, nous sortons en quelque sorte du temps.

Cette Lumière, qui procède du Père, est lumière de l'amour et de la connaissance. Un amour et une connaissance particuliers qui, en fusionnant, deviennent un ; en fait, ils sont un dans l'éternité. L'amour unit dans l'Être même, avec l'Être même.

Voici que, demeurant en cet Être, nous le connaissons par notre union avec Lui - mais quant à formuler cela en paroles, il faut y renoncer.

L'amour nous attire si fort que notre esprit n'arrête son attention sur rien de ce qui nous arrive, bien qu'il vive au sein même de cette réalité.

Il n'y a aucun retour sur soi-même ; notre esprit est tout entier tendu dans un élan pour saisir l'Insaisissable, étreindre Celui que rien ne peut contenir, comprendre l'Inconce­vable - être seulement en Lui, et ne plus rien voir d'autre."

 

Père Sophrony 

La veille de Pâques, en 1924, juste après la communion, l’archimandrite Sophrony put contempler la Lumière incréée de Dieu : « Je la perçus comme une touche de l’éternité divine sur mon esprit. Douce, remplie de paix et d’amour, elle demeura avec moi pendant trois jours. Elle dissipa les ténèbres du néant qui se dressaient devant moi. Je ressuscitai et, en moi et avec moi, le monde entier était ressuscité. Le seul véritable esclavage est celui du péché. La seule véritable liberté, c’est la résurrection en Dieu ». Dans son ouvrage «Voir Dieu tel qu’il est», l’archimandrite Sophrony revient sur cette expérience.

Les Editions du Cerf - Coll. Le Sel de la Terre - 2004

 

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27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 18:59

Par le Bx Charles de Foucauld (1858-1916), ermite et missionnaire au Sahara . Notes de retraite, Nazareth, nov. 1897 (Œuvres spirituelles, Seuil 1958, p. 523) 
0393 croix[1]

La foi ne s'effraie de rien

 


 

      Les sens sont curieux : la foi ne veut rien connaître, elle voudrait passer toute sa vie immobile au pied du tabernacle.

Les sens aiment la richesse et l'honneur ; la foi les a en horreur : « Bienheureux les pauvres » (Mt 5,3).

Elle adore la pauvreté et l'abjection dont Jésus se couvrit toute sa vie comme d'un vêtement qui fut inséparable de lui.

Les sens s'effraient de ce qu'ils appellent les dangers, de ce qui peut amener la douleur ou la mort ; la foi ne s'effraie de rien, elle sait qu'il ne lui arrivera que ce que Dieu voudra

— « tous les cheveux de votre tête sont comptés » (Mt 10,30) —

et que ce que Dieu voudra sera toujours pour son bien :

-« Tout ce qui arrive est pour le bien des élus » (Rm 8,28).

Ainsi, quoi qu'il puisse arriver, peine ou joie, santé ou maladie, vie ou mort, elle est contente d'avance et n'a peur de rien.

Les sens sont inquiets du lendemain, se demandent comment on vivra demain ; la foi est sans nulle inquiétude. 


      La foi éclaire tout d'une lumière nouvelle, autre que la lumière des sens, ou plus brillante ou différente.

Ainsi, celui qui vit de foi a l'âme pleine de pensées nouvelles, de goûts nouveaux, de jugements nouveaux ; ce sont des horizons nouveaux qui s'ouvrent devant lui, horizons merveilleux qui sont éclairés d'une lumière céleste et beaux de la beauté divine.

Enveloppé de ces vérités toutes nouvelles dont le monde ne se doute pas, il commence nécessairement une vie toute nouvelle, opposée au monde à qui ses actes semblent une folie.

Le monde est dans les ténèbres, dans une nuit profonde.

L'homme de foi est en pleine lumière mais le chemin lumineux où il marche n'apparaît pas aux yeux des hommes ; il leur semble vouloir marcher dans le vide comme un fou.

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24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 18:57

Par Saint Césaire d'Arles (470-543), moine et évêque . Sermon 159, 1,4-6 ; CCL 104,650 (trad Delhougne, Les Pères commentent, p. 288) 

« Qu'il me suive »


Quand le Seigneur nous dit dans l’Évangile :

-« Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même », nous trouvons qu'il nous commande une chose difficile et nous considérons qu'il nous impose un lourd fardeau.

Mais si celui qui commande nous aide à accomplir ce qu'il commande, cela n'est pas difficile. 

Où devons-nous suivre le Christ, sinon là où il est allé ?

Or, nous savons qu'il est ressuscité et monté aux cieux : c'est là que nous avons à le suivre.

Il ne faut certainement pas nous laisser envahir par le désespoir, car, si nous ne pouvons rien par nous-mêmes, nous avons la promesse du Christ.

Le ciel était loin de nous avant que notre Tête y soit montée.

Désormais, si nous sommes les membres du corps de cette Tête (Col 1,18), pourquoi désespérer de parvenir au ciel ?

S'il est vrai que sur cette terre tant d'inquiétudes et de souffrances nous accablent, suivons le Christ en qui se trouvent le bonheur parfait, la paix suprême et la tranquillité éternelle. 

Mais l'homme désireux de suivre le Christ écoutera cette parole de l'apôtre Jean :

« Celui qui déclare demeurer dans le Christ doit marcher lui-même dans la voie où lui, Jésus, a marché » (1Jn 2,6).

Tu veux suivre le Christ ?

*Sois humble, comme il l'a été.

Tu veux le rejoindre dans les hauteurs ?

*Ne méprise pas son abaissement.

+++

« Pécheurs, revenez à votre cœur »

Du Sermon 37,1 ; SC 243 (trad. SC p. 229 rev.):

Il y a beaucoup de choses qu’à cause de la faiblesse humaine nous n’arrivons pas à accomplir physiquement ; mais, si nous le voulons vraiment, nous pouvons, avec l'inspiration de Dieu, trouver de l’amour dans notre cœur.

Il y a parfois beaucoup de choses que nous n’arrivons pas à sortir de notre grenier, de notre cave ou de notre cellier, mais nous n’avons pas d’excuse quand il s’agit de notre cœur… 

On ne nous dit pas :

-« Allez jusqu’à l’Orient, et cherchez l’amour ; naviguez vers l’Occident et vous trouverez l’amour ».

Non, on nous ordonne de rentrer à l’intérieur de notre cœur, d’où la colère nous fait sortir si souvent.

Comme le dit le prophète :

-« Pécheurs, revenez à votre cœur » (Is 46,8).

Ce n’est pas dans les pays lointains qu’on trouve ce que le Seigneurdemande de nous ; il nous envoie à l’intérieur de nous-mêmes, dans notre cœur, car il a placé en nous ce qu’il nous demande.

La charité parfaite n’est autre que la bonne volonté de l’âme ; c’est à propos d’elle que les anges ont proclamé aux bergers :

-« Paix sur terre aux hommes de bonne volonté » (Lc 2,14 Vulg)…

Travaillons donc de toutes nos forces, avec l’aide de Dieu, à donner la première place dans notre âme à la bonté plutôt qu’au mal, la patienceplutôt que la colère, la bienveillance plutôt que l’envie, l’humilité plutôt que l’orgueil.

Bref, que la douceur de la charité prenne tellement possession de notre cœur qu’il n’y ait plus de place pour l’amertume de la haine.      

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