UNE APPARITION DE "MARIE MEDIATRICE", RECONNUE PAR L'EGLISE Romaine?...
NOTRE-DAME DE LIPA
L’archevêque de Lipa (Philippines), Mgr Ramon Cabrera Argüelles, a officiellement reconnu, samedi 12 septembre 2015, les apparitions de la Vierge Marie à la jeune religieuse Teresita Castillo, en 1948 au carmel de cette ville au sud de Manille.
« Les événements et apparitions de 1948, aussi connus comme le phénomène marial de Lipa, et leurs conséquences, même dans les temps récents, présentent réellement un caractère surnaturel et sont dignes de foi », affirme l’archevêque dans son décret.
Du 12 septembre au 12 novembre 1948, la Vierge est apparue à une dizaine de reprises à Teresita Castillo, une novice carmélite de 21 ans, en se présentant comme « Marie Médiatrice de toutes grâces ».
L’idée que Marie soit médiatrice est critiquée jusque dans l’Église catholique.Nos frères séparés de confession "réformée" font ressortir que Seul le Christ est , au sens strict, Médiateur entre nous et le Père. Ils ont raison sur ce point. Il n'empèche qu'on peut reconnaître sans difficulté à la "Theotoxos" (Mère du Verbe-Dieu qui s'incarne en elle) une médiation maternelle.
Le décret de Mgr Cabrera Argüelles rappel toutefois que ce titre trouve échos dans les écrits de deux Saints Catholiques Romains : saint Louis-Marie Grignion de Montfort et saint Alphonse-Marie de Liguori, et qu’elle a été défendue, au XXe siècle, par le cardinal Mercier, archevêque de Malines-Bruxelles.
Selon la presse philippine, Mgr Argüelles a reconnu les apparitions de Lipa après avoir obtenu l’aval de la Congrégation romaine pour le culte divin et la discipline des sacrements.
VOICI POUR COMPRENDRE LA POSITION DE L'EGLISE ROMAINE, LE SERMON D'UN PRÊTRE:
Chers frères et sœurs,
tous, une fois ou l’autre, nous avons été étonnés par une appellation que Jésus emploie en s’adressant à Marie, sa Mère Bien-Aimée.
Il l’a prononcée une 1ère fois à l’occasion des Noces de Cana :
« Femme que me veux-tu ? »,
mais Il l’a prononcée et encore plus solennellement une 2ème fois, lorsque son heure étant venue, Il agonisait sur la Croix, offrant à son Père, son Sacrifice d’Amour pour le salut des hommes :
« Femme voici ton Fils ».
Ce mot « Femme » qui chez nous, serait considéré plutôt comme méprisant, ne l’était pas chez les Juifs.
Dans la bouche de Jésus, il évoque même un des plus beaux aspects du Mystère de Marie :
Marie est la Femme Idéale, la Femme par Excellence.
« Tu es bénie entre toutes les femmes »,
lui disons-nous si souvent dans le « Je vous salue ».
Et si nous pouvons l’exalter de la sorte, c’est parce qu’avec Elle, nous sommes en présence du Mystère de la Femme, en ce qu’il a de plus profond.
Plusieurs passages de la Bible et notamment les premiers chapitres de la Genèse nous révèlent (pour peu que nous soyons attentifs), ce qui caractérise la Femme dans la pensée de Dieu : aux yeux du Créateur, la Femme est avant tout une Médiatrice d’Amour.
C’est là, avant tout, son rôle d’Epouse, son rôle d’Associée de l’homme.
Si, Elle est plus faible que lui, plus vulnérable, c’est pour pouvoir aimer plus.
Si, Elle reçoit moins de puissance, c’est pour pouvoir exercer une douce autorité d’amour.
Or, cette Médiation d’Amour, lorsqu’il s’agit de Marie, acquiert une dimension incroyable, disons même, qu’elle atteint sa plus haute perfection, car chez Elle, Elle n’est pas fondée uniquement sur la nature, mais avant tout sur le Grand Mystère du Sacerdoce de Jésus, c’est à dire sur le fait que Jésus, est le parfait Médiateur entre Dieu et les hommes.
La Foi nous révèle, en effet, que grâce à Lui, grâce à son Sacrifice d’une valeur infinie offert sur la Croix, Jésus nous a mérité le pardon et le don incomparable d’une vie nouvelle.
Grâce à ce Mystère, tout homme à la possibilité de rencontrer Dieu, de devenir enfant de Dieu et de vivre dès cette terre, dans une merveilleuse intimité avec Dieu, en attendant de pouvoir partager un jour, son bonheur infini dans une éternelle vision Face à Face.
D’ailleurs, Jésus Lui-même en déclarant « nul ne peut aller au Père, sans passer par Moi », n’a-t-il pas clairement indiqué qu’il est pour tout homme, venant en ce monde, l’Unique Chemin du Salut et la Porte d’Entrée dans le Royaume de Dieu ?
La Foi nous apprend aussi, que de ce point de vue, Marie, peut-être a juste titre, considérée comme un Chemin très sûr pour aller à Dieu et comme la Porte du Ciel – non seulement parce qu’Elle est la Mère du Médiateur, mais aussi et surtout, parce qu’ayant coopéré d’une manière unique à l’œuvre de notre salut, Jésus a voulu qu’Elle soit la Médiatrice de son Amour, la Médiatrice de toutes les Grâces.
Il ne faudrait surtout pas voir cette Médiation Universelle de Marie comme quelque chose de surajouté.
C’est une Médiation qui s’exerce à travers la Médiation même du Christ qui est entièrement dépendante de la sienne.
Essayons de saisir un peu, en quoi elle consiste et de quelle manière elle s’exerce à notre égard.
L’Eglise nous enseigne que ce rôle de Médiatrice par excellence que Dieu dans sa Sagesse a confié à Marie, implique en fait, trois dimensions :
Marie est tout d’abord, Médiatrice d’intercession :
Elle est celle qui est toujours là et toujours disponible, pour écouter nos demandes et recevoir nos misères et nos pauvres offrandes.
Et c’est bien ce premier aspect que Saint Jean met admirablement en lumière dans le récit des Noces de Cana.
Marie n’est-elle pas, Celle qui devine en premier lieu la misère des serviteurs
« ils n’ont plus de vin ».
Nous voyons là, à quel point, Elle est attentive, à tout et à tous.
Pour Elle, en effet, il n’y a pas de petites choses, rien ne peut la laisser indifférente.
Si nous transposons cela au plan spirituel, nous comprenons que Marie est Celle qui prend dans son Cœur la misère de ses enfants pour la présenter à Jésus.
Et Elle intervient de telle manière que Jésus ne peut pas refuser, Il ne peut alors que transformer notre misère en Amour, comme Il a transformé l’eau en vin.
Cette Médiation, qui toujours intercède, va finalement très loin : en fait, elle n’a pas de limites et elle ne peut pas en avoir, parce que c’est une Médiation de Miséricorde.
Marie nous enveloppe tous de sa prière perpétuelle, mais Elle n’intervient pas seulement pour nous qui sommes ses enfants bien-aimés (mais tellement pécheurs, hélas, tellement ingrats et superficiels) Elle étend aussi sa puissante influence à tous les hommes, quels qu’ils soient, parce que Jésus veut qu’Elle soit vraiment la Maman de tous et la Reine du Monde.
Retenons donc, frères et sœurs, que c’est d’abord, dans cet ordre de la prière et de la prière suppliante que Marie est notre Médiatrice, et que cela nous détermine à prendre une première résolution : celle de confier toutes nos intentions, qu’elles soient d’ordre matériel ou d’ordre spirituel, à l’intercession toute puissante de notre Maman du Ciel.
Imitons en cela, l’attitude du petit enfant qui recourt à sa mère à tout instant et à propos de tout, sans crainte de l’importuner, avec une confiance absolue, car il ne peut douter un seul instant de sa sollicitude maternelle, de sa tendresse et de sa bonté.
Nous pourrions obtenir tellement plus de la Grande Avocate, si nous savions la prier plus.
Elle-même, d’ailleurs, n’a pas manqué d’attirer notre attention sur ce point.
C’était en 1830, lors de son apparition à Sainte Catherine Labouré, dans la Chapelle de la rue du Bac à Paris : cette première grande apparition des temps modernes dite de la Médaille Miraculeuse.
La voyante avait observé que sur les mains tendues de la Vierge, il y avait des pierreries qui émettaient des rayons…
« Ces pierreries et ces rayons, dit Marie, sont le symbole des Grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent… »
puis, montrant certaines de ces pierreries qui n’émettaient aucune lumière,
« quant à celles-ci, elles sont le symbole des Grâces que l’on oublie de me demander… »
Faisons donc, en sorte, frères et sœurs, pour qu’il n’y ait plus un seul oubli dans nos suppliques à cette
« Reine aux mains jointes »
dont l’influence sur le cœur de Jésus son divin Fils est irrésistible.
Il y a une
Deuxième Médiation de Notre-Dame :
c’est celle qu’Elle exerce en tant que Mère.
La mère, c’est essentiellement celle qui donne la vie…
Et nous croyons, avec toute l’Eglise que Marie est notre Mère spirituelle, parce qu’Elle nous donne la vie divine, la vie nouvelle des enfants de Dieu.
Pour bien comprendre ce que représente cette Médiation Maternelle de Marie, il faut regarder attentivement ce qui se passe à la Croix.
A la Croix, Marie est pleinement associée au Sacrifice de Jésus.
En union, avec le Bon Pasteur, Elle aussi, donne généreusement sa Vie pour les brebis du Christ ; Elle accepte en cette heure douloureuse de mourir mystiquement dans son Cœur de Mère, préférant notre vie divine, à la vie temporelle de son Enfant Bien-Aimé.
Au moment de la Passion, Marie est tellement liée au Sacerdoce de Jésus, à sa mission de Médiateur, qu’Elle est vraiment Celle qui dans son Cœur de Mère, nous engendre à la vie divine.
Et c’est bien dans ce sens, qu’il faut entendre les paroles du Christ agonisant :
« Femme, voilà ton Fils… Jean, voilà ta Mère ».
La Femme, je vous le disais en commençant, est l’associée de l’homme dans son rôle de Médiatrice d’Amour.
Debout au pied de la Croix, Marie est la Nouvelle Eve, qui fait œuvre commune avec Jésus, le Nouvel Adam.
Et c’est pour cette raison que Dieu l’établit comme instrument de la Grâce.
O ! Certes, Dieu aurait bien pu se passer d’un tel instrument, il ne lui était pas nécessaire, mais Il l’a voulu pour que soit manifestée la merveilleuse gratuité et l’étonnante surabondance de son Amour.
Ainsi donc, chers frères et sœurs, nous osons affirmer que le mystère de la grâce, c’est à dire la vie surnaturelle, la vie divine que nous recevons comme un germe au Baptême, nous est bien donnée, c’est absolument sûr, par le Saint-Esprit, mais que le Saint-Esprit, en fait, ne la communique qu’en passant par Marie.
Comme nous le chantons dans les Litanies, Marie est vraiment la Mère de la Divine Grâce… et c’est essentiellement en raison de cette Maternité de grâce, que Marie nous est si proche et que nous lui sommes si proches.
Entre Elle et nous, il n’y a pas de distance.
Elle est particulièrement présente à cette vie divine qui est en nous, Elle l’enveloppe de son incomparable tendresse et en union avec le Saint-Esprit, Elle coopère activement à son accroissement, n’ayant qu’en seul souci, une seule ambition : faire de nous des copies vivantes de Jésus-Christ.
Ici, frères et sœurs, nous pourrions peut-être nous poser une question :
Marie, peut-elle effectivement exercer en nous son rôle maternel, qui est de donner la vie divine, qui est de faire grandir, de faire épanouir cette vie ?
Oui, Elle peut le faire, mais cela dépend en grande partie de nos dispositions.
Sommes-nous décidés, Oui ou Non, à écouter le conseil qu’Elle donnait aux serviteurs des Noces de Cana et qu’Elle ne cesse de répéter sous une forme ou sous une autre au cours de ses apparitions :
« faites tout ce qu’Il vous dira ».
Suivre ce conseil, dans la pratique, cela signifie que nous sommes prêts à nous réformer sans cesse intérieurement, à changer coûte que coûte notre mentalité pour pouvoir vivre toutes les exigences exprimées par le Christ en son Evangile et enseignées par son Eglise.
Cela veut dire que nous sommes prêts à utiliser à fond tous les moyens qui nous sont proposés et qui sont indispensables pour progresser dans la Foi, l’Espérance et l’Amour et parvenir à une communion de plus en plus intime avec le Seigneur, en particulier la Prière et les Sacrements.
Pour nous aider à avancer avec courage, avec persévérance sur ce chemin d’une vie chrétienne authentiquement vécue, il y a un secret, recommandé par des Grands Saints comme Saint Louis Marie Grignion de Montfort et Saint Maximilien Kolbe, recommandé aussi très fort par notre Pape Jean-Paul II : c’est de confier à Marie, notre Education d’enfants de Dieu, par une Consécration totale entre ses mains de nos personnes et de nos vies.
« Totus Tuus » « Je suis tout à Toi, ô Marie ».
Oui, tout à Toi, pour mieux écouter Jésus, pour mieux me laisser posséder par Jésus et vivre en communion de plus en plus parfaite avec Lui et avec tous mes frères.
Il y a enfin une
Troisième Médiation de Marie,
dont on ne parle pas beaucoup (et c’est dommage !), car elle est particulièrement importante en ces temps dangereux qui sont les nôtres, où nous assistons à un déchaînement sans précédent des forces du mal, à une offensive sur tout les fronts, de la part de Satan, le Grand Ennemi des hommes.
Marie est, en effet, la Femme qui a reçu de Dieu la mission d’écraser la tête du Serpent (comme cela nous est montré sur la Médaille Miraculeuse).
Etre toujours à la pointe du combat contre Satan, fait partie de son rôle de Médiatrice Universelle.
C’est encore Saint Jean qui nous révèle cela, lorsqu’au chapitre 12 de son Apocalypse, il nous montre face au Dragon rouge-feu,
« la Femme enveloppée du Soleil, la Lune sous ses pieds et une Couronne de 12 étoiles sur sa tête ».
Oui, Marie, notre Reine, est une vaillante Mère, qui lutte sans cesse pour ses enfants ;
« plus terrible qu’une armée rangée en bataille… »
Mais cette Mère si courageuse entend bien ne pas lutter toute seule, car le véritable enjeu du combat, c’est nous. Voilà pourquoi, Elle nous demande instamment (au cours de ses apparitions et par la voix de l’Eglise) de combattre énergiquement à ses côtés et sous ses ordres.
Et Elle nous donne une arme, une arme qui à ses yeux est l’Arme Absolue, une arme souverainement efficace : c’est le Rosaire, l’humble chapelet, qu’Elle nous presse de réciter chaque jour, moyennant quoi, Elle nous promet la victoire de l’Amour sur toutes les puissances du mal :
« A la fin, mon cœur Immaculé triomphera et un temps de Paix sera donné au Monde ».
Telles sont, frères et sœurs, les trois grandes dimensions de la Médiation Mariale ; Marie, la Femme par Excellence est :
- Médiatrice d’Intercession,
- Médiatrice Maternelle dans la Communication de la Vie Divine,
- Médiatrice de force dans la lutte contre le Démon.
L’Eglise exprime sa Foi à l’égard de cette vérité en parant Marie de titres divers, plus beaux les uns que les autres (et rien n’interdit d’en ajouter quelques-uns uns de notre invention).
Ne nous lassons pas de les lui redire au cours de nos journées, avec admiration, avec amour.
O Marie ! Toi qui es Notre Avocate,
Notre-Dame du Perpétuel Secours,
Notre-Dame des Victoires,
Toi, qui es la Cause de notre Joie et la Porte du Ciel,
Toi, qui es l’Espérance des Désespérés,
Toi, la Reine de France et la Reine du Monde,
Reste toujours près de nous,
Veille sur nous, protège-nous,
Enveloppe-nous de ton Indicible Tendresse.
Dans ton Cœur Immaculé,
nous déposons toutes nos intentions personnelles
et aussi celles de l’Eglise et de l’Humanité.
Daigne par-dessus tout intervenir,
Toi, la Mère de Miséricorde,
pour la conversion des pêcheurs,
condition d’une véritable Paix dans le Monde.
Plus que jamais, nous voulons être à Toi,
car tu es notre suprême recours,
notre dernière chance.
Conduis-nous à Jésus, notre Sauveur, notre Rédempteur.
Fais que par toute notre vie unie à la sienne,
Dieu soit pleinement glorifié,
dans le temps et dans l’éternité.
(Source: Blog de Jackie)
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QUE PENSE L'ORTHODOXIE ?
Marie, inséparable de l'Incarnation
Marie "Theotokos"
Il s'agit donc essentiellement d'un dogme christologique : Marie est Mère du Fils de Dieu fait homme en l'unique personne duquel nature humaine et nature divine sont inséparables. Dans la liturgie, la vénération concernant Marie s'exprime lors de la prière qui vient directement après l'épiclèse (invocation du Saint-Esprit) chez les Grecs : "Plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les séraphins, Toi qui sans tache enfantas Dieu le Verbe, Toi qui es vraiment Mère de Dieu, nous te glorifions".
La vénération à Marie s'inscrit donc dans un mystère ineffable, tout comme l'incarnation, à qui il se trouve lié. C'est sans doute ce qui caractérise l'attitude orthodoxe par rapport à une approche plus rationnelle de l'Occident, qui a ressenti le besoin de formuler des dogmes. Le mystère de Marie est inséparable de celui de l'incarnation.
Marie, figure de l'humanité
En même temps, Marie est une lumière qui éclaire le destin de l'humanité. Elle est la figure de l'humanité qui participe à l'acte salvifique de Dieu. En effet, Marie représente la liberté humaine. En Marie, je ne contemple ni la femme idéale, ni une divinité féminine compatissante à côté d'un Dieu masculin impitoyable.
Marie incarne l'humanité qui accueille la Parole de Dieu, selon la synergie de la liberté humaine et de la grâce divine. J'insiste sur la liberté : cette femme, cette humaine dont le Dieu transcendant a voulu avoir besoin pour réaliser son dessein d'amour n'est pas entre ses mains un instrument passif.
Son obéissance son Fiat est celle d'une femme libre, inspirée par une foi totale, comme l'a si bien exprimé Nicolas Cabasilas, un grand spirituel byzantin du XIVe siècle : "Quand Dieu a décidé d'introduire dans le monde son fils premier-né pour renouveler l'humanité en faisant de lui un second Adam, il fait participer la Vierge à son dessein. Cette grave décision, Dieu la prononça, et la Vierge la ratifia. L'incarnation du Verbe ne fut pas seulement l’œuvre du Père, de son Verbe et de son Esprit. Elle fut aussi l’œuvre de la volonté, de la foi, de la Vierge".
Marie, modèle du vrai disciple
C'est donc avec tout son être, corps, âme et intelligence, que Marie participe au mystère divin. Trop souvent en effet on exalte la maternité physique, en privant les hommes de la richesse symbolique que leur offre Marie. Or, nous sommes tous, hommes et femmes, appelés à enfanter le Christ. Marie est le modèle du vrai disciple, qui accepte la Parole de Dieu, adhère de tout son coeur et se soumet.
Dans l'Évangile de Jean, ce groupe, au pied de la Croix, formé par Marie et "le disciple que Jésus aimait", représente l'Église : c'est l'ensemble des croyants que Jésus confie alors à sa mère, qu'il lui demande d'accueillir. Marie représente ainsi l'humanité, même si, comme personne, elle joue un rôle unique dans l'histoire du Salut.
Tous appelés à l'accueil
Au niveau symbolique, Marie est l'anticipation de l'"Homme nouveau". "Les hommes sont des hommes, mais l'Homme est une femme", a dit l'écrivain anglais G. K. Chesterton, cité par Kallistos Ware, théologien orthodoxe. Hommes et femmes, nous sommes tous appelés à cette attitude d'accueil, d'ouverture à l'autre et d'offrande, dont, selon le symbolisme biblique, l'épouse et l'amante sont la figure.
(Source Propos recueilli par Isabelle de Gaulmyn - La Croix ; juillet 2003)
La médiation de grâce de Marie sur la terre a déjà été perçue par Origène(†253) lors de la Visitation, médiation subordonnée au Christ qui opère en elle.
« Dès que Marie eut entendu, selon le message de l'ange, qu'elle allait concevoir le Sauveur et que sa cousine Elisabeth était enceinte, elle partit, se rendit en hâte vers la montagne et entra dans la maison d'Élisabeth.
Jésus, dans le sein de la Vierge, se hâtait de sanctifier Jean-Baptiste, encore dans le sein de sa mère. »[1]
Origène a déjà parlé de la maternité spirituelle de Marie, dans le sens où les chrétiens agissent de telle sorte qu'elle devienne leur mère :
« En effet on peut affirmer de tout parfait qu'il ne vit plus, mais que le Christ vit en lui, et, puisque le Christ vit en lui, il est dit de lui à Marie :
Voici ton fils, le Christ. »[2]
[1] Origène Homélie sur Luc VII,1, dans sources chrétiennes 87, Paris Cerf 1961, p. 155
[2] Origène, In Jo. Com. I,4, GCS 8,14 ; dans sources chrétiennes 87, Paris Cerf 1961, p.62
Très sainte Dame, Mère de Dieu, seule très pure d'âme et de corps, seule au-delà de toute pureté, de toute chasteté, de toute virginité; seule demeure de toute la grâce de l'Esprit-Saint; par là surpassant incomparablement même les puissances spirituelles, en pureté, en sainteté d'âme et de corps, jetez les yeux sur moi, coupable, impur, souillé dans mon âme et dans mon corps des tares de ma vie passionnée et voluptueuse; purifiez mon esprit de ses passions; sanctifiez, redressez mes pensées errantes et aveugles; réglez et dirigez mes sens; délivrez-moi de la détestable et infâme tyrannie des inclinations et passions impures; abolissez en moi l'empire du péché, donnez la sagesse et le discernement à mon esprit enténébré, misérable, pour la correction de mes fautes et de mes chutes, afin que, délivré des ténèbres du péché, je sois trouvé digne de vous glorifier, de vous chanter librement, seule vraie Mère de la vraie lumière, le Christ notre Dieu; car seul avec lui et par lui, vous êtes bénie et glorifiée par toute créature invisible et visible, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amin.
Très sainte Dame, Mère de Dieu, seule très pure d'âme et de corps, seule au-delà de toute pureté, de toute chasteté, de toute virginité; seule demeure de toute la grâce de l'Esprit-Saint; par là surpassant incomparablement même les puissances spirituelles, en pureté, en sainteté d'âme et de corps, jetez les yeux sur moi, coupable, impur, souillé dans mon âme et dans mon corps des tares de ma vie passionnée et voluptueuse; purifiez mon esprit de ses passions; sanctifiez, redressez mes pensées errantes et aveugles; réglez et dirigez mes sens; délivrez-moi de la détestable et infâme tyrannie des inclinations et passions impures; abolissez en moi l'empire du péché, donnez la sagesse et le discernement à mon esprit enténébré, misérable, pour la correction de mes fautes et de mes chutes, afin que, délivré des ténèbres du péché, je sois trouvé digne de vous glorifier, de vous chanter librement, seule vraie Mère de la vraie lumière, le Christ notre Dieu; car seul avec lui et par lui, vous êtes bénie et glorifiée par toute créature invisible et visible, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
SAINT JEAN LE MISERICORDIEUX
Archevêque d'Alexandrie
(Fêté par les Eglises de Tradition Bysantines ce 12 novembre)
Saint Jean était le rejeton d'une illustre famille d'Amathonte en Chypre.
Sous la pression de ses parents, il se maria et eut plusieurs enfants qui, par la volonté de Dieu, moururent en bas âge, en même temps que son épouse.
Voyant dans cette douloureuse privation l'occasion de se libérer de tous les soucis du monde, il se consacra complètement à Dieu.
En 610, il fut consacré Patriarche de l'Eglise d'Alexandrie, sous le nom de Jean V.
Le jour même, il réunit tout le Clergé et tout le personnel de la riche Métropole d'Egypte et les envoya faire le recensement exact de ceux qu'il appelait ses maîtres: c'est à dire les pauvres et les mendiants que Dieu place auprès de nous pour que nous gagnions le Royaume des Cieux en leur faisant l'aumône.
Comme on en avait trouvé plus de 7 500, il commanda qu'on leur donne chaque jour la nourriture et le couvert qui leur étaient nécessaires. I
l disait souvent à Dieu dans sa prière :
« Nous verrons bien, Seigneur, lequel de nous deux sera victorieux dans ce combat : ou Toi en me faisant toujours du bien, ou moi, en ne cessant pas de le distribuer aux pauvres. Car je reconnais n'avoir rien que je ne tienne de Ta miséricorde.et que c'est elle qui soutient ma vie ».
De fait, la miséricorde du Saint à l'égard des pauvres était inépuisable ; ses aumônes étaient abondantes comme les eaux du Nil qui couvrent périodiquement les terres d'Egypte pour les rendre fertiles.
C'est pourquoi il reçut le surnom de Miséricordieux, à l'image du Christ, son maître, qui est la source de toute miséricorde.
Il ne pouvait pas voir un pauvre ou un affligé s'approcher de lui sans pleurer abondamment et sans prendre sur lui sa peine. Il donnait sans compter, en puisant dans le trésor de l'Eglise.
Comme le Christ l'a enseigné (Lue 6:35), il donnait sans faire aucune distinction entre les bons et les méchants, les dignes ou les indignes. Un jour, un pauvre qui avait déjà reçu de lui l'aumône, se présenta trois autres fois au Saint, en se camouflant sous des déguisements différents.
Comme on le faisait remarquer à Jean, celui-ci ordonna qu'on lui donne le double, en disant :
« C'est peut-être Jésus, mon Sauveur, qui vient à dessein de me tenter ? » Or, plus il répandait l'aumône, sans se soucier de la quantité ou de ce que sera le lendemain, plus Dieu multipliait les donations adressées à l'Eglise ; si bien que le peuple était confirmé dans cette promesse du Sauveur :
« Ne vous inquiétez pas pour votre existence de ce que vous aurez à manger ou de ce que vous aurez à boire, ni pour votre corps de ce que vous aurez pour vêtement ( ... ) Cherchez en premier lieu le Royaume de Dieu et Sa justice et tout cela vous sera donné en plus» (Mat. 6).
Un des Clercs chargé des aumônes (nommés aumôniers) n'avait donné à un riche dans le besoin qu'un tiers de la véritable fortune que le Saint lui avait ordonnée de distribuer, jugeant qu'il était irraisonnable de vider le trésor pour un seul.
Mais il se vit confondu par Jean qui lui révéla qu'une noble femme, ayant résolu de faire une importante donation à l'Eglise, n'avait finalement donné que le tiers de la somme prévue.
aaaLorsqu'en 614, les Perses envahirent la province de Syrie et prirent de manière sanglante la ville de Jérusalem, un grand nombre de réfugiés afflua vers Alexandrie.
Saint Jean les reçut comme ses frères, les consola, fit construire des hôpitaux et de grandes hôtelleries, et épuisa toutes les ressources de l'Eglise pour les nourrir et leur donner quelque argent.
En même temps, il fit envoyer en Palestine des navires chargés de grains et de vivres, et des ouvriers pour reconstruire les églises détruites.
Lui même visitait les malades et les nécessiteux, et leur montrait en sa personne un reflet de la présence du Christ.
Lorsqu'on voulait le remercier de ses bienfaits, il interrompait soudain son interlocuteur en disant :
« Tais-toi, mon frère, car je n'ai pas encore répandu mon sang pour toi, ainsi que le Seigneur le demande ! »
Tous les mercredis et les samedis, il se tenait à la porte de son église et attendait qu'on vienne s'adresser à lui, pour trancher les différends et réconcilier les ennemis.
Jamais on ne l'entendait prononcer une parole vaine ou condamner qui que ce soit, même devant les preuves les plus évidentes du péché.
Il ne voyait en effet que le bien ou les bonnes intentions, supposait que ces pécheurs avaient fait pénitence en secret et se gardait bien de s'approprier le jugement qui appartient à Dieu seul.
Il remerciait ceux qui le calomniaient ou l'injuriaient pour lui avoir rappelé ses péchés, et leur faisait donner de plus grandes aumônes qu'aux autres.
Pour corriger les pécheurs, les orgueilleux ou les durs de cœur, le Saint Patriarche s'adressait toujours à eux en s'attribuant les péchés qu'il voulait reprendre et en leur demandant de prier pour qu'il s'en repente.
Il exhortait avec patience ses fidèles à l'humilité et au repentir, en leur rappelant les merveilles que Dieu a faites pour nous en créant le monde, en envoyant son propre Fils pour nous sauver et en prenant patience devant nos innombrables fautes.
Mais plus que par la parole, il préférait transmettre l'Enseignement de la Sainte Ecriture par ses propres actes, comme les Prophètes.
Ainsi, un dimanche, alors qu'il célébrait la Divine Liturgie dans la cathédrale, entouré de son Clergé et de tout le peuple, le Patriarche s'arrêta soudain avant de prononcer les paroles de la consécration, il demanda au Diacre de répéter les litanies et envoya chercher un des Clercs de son Eglise, qui lui portait rancune et ne s'était pas présenté à l'église.
Lorsque ce dernier arriva, l'Evêque se prosterna devant lui avec larmes et lui demanda pardon.
Ce n'est qu'après s'être réconcilié avec lui et l'avoir embrassé, qu'il remonta à l'Autel et continua la célébration, ayant appliqué à la lettre le précepte du Seigneur (Mat. 5:23).
aaaBien qu'il ait été marié, Saint Jean aimait les moines et les dépassait dans l'austérité de la vie.
Il avait réuni près de sa cathédrale deux communautés monastiques et se chargeait de leur entretien.
En échange, il leur avait demandé de prier pour lui et pour l'Eglise pendant les Offices qu'ils célébraient, et de prier pour leur propre salut tout le reste du temps dans leurs cellules, dégagés de tout souci grâce à la sollicitude du Patriarche.
Il habitait un riche palais, mais ne possédait rien en propre. Sa cellule était dépourvue de tout confort; c'est pourquoi un notable de la ville lui offrit un jour une luxueuse couverture.
La nuit suivante, le Saint ne put trouver le repos et ne cessait de se condamner en pensant que tant de pauvres souffraient du froid et de la faim à sa porte, alors que lui s'entourait d'un tel luxe.
Le lendemain, il la fit vendre et en distribua le produit. Or, son bienfaiteur vint à retrouver son cadeau à l'étalage du marchand. Il la racheta et contraignit Jean à l'accepter. Mais celui-ci la vendit à nouveau pour faire l'aumône. Comme ni l'un ni l'autre ne voulait céder, l'objet circula ainsi un grand nombre de fois entre leurs mains; et ce fut pour Jean l'occasion de contraindre indirectement ce riche à distribuer une grande fortune aux indigents.
aaaSa charité et son extrême humilité ne l'empêchaient pas cependant de se montrer ferme à l'égard des "hérétiques" . Il les aimait et répandait pour eux ses bienfaits, mais il restait strict pour condamner leurs erreurs et interdire aux Orthodoxes toute participation à leur culte et à leurs prières.
aaaLorsque la famine et les épidémies ravagèrent la ville, le Saint se montra le premier à assister les malades et à enterrer les morts.
Il exhortait ses fidèles à prier assidûment pour les défunts et prenait occasion de ces malheurs pour leur rappeler la fragilité de notre vie et l'urgence qu'il y a à faire pénitence.
Quelques années après la prise de Jérusalem, Alexandrie fut à son tour menacée par les Perses.
C'est pourquoi, à la demande du gouverneur d'Egypte Nicétas, Jean retourna à Chypre, où il mourut à l'âge de 64 ans (en 619), en rendant grâces à Dieu de ne rien lui avoir laissé des si grandes richesses dont il avait été constitué l'intendant au profit des pauvres.
Un peu avant son trépas, il vit lui apparaître la même noble vierge qu'il avait déjà vue à l'âge de quinze ans, et qui lui avait dit alors être la Miséricorde en personne qui a incité le Christ à s'incarner pour notre salut; et lui avait promis de lui ouvrir le Royaume des Cieux.
Quelque temps après sa mort, une huile parfumée (myron) coula du corps du Saint Hiérarque pour la joie et la consolation des fidèles.