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2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 07:35
« Le chemin, la vérité et la vie » (St Ambroise)

Par Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l'Église
Du bien de la mort, 12, 52-55; CSEL 32, 747-750 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 64)

« Le chemin, la vérité et la vie »


Avançons hardiment vers notre Rédempteur Jésus ; rejoignons hardiment l'assemblée des saints, le rassemblement des justes.

Car nous irons vers ceux qui sont nos frères, vers ceux qui nous ont instruits dans la foi...

Le Seigneur sera la lumière de tous, et cette « vraie lumière qui éclaire tout homme » (Jn 1,9) brillera pour tous.

Nous irons là où le Seigneur Jésus a préparé des demeures pour ses serviteurs, afin que là où il est, nous soyons nous aussi, car telle est sa volonté...

Et il nous dit ce qu'il veut :

« Je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous soyez vous aussi » (Jn 14,2-3)...

Il a montré le lieu et le chemin quand il a dit :

« Où je vais, vous le savez, et vous savez le chemin ».

Le lieu, c'est chez le Père ; le chemin, c'est le Christ, comme il l'a dit lui-même :

-« Moi je suis le chemin, la vérité et la vie.

Nul ne vient au Père que par moi ».

Entrons dans ce chemin, attachons-nous à la vérité, suivons la vie.

Le chemin est ce qui conduit, la vérité est ce qui affermit, la vie est ce qui se donne de soi-même.

Et pour que nous comprenions bien ce qu'il veut, il ajoute plus loin :

« Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, pour qu'ils contemplent ma gloire » (Jn 17,24).


Nous te suivons, Seigneur Jésus. Mais pour que nous te suivions, appelle-nous, parce que sans toi nul ne montera vers toi.

Car tu es le chemin, la vérité, la vie.

Tu es aussi notre secours, notre foi, notre récompense. Ceux qui sont à toi, accueille-les,-toi qui es le chemin ; fortifie-les, toi qui es la vérité ; vivifie-les, toi qui es la vie.


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29 avril 2015 3 29 /04 /avril /2015 20:52
« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais et elles me suivent » (St Cyrille d'Alexandrie)

Par Saint Cyrille d'Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l'Église .Commentaire sur l'évangile de Jean, 7, 10, 26 ; PG 74, 20 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 366 rev.)

« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais et elles me suivent »


La marque distinctive des brebis du Christ, c'est leur aptitude à écouter, à obéir, tandis que les brebis étrangères se distinguent par leur indocilité.

Nous comprenons le verbe « écouter » au sens de consentir à ce qui a été dit.

Et ceux-là qui l'écoutent sont connus de Dieu, car « être connu » signifie être uni à lui.

Il n'y a personne qui soit entièrement ignoré de Dieu. Donc, lorsque le Christ dit :

« Je connais mes brebis », il veut dire :

« Je les accueillerai et je les unirai à moi d'une façon mystique et permanente ».

On peut dire qu'en se faisant homme, il s'est apparenté à tous les hommes en prenant leur nature :

nous sommes tous unis au Christ en raison de son incarnation.

Mais ceux qui ne gardent pas la ressemblance avec la sainteté du Christ lui sont devenus étrangers...


« Mes brebis me suivent », dit encore le Christ.

En effet, par la grâce divine les croyants suivent les pas du Christ.

Ils n'obéissent pas aux préceptes de l'ancienne Loi, qui était une préfiguration, mais, en suivant par la grâce les préceptes du Christ, ils s'élèveront jusqu'à sa hauteur, conformément à leur vocation d'enfants de Dieu.

Quand le Christ monte au ciel, ils le suivent jusque-là.

« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais et elles me suivent » (St Cyrille d'Alexandrie)
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27 avril 2015 1 27 /04 /avril /2015 07:26
« Le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint »(St Césaire d'Arles)

Saint Césaire d'Arles (470-543), moine et évêque
Sermon 166 (trad. Riché, OC, p. 107 ; cf AELF)

« Le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint » (Rm 14,17)


Quelle est la vraie joie, frères, si ce n'est le Royaume des cieux ?

Et quel est le Royaume des cieux, si ce n'est le Christ notre Seigneur ?

Je sais que tous les hommes veulent avoir une vraie joie. Mais il s'abuse, celui qui veut être heureux des récoltes sans cultiver son champ ; il se trompe, celui qui veut récolter des fruits sans planter d'arbres.

On ne possède pas la vraie joie sans la justice et la paix.

A présent, en respectant la justice et en possédant la paix, nous peinons pendant un court délai comme penchés sur un bon travail.

Mais ensuite, nous nous réjouirons sans fin du fruit de ce travail.

Écoute l'apôtre Paul qui dit du Christ :

« Il est notre paix » (Ep 2,14).

Et le Seigneur, parlant à ses disciples, leur dit : « Je vous reverrai et votre cœur se réjouira, et votre joie, personne ne pourra vous la ravir ».

Qu'est-ce que cette joie que personne ne pourra vous ravir si ce n'est lui-même, votre Seigneur, que personne ne peut vous ravir ?

Examinez donc votre conscience, frères ; s'il y règne la justice, si vous voulez, désirez et souhaitez à tous la même chose qu'à vous-mêmes, si la paix est en vous, non seulement avec vos amis, mais également avec vos ennemis, sachez que le Royaume des cieux, c'est-à-dire le Christ Seigneur, demeure en vous.

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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 21:38
L'Église disséminée à travers le monde entier jusqu'aux extrémités de la terre (St Irénée)

Par Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr
Contre les hérésies, I, 10,1-3 ; PG 7, 550-554 (trad. cf Orval et bréviaire)

L'Église disséminée à travers le monde entier jusqu'aux extrémités de la terre a reçu des apôtres et de leurs disciples la foi en un seul Dieu,

Père tout-puissant « qui a fait le ciel, la terre, les mers et tout ce qu'ils renferment » (Ex 20,11 ;Ac 4,24) ; en un seul Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui s'est incarné pour notre salut ; et en l'Esprit Saint qui a annoncé par les prophètes les desseins de Dieu et la venue du bien-aimé Jésus Christ notre Seigneur, sa naissance de la Vierge, sa Passion, sa résurrection d'entre les morts, son ascension corporelle dans les cieux, ainsi que son avènement du haut des cieux dans la gloire du Père pour « rassembler et restaurer toute chose » (Ep 1,19) et ressusciter la chair du genre humain tout entier — afin que devant le Christ Jésus, notre Seigneur, notre Dieu, notre Sauveur et notre Roi, selon le bon plaisir du Père invisible, « tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, que toute langue le reconnaisse » (Ph 2,10-11) et qu'il rende un juste jugement sur toutes les créatures...


Cette prédication que l'Église a reçue, cette foi, elle la garde avec soin comme si elle habitait une seule maison ; bien qu'elle soit disséminée dans le monde entier, elle croit tout cela partout d'une manière identique, comme n'ayant « qu'une seule âme et qu'un même cœur » (Ac 4,32) ; elle la prêche, l'enseigne et la transmet d'une voix unanime, comme si elle n'avait qu'une seule bouche.

Les langues que l'on parle dans le monde sont diverses, mais la force de la tradition est une et la même.

Les Églises établies en Germanie ne croient pas ou n'enseignent pas autrement, ni celles des Ibères ou des Celtes, ni celles de l'Orient, d'Égypte ou de Lybie, ni celles qui sont fondées au centre du monde [la Terre Sainte].

De même que le soleil, cette créature de Dieu, est dans le monde entier unique et le même, ainsi la prédication de la vérité brille partout et illumine tous les hommes qui veulent « parvenir à la connaissance de la vérité » (1Tm 2,4).

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24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 14:24
Un seul pain, un seul corps (St Augustin)

Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église
Sermon 227, 4e pour le jour de Pâques ; aux nouveaux baptisés, sur le sacrement

Devenir un seul pain, un seul corps


Ce pain que vous voyez sur l'autel, consacré par la parole de Dieu, c'est le corps du Christ.

Ce calice consacré par la parole de Dieu, ou plutôt ce qu'il contient, c'est le sang du Christ.

Dans ces éléments, le Seigneur a voulu transmettre à notre vénération, à notre amour, son corps et son sang qu'il a répandu pour la rémission de nos péchés.

Si vous les avez reçus avec de bonnes dispositions, vous êtes ce que vous avez reçu.

L'apôtre Paul déclare :

-« Tous, nous ne sommes qu'un seul pain, un seul corps » (1Co 10,17)...


Ce pain vous rappelle combien vous devez aimer l'unité.

Ce pain a-t-il été fait d'un seul grain ?

N'y avait-il pas d'abord un grand nombre de grains de froment ?

Avant de prendre la forme du pain, ils étaient séparés.

C'est l'eau qui les a unis après qu'ils aient été broyés ; si le froment n'est pas d'abord moulu et s'il n'est pas imbibé d'eau, on ne peut pas lui donner la forme d'un pain.

De même, vous avez été comme broyés par l'humiliation des jeûnes et l'exorcisme des scrutins, puis l'eau du baptême est venue vous imprégner pour que vous puissiez prendre la forme du pain.

Mais on ne peut pas faire de pain sans feu.

Par quoi le feu est-il représenté ici ?

Par le saint chrême, car l'huile qui alimente notre feu, c'est le sacrement de l'Esprit Saint...; le jour de la Pentecôte, l'Esprit Saint s'est révélé sous la forme de langues de feu...

L'Esprit Saint vient donc ici comme le feu après l'eau, et vous devenez ce pain qui est le corps du Christ.

Ce sacrement est donc comme un symbole de l'unité.

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24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 07:07
« "Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement" (St Colomban)

Par Saint Colomban (563-615), moine, fondateur de monastères
Instruction 13, 1-2 ; PL 80, 254 (trad. Orval ; cf bréviaire 21e merc.)

« Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement »

Frères bien-aimés, si votre âme a soif de la source divine dont je vais vous parler, attisez cette soif et ne l'éteignez pas.

Buvez, mais ne soyez pas rassasiés.

Car la source vivante nous appelle et la fontaine de vie nous dit :

-« Que celui qui a soif vienne à moi et qu'il boive » (Jn 7,37)...


Voyez d'où jaillit cette source : elle vient du lieu d'où est descendu le Pain, car le Pain et la source sont un — le Fils unique, notre Dieu, Jésus Christ le Seigneur, dont nous devons toujours avoir soif.

Même si nous le mangeons et le dévorons par notre amour, notre désir nous donne encore soif de lui.

Comme l'eau d'une source, buvons-le sans cesse avec un immense amour, buvons-le avec toute notre avidité, et délectons-nous de sa douce saveur.

Car le Seigneur est doux et il est bon.

Que nous le mangions ou que nous le buvions, nous aurons toujours faim et soif de lui, car il est pour nous une nourriture et une boisson absolument inépuisables...

En effet il est la fontaine des assoiffés et non celle des satisfaits. Les assoiffés, qu'ailleurs il déclare bienheureux (Mt 5,6), il les invite : ceux qui n'en ont jamais assez de boire, mais qui ont d'autant plus soif qu'ils ont bu.


Frères, « la source de la sagesse, la Parole de Dieu dans les hauteurs » (Si 1,5), désirons-la, cherchons-la, aimons-la ; en elle sont cachés, comme dit l'apôtre Paul, « tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2,3)...

Si tu as soif, bois à la source de vie ; si tu as faim, mange le Pain de vie.

Heureux ceux qui ont faim de ce Pain et soif de cette source !...

Que c'est bon, ce que l'on peut continuellement goûter sans cesser de le désirer !

Le roi prophète David le dit :

« Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur » (Ps 33,9).

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22 avril 2015 3 22 /04 /avril /2015 07:47
« Que votre lumière brille devant les hommes » (Saint Chromace d'Aquilée)

Par Saint Chromace d'Aquilée (?-407), évêque
Homélies sur St. Matthieu, 5 (trad. bréviaire)

« Que votre lumière brille devant les hommes »


Le Seigneur avait appelé ses disciples « sel de la terre » parce qu'ils ont relevé par la saveur de la sagesse céleste les cœurs des hommes affadis par le démon.

Et maintenant il les appelle « lumière du monde » parce que, éclairés par lui, qui est la lumière éternelle et véritable, ils sont devenus à leur tour une lumière dans les ténèbres (Jn 1,5).

Parce qu'il est lui-même le « Soleil de justice » (Ml 3,20), il peut aussi appeler ses disciples « lumière du monde » ; c'est par eux, comme par des rayons étincelants, qu'il déverse la lumière de sa connaissance sur la terre entière.

En effet, ils ont chassé les ténèbres de l'erreur loin du cœur des hommes, en montrant la lumière de la vérité.

Éclairés par eux, nous aussi, de ténèbres que nous étions, nous sommes devenus lumière, comme dit saint Paul :

-« Autrefois, vous n'étiez que ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière. Vivez comme des fils de la lumière » (Ep 5,8).

Et encore :

-« Vous n'appartenez pas à la nuit, ni aux ténèbres; vous êtes des fils de la lumière, des fils du jour » (1Th 5,5).

Saint Jean a eu raison d'affirmer dans sa lettre : « Dieu est lumière » ; celui qui demeure en Dieu est dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière (1Jn 1,5-7).

Puisque nous avons la joie d'être libérés des ténèbres de l'erreur nous devons vivre dans la lumière, marcher dans la lumière comme des vrais enfants de la lumière.

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17 avril 2015 5 17 /04 /avril /2015 18:18
La puissance du Verbe-Dieu .  ' C'est vraiment lui le grand Prophète, celui qui vient dans le monde '(St Augustin)

Par Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église .Sermons sur l'évangile de Jean, n°24, 1.6.7 ; CCL 36, 244 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 272)

« A la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : ' C'est vraiment lui le grand Prophète, celui qui vient dans le monde ' »


Gouverner l'univers est en vérité un miracle plus grand que de rassasier cinq mille hommes avec cinq pains.

Personne toutefois ne s'en étonne, alors que l'on s'extasie devant un miracle de moindre importance parce qu'il sort de l'ordinaire.

Qui, en effet, nourrit aujourd'hui encore l'univers sinon celui qui, avec quelques grains, crée les moissons ?

Le Christ a donc fait ce que Dieu fait.

Usant de son pouvoir de multiplier les moissons a partir de quelques grains, il a multiplié cinq pains dans ses mains.

Car la puissance se trouvait entre les mains du Christ, et ces cinq pains étaient comme des semences que le Créateur de la terre multipliait sans même les confier à la terre.


Cette œuvre a donc été placée sous nos sens pour élever notre esprit...

Il nous est ainsi devenu possible d'admirer « le Dieu invisible en considérant ses œuvres visibles » (Rm 1,20).

Après avoir été éveillés à la foi et purifiés par elle, nous pouvons même désirer voir sans les yeux du corps l'Etre invisible que nous connaissons à partir du visible...

En effet, Jésus a fait ce miracle pour qu'il soit vu de ceux qui se trouvaient là, et ils l'ont mis par écrit pour que nous en ayons connaissance.

Ce que les yeux ont fait pour eux, la foi le fait pour nous.

Aussi bien, nous reconnaissons en notre âme ce que nos yeux n'ont pas pu voir et nous avons reçu un plus bel éloge, puisque c'est de nous qu'il a été dit :

-« Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20,29).

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16 avril 2015 4 16 /04 /avril /2015 09:23
LU DANS « LA VIE » . Article de PASCAL MAGUESYAN.

LU DANS « LA VIE » . Article de PASCAL MAGUESYAN.

Le pape François a proclamé docteur de l’Église le mystique du Xe siècle. Mille ans après sa mort, son œuvre reste au cœur de la littérature nationale.

C’est une bourgade agricole typique de cette Turquie orientale, à 2 km au sud du lac de Van. Ce village kurde et musulman se nomme Yemişlik. Autrefois, c’était Narek. C’était un village arménien. C’est là que vécut saint Grégoire, célèbre moine et prêtre arménien du Xe siècle, fantastique poète mystique, dont l’œuvre théologique, littéraire et spirituelle a traversé les siècles et les frontières.

Grégoire de Narek (fêté le deuxième samedi d’octobre dans l’Église apostolique arménienne, le 27 février dans l’Église catholique) est à présent le 36e docteur de l’Église. Cette proclamation effectuée par le pape François, dimanche 12 avril en la basilique Saint-Pierre de Rome, devant les fidèles de rite arménien, à l’occasion de la commémoration du centenaire du génocide des Arméniens, témoigne de la communion de l’Église catholique avec une civilisation chrétienne orientale décimée dans son berceau géographique. « Des 36 docteurs de l’Église, Grégoire de Narek est le deuxième Oriental (ne parlant ni grec ni latin et vivant hors des limites de l’Empire byzantin), après saint Éphrem de Nisibe. Il était très important, dans l’état actuel de cette prise de conscience hélas tardive pour les chrétiens d’Orient, que cette année-ci au moins, un autre Oriental devienne docteur de l’Église », souligne Jean-Pierre Mahé, membre de l’Institut et traducteur de l’œuvre de saint Grégoire.

Grégoire est né entre 940 et 950 et mourut entre 1003 et 1010.Figure volcanique de la mystique chrétienne de langue arménienne, il est l’auteur du mémorable Livre des Lamentations, appelé aussi Livre des Prières, devenu pour les Arméniens une sorte de texte sacré. « Livre le plus répandu après la Bible, poésie mêlant au repentir la consolation et l’espérance, cette suite de Paroles à Dieu des profondeurs du cœur (…), devenu au long des siècles le compagnon de tout Arménien lettré, a rejoint légitimement les chefs-d’œuvre de la littérature universelle. Quant au monastère de Narek, il est resté jusqu’au XXe siècle le lieu de rassemblement d’innombrables pèlerins » (Keram Kevonian, Union internationale des organisations Terre et Culture).

Le verbe de Grégoire est une inlassable quête du Verbe : « Rayon béni, soleil de justice, Désir ardent, figure de lumière, Insondable et très-haut, ineffable et puissant, / Allégresse du bien, vision de l’espérance, Dieu loué dans les cieux, glorieuse royauté, Christ qui nous créas, vie partout célébrée, / Daigne emplir à présent, de ta souveraine éloquence, Le défaut de ma voix, les multiples erreurs de ma misère : Présente mes prières en agréable offrande à la majesté de ton Père, (...) » (Prière 95, Trésor des fêtes, hymnes et odes de ­Grégoire de Narek, traduction et notes de Annie et Jean-Pierre Mahé, Peeters, 2014). Outre les 95 prières du Livre des lamentations, Grégoire est également l’auteur d’odes, d’hymnes, de panégyriques, de litanies et de méditations. C’est dans l’enceinte du monastère de Narek et dans une grotte toute proche où il pratiquait la « méditation solitaire » que Grégoire composa ses œuvres, « rassemblées, mises en forme, calligraphiées et copiées dans trois recueils sous l’autorité de son frère Jean, devenu abbé du monastère », précise Jean-Pierre Mahé.

Grégoire mourut à Narek et y fut inhumé peu de temps après l’achèvement du Livre des Lamentations. De ce grand monastère et scriptorium où l’on enseigna également les sciences, la philosophie et la musique, il ne reste rien. Le monastère a été pillé en 1895 pendant la période dite des massacres hamidiens ordonnés par le sultan Abdülhamid II. Lors du génocide en 1915, les 123 familles arméniennes du village ont été liquidées. Enfin, le monastère de Narek a été totalement rasé en 1951 sur ordre des autorités préfectorales. En lieu et place a été construite une mosquée.

Tout étranger qui passe aujourd’hui par Narek/Yemişlik est immédiatement suivi d’une nuée d’enfants qui n’ont que ces mots à la bouche : « Photo, photo ? » Ils savent bien ce qui attire les visiteurs : les ultimes pierres à croix encore visibles. Ici, une stèle funéraire au pied de l’escalier de la mosquée, là quelques pierres gravées dans l’entrepôt. C’est tout ce qu’il reste du vaste monastère de l’immense saint Grégoire. Les enfants rient mais ne savent rien, les anciens marmonnent parce qu’ils savent tout.



Grégoire de Narek : moine, poète et docteur de l'Eglise/Prière de St Grégoire de Narek à la Mère de Dieu

Prière de St Grégoire de Narek à la Mère de Dieu :

Que s’élève par moi ton honneur

Et mon salut éclatera par toi,

Si tu viens à me retrouver, Mère de Seigneur !

Si tu me prends en pitié, Vierge sainte,

Si tu changes en profit ma perte, Vierge immaculée,

Si tu guéris ma ruine, Vierge bienheureuse,

Si tu laisses avancer ma honte, Vierge pleine de grâces,

Si tu plaides mon désespoir, Vierge toujours pure,

Si tu me reçois sous le toit dont je fus chassé, Vierge honorée par Dieu,

Si tu m’entoures de ta piété, Vierge qui détruit la malédiction,

Si tu apaises ma tempête, Vierge du repos,

Si tu mets fin aux violentes tourmentes, Vierge pacifique,

Si tu répares mes erreurs, Vierge de louanges,

Si tu entres pour moi dans l’arène, Vierge qui repousses la mort,

Si tu changes en douceur mon âpreté, Vierge suave,

Si tu brises le mur qui me sépare, ô Vierge du pardon,

Si tu dissipes mes souillures, Vierge dont le pied écrase la corruption ;

Si tu m’ôtes au trépas, à quoi je suis livré, lumière vivante,

Si tu coupes le bruit de mes sanglots, Vierge d’allégresse,

Si tu me fortifies, lorsque je suis brisé, remède du salut,

Si tu considères ma ruine, temple de l’esprit,

Si tu viens vers moi avec compassion, Mère qui fus léguée

Et qui seule est bénie sur les lèvres sans tache dans la bouche des bienheureux.

Une goutte de lait de ta virginité

Rend vigueur à ma vie en pleuvant sur mon âme,

Ô Mère du Très-Haut, du Seigneur Jésus,

Créateur du ciel et de la terre entière,

Que tu as mis au monde, inexprimablement, avec une vraie chair, une divinité sans faille,

Gloire à lui, comme au Père, et avec l’Esprit Saint,

Dans son essence et dans notre nature, qu’il réunit indescriptiblement,

Tout dans le tout, Un de la Trinité,

Loué soit-il dans les siècles des siècles,

Amen.

Saint Grégoire de Narek (XI° siècle)

(Source/ Marie de Nazareth. Traduction par Annie et Jean-Pierre Mahé, Ed. Peeters, 2007; p. 372 §3)

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14 avril 2015 2 14 /04 /avril /2015 07:44
Homélie attribuée à saint Macaire d'Égypte (?-390), moine  Homélies spirituelles (trad. Deseille, S0 40, Bellefontaine 1984, p.114)

Homélie attribuée à saint Macaire d'Égypte (?-390), moine Homélies spirituelles (trad. Deseille, S0 40, Bellefontaine 1984, p.114)


Nous livrer à lui totalement


Comment est-il possible que, malgré de tels encouragements et de telles promesses de la part du Seigneur, nous refusions de nous livrer à lui totalement et sans réserve, de renoncer à toutes choses et même à notre propre vie, conformément à l'Evangile (Lc 14,26), pour n'aimer que lui seul, et rien d'autre avec lui ?

Considère tout ce qui a été fait pour nous : quelle gloire nous a été donnée, que de dispositions en vue de l'histoire du salut faites par le Seigneur depuis les pères et les prophètes, que de promesses, que d'exhortations, quelle compassion de la part du Maître dès les origines !

A la fin, il a manifesté son indicible bienveillance envers nous en venant demeurer lui-même avec nous et en mourant sur la croix pour nous convertir et nous ramener à la vie.

Et nous, nous ne laissons pas de côté nos volontés propres, notre amour du monde, nos prédispositions et nos habitudes mauvaises, apparaissant en cela comme des hommes de peu de foi, ou même sans foi aucune.

Et cependant, vois comment, malgré tout cela, Dieu se montre plein d'une douce bonté.

Il nous protège et nous soigne invisiblement ; malgré nos fautes, il ne nous livre pas définitivement à la méchanceté et aux illusions du monde ; dans sa grande patience, il nous empêche de périr et guette de loin le moment où nous nous tournerons vers lui.

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