Premier Novembre:
*10h30, Messe (St Qurbana) présidé par le Métropolite. Prières à St Gregorios.13h Repas fraternel entre le clergé et les fidèles.De 15h à 19h, réception des fidèles par le clergé *.20h30 Southoro (Office de Protection / Complies).
Deux Novembre:
*10h30, Messe (St Qurbana) . Prières à St Gregorios suivie de la commémoraison des fidèles défunts lors du "bref Service Syriaque de prières pour les défunts".13h30, Repas fraternel entre le clergé et les fidèles.De 15h à 19h, réception des fidèles par le clergé *. 20h30 Southoro (Office de Protection / Complies).
Inscriptions:
Monastère Syriaque de la Bse Vierge Marie, Mère de Miséricorde,
Brévilly,
61300 CHANDAI (France)
Tel: 02.33.24.79.58
Courriel: asstradsyrfr@laposte.net
*Pour confessions,accompagnements spirituels,prières de délivrances ou d'exorcismes, prières de guérisons intérieures, etc...
Lettre aux Hébreux 7,23-27.
Mes frères, il y eut plusieurs prêtres, parce que la mort les empêchait de l'être toujours.
Jésus, au contraire, parce qu'il demeure éternellement, possède un sacerdoce qui ne se transmet point.
De là vient aussi qu'il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, puisqu'il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur.
Tel est, en effet, le grand prêtre qu'il nous fallait, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et élevé au-dessus des cieux ;
qui n'a pas besoin, comme les grands prêtres, d'offrir chaque jour des sacrifices d'abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, — car ceci, il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 24,42-47.
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre maître viendra.
Sachez-le bien, si le maître de maison savait à quelle veille le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi, car c'est à l'heure que vous ne pensez pas que le Fils de l'homme viendra.
Quelqu'un donc est-il le serviteur fidèle et prudent que le maître a établi sur les gens de sa maison pour leur donner la nourriture en temps voulu,
heureux ce serviteur que son maître, à son arrivée, trouvera agissant ainsi !
En vérité, je vous le dis, il l'établira sur tous ses biens.
Par la Bienheureuse Teresa de Calcutta
(1910-1997), fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité
Jesus, The Word to be spoken, ch. 10 (trad. Jésus, celui qu'on invoque, Nouvelle Cité 1988, p. 130)
S'il nous arrive parfois d'avoir l'impression que le Maître est parti, n'est-ce pas parce que je me suis éloignée de l'une ou l'autre sœur ?
Il est une chose qui nous assurera toujours le ciel :
les actes de charité et la gentillesse dont nous aurons rempli notre vie.
Nous ne saurons jamais quel bien peut provoquer un simple sourire.
Nous disons aux hommes combien Dieu est grand, compréhensif, indulgent :
en sommes-nous la preuve vivante ?
Peuvent-ils réellement se rendre compte que cette grandeur, cette compréhension, cette indulgence vivent en nous ?
La bible est pleine de mots qui ne m’inspiraient guère. Des histoires compliquées, d’un temps bien révolu. D’étranges personnages, des rythmes, des saisons qu’on ne comprenait pas. Les mots, l’un après l’autre, fixés là sur la page, monotones, distants. On m’avait pourtant dit qu’ils avaient le pouvoir de redonner la vie à l’homme désemparé. J’avais croisé des sages inspirés qui connaissaient par cœur et citaient sans s’arrêter des colonnes tout entières du livre poussiéreux parqué sur l’étagère.
Mais je ne savais pas que les mots prennent vie en devenant parole. J’ignorais que les pages racontaient une histoire, l’histoire que je vis, sans encore la comprendre. Des mots, redécouverts, qu’on est allé chercher au fond de son angoisse, au sommet de la joie. Des mots, banals et simples, qui dénichent à grand peine là où le Dieu caché se montre ou se devine, mêlé à nos destins. Alors moi aussi, j’ai mis ma vie en mots. J’ai osé formuler mes révoltes secrètes, j’ai retrouvé les lettres qui collent à ma chair. La passion fracassante, le bonheur imprévu, la trahison, le deuil, la fatigue d’aimer. Et ces mots, doucement, se sont mis à danser. Ils rejoignaient les mots consignés dans le Livre, ils chantaient avec eux. Bientôt, je trouvais dans la Bible les mots qui me manquaient. Comme le parfum unique que l’ on cherche longtemps pour épouser sa peau. Ils ne trahissent rien, ils disent seulement, que Christ me libère, m’apprenant à parler.
(Source:Signe dans la Bible)
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DU BONHEUR DE LA VIE ETERNELLE ET DE LA PAUVRETE DE LA VIE PRESENTE
(St Jean Chrysostome)
Cette homélie qui a été certainement prononcée à Antioche, quoiqu'on ignore en quelle année, roule sur différents objets de morale.
L'orateur, après avoir loué ceux qui l'écoutent pour leur zèle à venir entendre la parole sainte, montre :
1° en quoi consistent la vraie grandeur et la vraie principauté.
2° Combien les avantages spirituels l'emportent sur les avantages temporels.
3° Quelle est la différence de la vie présente et de la vie future.
4° Enfin (et c'est l'article sur lequel il s'étend davantage), comment Jésus-Christ nous a rendu faciles les préceptes les plus sublimes , en les pratiquant lui-même, et en nous mettant sous les yeux les prix et les récompenses.
5° et 6° Exhortation.
1. La chaleur est excessive, les rayons du soleil sont brûlants; mais votre ardeur à entendre nos instructions n'en est pas ralentie. Tel est l'auditeur vigilant et attentif; fortifié par son amour pour la parole sainte, il supporte tout aisément pour satisfaire cette passion noble et spirituelle. Rien n'est capable de l'arrêter ni les excès de la chaleur, ni les embarras des affaires, ni tous les soins de la vie présente; tandis que l'auditeur négligent et lâche ne peut être animé ni par la douceur de la température, ni par la tranquillité du loisir, ni par la sécurité d'un état paisible. Vous, mes frères, vous êtes bien différents. Aussi je vous préfère à tous les habitants d'Antioche; je vous regarde comme la partie principale de cette ville célèbre : votre ardeur et votre vigilance sont toujours les mêmes, et vous suivez attentivement toutes nos instructions. Ce temple est pour moi plus auguste que les palais des princes. Les faveurs qu'on accorde dans ces palais, quelles qu'elles puissent être, se terminent avec la vie , elles sont sujettes à mille révolutions. Ici, au contraire, on jouit de la plus grande sûreté; les honneurs sont à l'abri de tout changement , les pouvoirs ne finissent jamais, et loin d'être interrompus par le trépas, c'est alors qu'ils sont plus assurés.
Ne me parlez point d'un homme porté sur un char magnifique, avec une contenance fière, environné de gardes, et précédé d'un héraut dont la voix le proclame et l'annonce : ce n'est pas à ces marques que je reconnais le prince, mais à l'état de son âme. S'il commande à ses passions , s'il triomphe de ses vices, s'il se rend maître de sa cupidité, s'il règle ses désirs, s'il n'est pas consumé par l'envie, s'il n'est pas entraîné par la folle passion d'une vaine gloire, s'il ne redoute pas la pauvreté, s'il n'appréhende pas de revers fâcheux, si cette appréhension ne le glace pas d'épouvante : c'est à ces marques que je reconnais le prince, c'est là la vraie principauté. Si, commandant aux hommes, il obéit à ses passions, je prétends qu'il est le plus esclave de tous les esclaves. Et comme celui qui est dévoré par une fièvre intérieure, quoique rien ne paraisse au dehors, et que la plupart ne s'en aperçoivent pas, est déclaré par les médecins attaqué d'une fièvre dangereuse; de même celui dont l'âme est asservie à ses passions, quoique tout au dehors annonce le contraire, je le déclare esclave, parce qu'il est dominé intérieurement par la tyrannie de ses mauvais désirs ; je le déclare malade, parce qu'il est brûlé intérieurement par la fièvre des vices. Celui qui a secoué le joug des passions, que ses mauvais désirs ne dominent pas, qui n'éprouve pas une crainte déraisonnable de la pauvreté, de l'infamie, de tout ce qu'on regarde comme triste dans le monde, fût-il revêtu de haillons, habitât-il une prison, fût-il chargé de chaînes, est à mes yeux le plus libre de tous les hommes libres, le plus prince de tous les princes. Les pouvoirs de cet empire ne s'achètent pas à prix d'or : ils ne sont exposés ni aux invectives d'un accusateur, ni aux attaques de l'envie, ni aux artifices de l'intrigue. Placés comme dans l'asile inviolable d'une philosophie sainte, ils sont stables et permanents, ne cèdent à aucune révolution, ni à la mort même. C'est ce qu'attestent les martyrs, dont les corps sont réduits en cendre, et dont le pouvoir augmente tous les jours, chasse les démons, dissipe les maladies, excite le zèle des villes, appelle ici les peuples. Ce pouvoir a une telle force, même après la mort des saints, que tous accourent en foule, non contraints par la nécessité , mais entraînés par une ardeur que le temps ne peut ralentir.
2. Vous le voyez, ce n'est pas à tort que j'ai annoncé ce temple comme plus auguste que les palais des princes. Les faveurs qu'on obtient dans ces palais ressemblent aux feuilles qui sèchent et aux ombres qui passent : les grâces qu'on reçoit ici sont plus fermes que le diamant, puisqu'elles sont immortelles, immuables, qu'elles ne cèdent à aucune révolution, qu'elles viennent d'elles-mêmes à ceux qui les désirent, qu'elles ne sont pas sujettes à être disputées, ni attaquées en justice, ni calomniées. Les avantages temporels trouvent une foule d'envieux; plus les avantages spirituels s'étendent sur un grand nombre de personnes, plus ils se multiplient et deviennent précieux. Vous pouvez vous en convaincre parle discours même que je vous adresse. Si je l'avais retenu au dedans de moi-même, je n'en aurais été que plus pauvre; en le répandant sur tous ceux qui m'écoutent, comme une bonne semence dans une bonne terre, je multiplie mes biens, j'augmente mes richesses , en même temps que je vous rends plus riches : cette profusion m'enrichit loin de m'appauvrir. C'est tout le contraire pour l'or : si j'en ai une grande quantité en réserve, et que je veuille en faire part à tous, ce partage diminuera ma possession, et je ne conserverai plus mon ancienne opulence.
3. Puis donc que les avantages spirituels ont une si grande supériorité, puisqu'ils se communiquent si facilement à tous ceux qui veulent les recevoir, recherchons-les avec ardeur, cessons de poursuivre des ombres, des précipices, des écueils. C'est afin d'augmenter notre ardeur pour les avantages spirituels que Dieu a fait les avantages temporels de nature à expirer avant la mort de celui qui les possède. Je m'explique. Ce n'est pas lorsque l'homme meurt que ces avantages meurent avec lui; mais ils se flétrissent et disparaissent entièrement lorsqu'il vit encore, afin que l'expérience lui apprenne que, par leur nature, ils sont plus fragiles que le verre, plus fugitifs que l'ombre, et que cette connaissance le guérisse de la fureur qui lui fait désirer et embrasser des objets qui lui échappent. Par exemple, les richesses abandonnent souvent le riche avant sa mort. La jeunesse n'attend point notre trépas, elle nous quitte au milieu de la route pour faire place à la triste vieillesse. La beauté expire du vivant même de la femme qui en est si fière, et à ses traits agréables succèdent des traits difformes. Il en est de même de la gloire, de la puissance, des honneurs, qui sont passagers, et plus mortels que les hommes qui les possèdent. On voit périr tous les jours des biens présents comme on voit mourir des corps. Or, cela arrive afin que nous nous attachions uniquement aux biens futurs, que nous soupirions après leur jouissance, et que, marchant sur la terre, nous vivions dans le ciel par le désir.
Dieu a fait deux vies différentes entre elles, l'une présente, l'autre future; l'une visible, l'autre invisible ; l'une sensible, l'autre spirituelle; l'une dont on jouit réellement, l'autre dont on ne jouit que par la foi ; l'une qui est entre nos mains , l'autre qui n'est qu'en espérance; l'une est la carrière, l'autre le prix; il a donné à l'une les combats et les travaux, il a réservé pour l'autre les couronnes et les récompenses; l'une est la mer, l'autre le port; l'une est courte, l'autre immortelle. Ainsi , comme beaucoup d'hommes préféraient les (156) choses sensibles aux choses spirituelles, il a rendu celles-là fragiles et passagères, afin de nous éloigner des choses présentes et de nous attacher fortement à l'amour des biens futurs. Ensuite, comme les choses invisibles et spirituelles n'existaient que par la foi et en espérance , que fait- il? Se revêtant de notre chair , et accomplissant ses desseins admirables, il paraît dans le monde, nous met sous les yeux les choses futures, et par là confirme dans la foi les esprits les plus grossiers. En effet, comme il nous apportait une vie angélique, qu'il faisait le ciel de la terre, qu'il donnait des préceptes qui devaient égaler aux puissances incorporelles ceux qui les pratiqueraient, que des hommes il faisait des anges, qu'il les appelait à des espérances célestes, qu'il multipliait leurs combats, qu'il leur ordonnait de prendre un essor plus sublime, de s'élever jusqu'au plus haut des cieux, de s'armer et de combattre contre toute la troupe des esprits impurs, d'étouffer le tumulte des passions , de porter un corps et de le mortifier, d'être revêtu d'une chair et d'être l'égal des puissances spirituelles comme il donnait, dis-je, ces préceptes, que fait-il? comment rend-il le combat plus aisé? Ou plutôt, si vous le trouvez bon, parlons d'abord de la grandeur des préceptes; voyons comment il nous fait prendre notre essor en haut, comment il nous a ordonné presque de nous dépouiller de la nature humaine pour nous transporter dans le ciel.
4. La loi ordonnait de prendre oeil pour oeil. Si quelqu'un, dit Jésus-Christ, vous frappe sur la joue droite, présentez-lui la gauche. (Matth. V, 39.) Il ne nous dit pas seulement: Supportez l'injure avec douceur et avec courage; mais Que votre modération aille plus loin, préparez-vous à souffrir plus encore qu'on ne veut vous faire souffrir, opposez un excès de modération à un excès d'injure, afin que celui qui vous insulte, respectant votre extrême douceur, soit touché et se retire.Priez, dit le même Jésus, pour ceux qui vous calomnient, priez pour vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. (Matth. V, 44.) Et lorsqu'il conseille la virginité : Que celui, dit-il, qui peut comprendre ceci, le comprenne. (Matth.XIX , 12.) Comme après la désobéissance d'Adam, la virginité s'était enfuie du paradis terrestre, et avait quitté le monde où nous vivons, Jésus-Christ l'a ramenée, après un long bannissement, dans son ancienne patrie, dont elle était exilée. Dès son entrée dans le monde, honorant la virginité et changeant les lois de la nature, il est né d'une femme qui est demeurée vierge en devenant sa mère. Ainsi , comme en venant sur la terre il nous donnait ces préceptes et qu'il rendait notre vie sublime, il nous offrait une récompense qui répondait à nos travaux, qui même leur était bien supérieure. Mais cette récompense-là même était invisible, elle n'existait qu'en espérance, par la foi, et dans l'attente des choses futures. Puis donc que les préceptes étaient relevés et pénibles , que les prix et les couronnes n'existaient que par la foi , voyez comment il procède, comment il rend la lutte aisée et les combats faciles.
5. Comment procède-t-il donc ? Il emploie deux moyens. Le premier, c'est de pratiquer lui-même ce qu'il ordonne; le second, c'est de nous montrer lui-même les récompenses et de nous les mettre sous les yeux. Dans ses paroles il offre le précepte et la récompense. Voici le précepte : Priez pour ceux qui vous calomnient et qui vous persécutent; voici la récompense : afin, que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux. (Matth. V, 44 et 45.) Et encore :Vous êtes heureux lorsque les hommes vous chargeront de malédictions, qu'ils vous persécuteront, qu'ils diront faussement toute sorte de mal contre vous. Réjouissez-vous alors et tressaillez de joie, parce qu'une grande récompense vous est réservée dans les cieux. (Matth. V, 11 et 12.) Vous voyez encore ici le précepte et la récompense. Il ordonne le travail, et il prépare lui-même le salaire. Celui, dit-il encore, qui abandonnera sa maison, ses frères et ses sœurs, voilà le précepte , recevra le centuple et possédera la vie éternelle (Matth. XIX, 29), voilà le prix et la couronne. Ainsi, je lé répète, comme les préceptes étaient relevés, et que les récompenses n'étaient pas visibles , que fait-il ? Il nous montre lui-même les préceptes en exécution, et il nous met les couronnes sous les ,yeux. Et comme celui à qui on ordonne de marcher dans une route non battue, s'il voit quelqu'un marcher devant lui, entreprend plus aisément la chose et l'exécute avec plus d'ardeur : de même, dans les préceptes, quand nous nous voyons précédés, nous marchons facilement. Afin donc que notre faiblesse suivît avec moins de peine, Jésus-Christ, se revêtant de notre (157) chair et de notre nature, a marché lui-même dans la route, et nous a montré les préceptes en exécution. Ce précepte : Si quelqu'un vous frappe sur la joue droite, présentez-lui la gauche, il l'a exécuté lui-même, quand il fut frappé par un serviteur du grand prêtre. Sans entreprendre de se venger, il se contenta de répondre avec douceur : Si j'ai mal parlé, faites voir le mal que j'ai dit; si j'ai bien parlé , pourquoi me frappez-vous ? (Jean, XVIII, 23.) Vous voyez une patience incroyable, une humilité merveilleuse. Il était frappé non par un homme libre, mais par un vil et méprisable esclave; et il répond avec une modération extrême. C'est ainsi que son Père disait aux Juifs: Mon peuple, que vous ai-je fait? en quoi vous ai-je affligé? quelle peine vous ai-je causée?répondez-moi. (Mich. VI, 3.) Jésus-Christ dit lui-même . Faites voir le mal que j'ai pu dire. Son Père avait dit : Répondez-moi. Jésus-Christ dit lui-même: Pourquoi me frappez-vous? Son Père avait dit : En quoi vous ai-je affligé? quelle peine vous ai-je causée? Et lorsqu'il enseigne la pauvreté, voyez comme il la montre lui-même dans sa personne : Les renards, dit-il, ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête. (Matth. VIII, 20.) Vous voyez son extrême pauvreté : il n'avait ni maison, ni table, ni siège, rien en un mot. Il nous enseignait à écouter patiemment les injures; et il nous a donné l'exemple de cette patience. Lorsque les Juifs l'appelaient possédé du démon et samaritain, il pouvait les punir de leur insolence et les faire périr; mais il ne leur faisait que du bien, il chassait leurs démons. Priez pour ceux qui vous calomnient, nous dit-il; et il l'a fait sur la croix. Lorsque les Juifs l'eurent crucifié, il disait à son Père du haut de la croix où ils l'avaient attaché : Pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. Il faisait cette prière, non qu'il ne pût leur pardonner lui-même, mais il voulait nous apprendre à prier pour nos ennemis. Comme il voulait nous instruire par des actions, encore plus que par des paroles, voilà pourquoi il a ajouté une prière. Que les hérétiques n'abusent donc point de paroles qui annoncent sa bonté pour le taxer de faiblesse; car c'est le même qui a dit: Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés. (Matth. IX, 6.) Mais comme il voulait nous instruire, je le répète, et que celui qui instruit offre son propre exemple sans se borner à des discours, c'est pour cela qu'il a ajouté une prière. C'est ainsi qu'il a lavé les pieds de ses disciples, non qu'il fût moindre qu'aucun d'eux, mais quoiqu'il fût leur Seigneur et leur Maître; il s'est abaissé à cette humble fonction, afin de leur enseigner l'humilité. C'est pour cela encore qu'il leur disait : Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur. (Matth. XI, 29.)
6. Voyons maintenant comment ce même Dieu nous offre et nous met sous les yeux les prix et les récompenses. Il nous a promis la résurrection des corps, l'incorruptibilité, l'enlèvement au milieu des nues et des airs pour aller au-devant de lui; et c'est ce qu'il nous a montré par des effets. Comment cela ? Il est ressuscité après sa mort, et il a conversé pendant quarante jours avec ses disciples, afin qu'ils fussent bien assurés quels doivent être nos corps après la résurrection. Il nous dit parla bouche de son Apôtre : Nous serons enlevés dans les nues pour aller à la rencontre du Seigneur au milieu des airs (I Thess. IV, 16) ; et c'est ce qu'il nous a encore montré dans sa personne. Lorsqu'après sa résurrection il devait monter dans le ciel, il s'éleva, en présence de ses disciples, et il entra dans une nuée qui le déroba à leurs yeux; les disciples étaient frappés d'étonnement en le voyant monter dans le ciel. (Act. I, 9.) Notre corps, comme tiré de la même masse que celui de Jésus-Christ, participera à la même gloire; les membres seront tels que la tête, et la fin telle que le commencement. C'est ce que saint Paul exprime plus clairement par ces mots : Il transformera notre corps, tout vil et abject qu'il est, afin de le rendre conforme à son corps glorieux. (Philip. III, 21.) Or, s'il est conforme à celui de Jésus-Christ , il prendra la même route , et il s'élèvera de même dans les nues. Attendez-vous donc aussi au même avantage dans la résurrection. Comme le nom de royaume céleste était obscur pour ceux à qui on le prononçait, c'est pour cela que Jésus-Christ, se transportant sur une montagne, se transfigura en présence de ses disciples, qu'il leur fit voir un échantillon de la gloire future, et comme une image imparfaite de ce que seraient un jour nos corps. Dans sa transfiguration, il se montra avec ses habits, ce qui ne sera pas dans la résurrection de nos corps. Ils n'auront besoin ni de vêtement, ni de toit, ni d'abri, en un mot, (158) d'aucune des commodités que nous leur procurons. En effet, si, avant son péché, Adam ne rougissait pas d'être nu, parce qu'il était revêtu de gloire; à plus forte raison nos corps n'auront-ils besoin de rien lorsqu'ils seront élevés à un état beaucoup plus parfait. Aussi Jésus-Christ en ressuscitant a-t-il laissé ses habits dans le tombeau, et a-t-il élevé dans les cieux son corps qui n'était revêtu que d'une gloire ineffable, et d'une splendeur immortelle.
Pénétrés de ces idées, mes très-chers frères, instruits par les oreilles et par les peux, par ce qu'on nous a dit et par ce que nous avons vu, menons une telle vie sur la terre, que, transportés un jour dans les nues, nous vivions éternellement avec Jésus-Christ, sauvés par sa grâce et jouissant des biens futurs. Puissions-nous tous obtenir ces avantages en Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec qui soient, au Père et à l'Esprit-Saint, la gloire, l'honneur, l'empire, l'adoration, maintenant et toujours, dans tous les siècles des siècles. Amen.
1 Traduction d'Auger, revue.
Par Benoît XVI , Paope de Rome:
La figure de Saint Ephrem, lyre du Saint Esprit
La figure d'Ephrem est encore pleinement actuelle pour la vie des différentes Eglises chrétiennes.
Nous le découvrons tout d'abord comme théologien, qui à partir de l'Ecriture Sainte réfléchit poétiquement sur le
mystère de la rédemption de l'homme opérée par le Christ, le Verbe de Dieu incarné.
Sa réflexion est une réflexion théologique exprimée par des images et des symboles tirés de la nature, de la vie quotidienne et de la Bible.
Ephrem confère un caractère didactique et catéchistique à la poésie et aux hymnes pour la liturgie ; il
s'agit d'hymnes théologiques et, dans le même temps, adaptés à la récitation ou au chant liturgique.
Ephrem se sert de ces hymnes pour diffuser, à l'occasion des fêtes liturgiques, la doctrine de l'Eglise.
Au fil du temps, ils se sont révélé un moyen de catéchèse extrêmement efficace pour la communauté chrétienne.
La réflexion d'Ephrem sur le thème de Dieu créateur est importante : rien n'est isolé dans la création, et
le monde est, à côté de l'Ecriture Sainte, une Bible de Dieu.
En utilisant de manière erronée sa liberté, l'homme
renverse l'ordre de l'univers.
Pour Ephrem, le rôle de la femme est important. La façon dont il en parle est toujours inspirée par la sensibilité et le respect : la demeure de Jésus dans le sein de Marie a grandement élevé la
dignité de la femme.
Pour Ephrem, de même qu'il n'y a pas de Rédemption sans Jésus, il n'y a pas d'incarnation sans Marie.
Les dimensions divines et humaines du mystère de notre rédemption se trouvent déjà dans les textes
d'Ephrem ; de manière poétique et avec des images fondamentalement tirées des Ecritures, il anticipe le cadre
théologique et, d'une certaine manière, le langage même des grandes définitions christologiques des Conciles du
Vème siècle.
Ephrem, honoré par la tradition chrétienne sous le titre de « lyre de l'Esprit Saint », resta diacre de son Eglise, toute sa vie.
Ce fut un choix décisif et emblématique :
il fut diacre, c'est-à-dire serviteur, que ce soit dans
le ministère liturgique, ou, plus radicalement, dans l'amour pour le Christ, qu'il chanta de manière inégalable, ou
encore, dans la charité envers ses frères, qu'il introduisit avec une rare habileté dans la connaissance de la
Révélation divine.