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21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 10:22

«B»  L'action directe des parents dépend de l'Age des enfants

 

(1) — Dans le premier âge, c’est à l'instinct seul qu'il faut s'adresser.

 

Les mauvaises   habitudes  étouffent la conscience morale.

 

Comment développer dès la petite enfance le ger­me de la conscience morale chez l'enfant ?

Le premier soin des parents doit être de ne pas laisser étouffer cette semence du bien par les mau­vaises habitudes qui développent et fixent les ins­tincts mauvais, et parallèlement, de développer l'instinct du bien par la formation des bonnes ha­bitudes.

 

L'âme de l'enfant est comme un champ fertile où pousse et croît tout ce qui se trouve, le bon et le mauvais grain. Le cultivateur a soin de favoriser la croissance du bon grain. Les parents doivent «cul­tiver» la conscience de leurs enfants.

 

Les bonnes habitudes précisent  et développent la conscience.

 

Il ne faut pas permettre à l'enfant, même quand il est tout petit, d'être exigeant, volontaire; de crier dès qu'on ne satisfait pas ses désirs capricieux, il suffit pour cela de ne pas céder à ses désirs quand ils commencent à se manifester capricieusement. Il faut avoir la patience de supporter parfois les cris d'un bébé. — Les cris qui ne proviennent pas d'une douleur physique, bien entendu, d'un malaise, d'un mauvais état de santé. Il faut toujours s'assurer de leur cause. Il s'agit des cris que lui fait pousser un mécontentement capricieux. On évite ainsi d'autres cris, et les colères qui ne manquent pas de se manifester chez les enfants «gâtés». On évite de le ren­dre impérieux, tyrannique.

 

Chacun peut expérimenter que le petit enfant, le bébé, peut être heureux et souriant (je parle du bébé bien portant) agréable à tous — aussi bien que mé­content «grincheux», exigeant, insupportable, selon les habitudes qu'on lui a fait prendre. Un bébé ha­bitué à n'être pas toujours porté gazouille, heureux dans son berceau; il y joue avec un hochet... ou avec ses pieds, et tend les bras à sa maman, riant de bonheur, quand elle se penche sur lui pour le pren­dre dans ses bras. Le bébé qu'on a habitué à être porté presque constamment ne songe qu'à crier pour qu'on le prenne dès que sa mère est obligée de le poser dans son berceau; il n'y est pas heureux; il n'y joue pas. Et quand on vient le prendre... pour ne plus l'entendre, c'est avec peine que sa colère s'apaise; il reste mécontent dans des bras lassés de le porter et dont il ne sent pas la douceur.

 

En lui laissant prendre de mauvaises habitudes, c'est-à-dire eu lui permettant de reproduire un ca­price, une exigence, un acte d'entêtement, on n'a pas fait autre chose que de laisser croître en lui ses mauvais instincts, ceux qui le portent vers la satis­faction de ses désirs, de ses passions naissantes, de son amour-propre. En lui faisant prendre des habi­tudes bonnes, au contraire, on a fait appel à son instinct du bien, on a commencé à former sa cons­cience.

 

Le même enfant peut se montrer entêté, « mauvaise tête », ou obéissant et docile suivant les personnes dont il dépend.

 

Chacun peut constater mieux encore: considérons l'enfant un peu plus grand, un enfant déjà «gâté» par certaines personnes. Nous le voyons insuppor­table quand il dépend de celles-là docile et char­mant quand il est sous la dépendance de personnes qui l'aiment sans le gâter.

 

C'est que, vis-à-vis des premières il se sent livré à lui-même. Instinctivement, suivant le penchant qui le porte à se satisfaire lui-même, suivant son amour-propre rapidement développé au régime des «en­fants gâtés», il use et abuse, il profite de la faiblesse de ses parents. Mais il n'en n'est pas plus heureux. Il a besoin des grandes personnes. En lui réside aussi l'instinct qui le porte à aimer ceux qu'il ad­mire; ceux qui lui apparaissent supérieurs à lui, plus grands que lui et un peu redoutables.C'est à ce titre qu'on dit justement: l'enfant n'aime vrai­ment que ceux qu'il craint. Oui, qu'il craint, mais qui lui inspirent confiance absolue, respect, admira­tion. Or l'enfant ne peut plus voir des êtres supé­rieurs en des parents qui loin de manifester une au­torité, de faire connaître leur volonté, provoquent les caprices de l'enfant pour le plaisir de les satis­faire, en lui demandant:«Veux-tu faire ceci ?... Aimes-tu cela?» et se livrent ainsi eux-mêmes à son autorité déraisonnable, bientôt despotique. L'enfant ne les admire plus; il perd confiance en eux; il les aime moins; car, obscurément, il leur en veut de lui «manquer», de l'abandonner à sa faiblesse.

 

C'est pourquoi, il est heureux de se retrouver en présence d'êtres forts qui l'aiment en le dominant, qui lui en imposent, et devant lesquels il renonce d'autant plus à ses entêtements, à ses caprices qu'il s'y livre davantage avec ceux qui le gâtent.

 

Une petite fille de deux ans pousse des cris qui émeuvent les voisins quand sa maman lui fait pren­dre un bain, le matin. La maman absente, le bain est donné par une personne de la famille, plus âgée que la jeune maman inexpérimentée. La petite fille s'y prête avec complaisance, s'amuse dans l'eau, attend patiemment qu'on la retire. Elle ne pousse pas un cri — si bien que les voisins demandent bientôt des nouvelles de la petite fille qui est partie avec sa maman.

 

L'enfant avait retrouvé l'application normale de la tendance qui pousse les êtres jeunes, les «petits» à se conformer aux désirs des grandes personnes quand elles leur apparaissent vraiment «grandes», fortes, supérieures à eux. Elle était contente d'obéir. Une expérience de ce genre, expérience qui nous fait connaître le même enfant si différent de lui-même suivant ses éducateurs, nous montre qu'il ne s'agit pas seulement, dans sa manière d'être, dans son caractère, de sa nature propre, mais bien de l'éducation qu'il reçoit, des habitudes que l'éduca­tion forme en lui. L'enfant est capricieux, facile­ment mécontent, irritable, insupportable aux autres quand on ne lui demande pas de se dominer, de se supporter lui-même. Il n'en est pas plus heureux. C'est donc son bonheur en même temps que son bien que l'on prépare en ne laissant pas se dévelop­per son égoïsme naturel, en s'attachant à lui don­ner de bonnes habitudes.

 

L'enfant doit être suivi dans le développement de son âme.

 

Les parents doivent suivre le développement de la petite âme de leur enfant comme ils suivent le déve­loppement de son corps. Comme ils connaissent bien vite le genre de maladie auquel il est le plus sujet, ils doivent connaître le penchant où se cana­lisent ses mauvais instincts. S'ils le connaissent, de même qu'ils s'efforcent d'éviter la maladie en la prévenant par des soins appropriés, ils peuvent aus­si retenir la manifestation d'un penchant mauvais, et par suite l'empêcher de se développer.

 

L'enfant, par exemple, comme nous l'avons vu, est facilement enclin à la colère. Il se montre sou­vent, tout jeune, exigeant, volontaire, irritable. Il se roule par terre, parfois, plutôt que d'avancer si cela ne lui plaît pas. Les désirs des autres lui importent peu. Son amour-propre se développe trop aux dépends des sentiments généreux et désintéressés. Plus tard, si l'on n'y veille, il ne supportera pas d'être contrarié, et, pour ne pas l'être, il ne se fera pas faute de contrarier les autres: il deviendra un petit despotePrévenez sa colère. Si vous la laissez se for­mer, il n'y a plus qu'à la laisser passer. C'est un orage dont vous n'avez plus qu'à éviter, autant que possible, les manifestations dangereuses. Mais une colère naissante est facile à dissiper. Le petite enfant est aisément «détendu» par une distraction opportune, un jeu qui l'amuse. Une gronderie affec­tueuse, tendre, l'émeut et le fait pleurer, c'est la pluie, l'orage est passé. Plus tard, quand l'intelli­gence de l'enfant est déjà développée et qu'il comprend la «laideur» d'un accès de colère, si un re­proche maladroit, un mot dur exaspère une colère naissante et la précipite, une plaisanterie affectueu­se et appropriée fait rire l'enfant de lui-même. La colère qui commençait à bouillonner s'affaisse, «tombe», comme «tombe» sous un souffle léger, le lait qui monte et va déborder.

 

La volonté des enfants doit être orientée non détruite.

 

Les enfants qui s'affirment ainsi seront plus tard des hommes... ou des femmes — d'énergie, de volonté — des «chefs». C'est aux éducateurs de veiller à ce qu'ils soient «des hommes de bonne volonté», de bons «meneurs» — en réprimant les manifesta­tions mauvaises de leur énergie sans entraver les autres.

 

Les favoriser, au contraire, les orienter vers le bien est un moyen de conserver une qualité précieu­se, tout en la détournant de ses applications au mal. Voici un enfant plus grand — six ou sept ans — jeune garçon «forte tête» qui cherche à soustraire à votre obéissance ses frères ou sœurs, à la maison; ses petits camarades, à l'école. Parents ou maîtres, confiez-les vous-mêmes à ses soins pour quelque en­treprise intéressante. Heureux, fier de votre con­fiance, il leur conseillera immédiatement l'obéissan­ce et leur en donnera désormais un constant exem­ple. Votre confiance «l'oblige» par ce qu'il ne veut pas être inférieur à qui la mérite; parce qu'il juge à ce moment qu'il doit êtrel'enfant raisonnable et de bonne volonté qu'elle suppose; par ce qu'elle lui donne le sentiment de sa responsabilité. Parce qu'elle s'adresse à sa conscience et que, sans y réfléchir encore, mais tout spontanément, il reconnaît la no­blesse de la conscience: «Noblesse oblige».

 

Le sens de la personnalité est une puissante « sauvegarde ». Il doit être développé chez les enfants trop « passifs ».

 

On comprend combien ce sentiment de fierté qui se rapporte non à des avantages physiques ni mê­me intellectuels, mais à sa qualité d'être moral, à sa petite personnalité d'être humain, combien ce sen­timent chez un enfant offre aux parents de ressour­ces pour l'éducation de sa conscience et quelle «sauvegarde» il est dans la vie.

 

Aussi est-il essentiel de le développer chez les en­fants qui, à l'inverse des premiers, n'opposent ja­mais leur petite personnalité à celle des autres, ne leur résistent jamais, acceptent passivement tout ce qu'ils leur imposent; qui sont avec tous d'une ex­trême timidité. Ceux-ci ne sont pas des volontaires. Ce sont généralement des enfants d'une excessive sensibilité qui se replient en eux-mêmes parce qu'ils redoutent par-dessus tout une «bourrade», un re­proche, un contact douloureux avec ceux qui les en­tourent. Aussi sont-ils d'une extrême réserve, d'une particulière timidité avec ceux qu'ils aiment le plus et dont le plus léger «froissement» les meurtrira.

 

Parents, si vous avez un enfant silencieux, par­fois «boudeur», un peu triste, ne vous manifestant pas son affection joyeusement  avec une exubérante confiance, comme ses frères et sœurs, ne pensez pas qu'il est indifférent, qu'il ne vous aime pas. Efforcez-vous de lui donner confiance en lui. Faites-lui dé­couvrir ses qualités en les reconnaissant vous-mê­mes et en les lui affirmant. Faites-lui sentir qu'il est comme les autres, un petit être, une petite per­sonne créée pour développer ses qualités, pour se développer elle-même, pour devenir un homme ou une femme de bien. Efforcez-vous d'accroître en lui le sentiment de sa personnalité.  

 

(A suivre)

 

[Extrait de : L’ÉVEIL de la CONSCIENCE.  Mme Laure Lefay-Alaux  (1939)]

 

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