Il est remarquable qu'après avoir atteint l'acuité spirituelle, les défauts et les fautes du prochain commencent à sembler très légers et insignifiants, comme rachetés par le Sauveur et facilement guéris par la repentance - ces mêmes fautes et défauts qui semblent si énormes et graves pour la compréhension humaine. De toute évidence, l'esprit charnel, étant lui-même rigide comme une planche, leur donne cette importance énorme. L'esprit charnel voit même chez les autres des péchés qui ne s'y trouvent pas. (Saint Ignace Brianchaninov, L'Arêne)
Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 10,10-18.
Frères, on croit avec son cœur pour parvenir à la justice, on professe la foi avec sa bouche pour parvenir au salut,
selon ce que dit l'Ecriture : " Quiconque croit en lui ne sera pas confondu. "
Il n'y a pas de différence entre le Juif et le Gentil, parce que le même Christ est le Seigneur de tous, étant riche envers tous ceux qui l'invoquent.
Car " quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. "
Comment donc invoquera-t-on celui en qui on n'a pas encore cru ? Et comment croira-t-on en celui dont on n'a pas entendu parler ? Et comment en entendra-t-on parler s'il n'y a pas de prédicateur ?
Et comment seront-ils prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés ? selon qu'il est écrit : " Qu'ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent le bonheur ! "
Mais tous n'ont pas obéi à l'Evangile ; car Isaïe dit : " Seigneur, qui a cru à notre prédication ? "
Ainsi la foi vient de la prédication entendue, et la prédication se fait par la parole de Dieu.
Mais je demande : n'ont-ils pas entendu ? Au contraire : " Leur voix est allée vers toute la terre, et leurs paroles jusqu'aux extrémités du monde. "
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 4,18-22.
En ce temps-là, comme Jésus marchait au bord de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, qu'on appelle Pierre, et André son frère, qui jetaient le filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs.
Et il leur dit : " Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. "
Eux aussitôt, laissant leurs filets, le suivirent.
S'avançant plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, dans une barque, avec leur père Zébédée, réparant leurs filets, et il les appela.
Eux, laissant à l'heure même leur barque et leur père, le suivirent.
Depuis plus de 430 ans, pas un seul prophète n’avait surgi au sein du peuple élu. Quelle joie donc pour Israël lorsqu’il apprend qu’un envoyé de Dieu est venu rompre ce trop long silence ! Cet envoyé s’appelle Jean-Baptiste. Il sera le dernier et le plus grand des prophètes : l’annonciateur des Temps Nouveaux. Il sera aussi le premier témoin du Christ : Jean, en effet parcourt toute la vallée du Jourdain pour annoncer à ses compatriotes que le Messie qu’ils attendent est là, qu’il va bientôt se présenter à eux et que par conséquent ils doivent se préparer à l’accueillir.
Par St Jean Chrysostome
(v. 345-407),
prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l'Église
Homélies sur l'évangile de Matthieu, n°14, 2
« Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheur d'hommes »
Quelle pêche admirable du Sauveur ! Admirez la foi et l'obéissance des disciples.
La pêche, vous le savez, demande une attention ininterrompue. Or, au beau milieu de leur travail, ils entendent l'appel de Jésus et ils n'hésitent pas un instant ; ils ne disent pas :
« Laisse-nous rentrer à la maison pour parler à nos proches ».
Non, ils quittent tout et ils le suivent, comme Élisée a fait avec Élie
(1R 19,20).
Telle est l'obéissance que le Christ nous demande, sans la moindre hésitation, même si des nécessités apparemment plus urgentes nous pressent.
C'est pourquoi, quand un jeune homme qui voulait le suivre a demandé s'il pouvait aller ensevelir son père, même cela, il ne le lui a pas laissé faire
(Mt 8,21).
Suivre Jésus, obéir à sa parole, est un devoir qui devance tous les autres.
Tu me diras peut-être que la promesse qu'il leur faisait était très grande ?
Voilà pourquoi je les admire tellement : alors qu'ils n'avaient vu encore aucun miracle, ils ont cru à une si grande promesse et ont renoncé à tout pour le suivre !
C'est parce qu'ils ont cru qu'avec les mêmes paroles par lesquelles ils avaient été pris comme à la pêche, ils pourraient en pêcher d'autres.
Du Bataclan au Calvaire.
Des visages radieux habillés d’avenir, blottis sous la musique endiablée où le fraternel s’était promis de naître ! « Seigneur, où donc étiez-vous ? »
Un stade aux couleurs européennes, anciens ennemis buvant même bière, se tenant presque par le cou, beaux joueurs, pour une fois, voulant que le meilleur gagne ! « Seigneur, où donc étiez-vous ? »
Diners d’amoureux, d’amis, de compères, fixés depuis une heure ou espérés depuis des mois, en terrasse, s’il vous plaît, bien en vue, sous un été qui hélas se prolongeait ! « Seigneur, où donc étiez-vous ? »
Partout la paix ! Partout la vie ! Et Paris plus enchanteur que jamais rayonnant d’insouciance et d’éclat sous le mouvement de son élan inextinguible !
Soudain !… Dans le dos et face à face : le Mal ! en personnes, avec du feu sur le corps en ceinture, et dans les bras, de la haine de fous actionnant les gâchettes, visant à bout portant des enfants désarmés, explosant leur propre être en bouquet final de carnage. Quelle piètre victoire !
« Seigneur, mais où donc étiez-vous ? »
« Où étais-je ? Eh bien, je vais te dire où j’étais ! Bien avant l’heure du feu d’enfer, j’étais avec ma mère à l’entrée du Stade de France, rue Bichat, rue de la Fontaine-au-Roi, rue de Charonne, boulevard Voltaire, et jusqu’au Bataclan.
Mais comme au Calvaire où ma divinité n’était pourtant pas absente, je n’ai pu rien faire – que cela ne te surprenne ! – si ce n’est de nouveau, souffrir dans ma chair ressuscitée de l’abyssale méchanceté du monde.
Quant à ma mère, si tu avais vu ma mère ! Elle surplombait de toute sa douleur priante, scandalisée par tant de haine, la liberté humaine qui tuait.
Alors, tous deux, sous le hurlement des sirènes, au coude à coude avec tes frères médecins, infirmiers et policiers, harnachés à l’éternelle miséricorde, nous avons ramassé indistinctement les âmes de nos enfants afin qu’aucune d’entre elles ne se perde, et de très près, mais si discrètement que beaucoup ne s’en sont pas rendu compte, serré contre nous des centaines de coeurs éplorés. Fais-en autant.
Cesse de réfléchir aux chemins de vengeance ! Ce n’est pas ton affaire. Prie ! Jeûne ! Espère dans le coeur humain ! Ne tremble pas ! Crois en la victoire du Bien, et sème de l’amour… dans tous les camps ! »
Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine
Jean le Baptiste invite ses compatriotes à manifester leur repentir et leur volonté de mener une vie nouvelle plus agréable à Dieu par un geste symbolique semblable, en recevant le baptême de pénitence qu’il leur propose, ils vont montrer publiquement qu’ils souhaitent noyez dans les eaux du Jourdain leur vie antérieure remplie de péchés, afin qu’une vie neuve renaisse en eux. Frères et sœurs, nous savons que seul le baptême institué par Jésus réalisera cela efficacement : le baptême chrétien c’est la noyade volontaire du « vieil homme » pour que renaisse « l’homme nouveau » pour employer des expressions chères à saint Paul. Le baptême chrétien c’est l’âme qui se plonge dans l’amour de Dieu pour se remplir de cet amour, comme l’éponge plongée de l’océan se remplit d’eau. Comprenons bien toutefois que le fait d’être baptisé ne saurait nous dispenser de la conversion, dans son sens évangélique de retournement, de changement complet, de décision radicale qui nous transforme progressivement de fond en comble parce qu’elle nous fait suivre les commandements et les conseils qui nous viennent de Dieu par Jésus-Christ.
UN MOINE MARIAL DU "PAS DE CALAIS"
Josbert ou Valdebert, moine bénédictin de Saint-Bertin (Saint-Omer) dans le diocèse d'Arras, était réputé pour sa dévotion mariale.
Une légende veut qu'après sa mort, un rosier fleurit dans sa bouche dont les fleurs portaient le nom de Marie.
Le 30 novembre 1186, jour de la fête de saint André, les religieux de Déols étaient rassemblés pour l'office de matines.
Le père abbé parcourait le chœur et vérifiait si chacun était là.
Or son regard tomba sur une stalle vide. - Où est donc notre frère Josbert ? Mais personne ne pouvait répondre.
L’abbé sortit en hâte.
Au bout de quelques instants, il rentra, pâle et défait en s'écriant :
- Mes frères, un grand évènement nous arrive.
Le bienheureux Josbert est au ciel. Venez contempler l'éclatant miracle qui s'est accompli sur son corps.
Les moines se précipitèrent et pénétrèrent dans la cellule où les attendait un merveilleux spectacle : enveloppé, comme d'un suaire dans sa robe noire, les mains jointes, la face tournée vers le ciel, Josbert, mort, gisait sur sa natte.
Deux roses vermeilles sortaient des cavités de ses yeux, deux autres de ses oreilles une cinquième s'épanouissait entre ses lèvres et chacune de ces fleurs portait dans son calice une lettre du nom de la Vierge.(L'Equipe de Marie de Nazareth)
Ce retournement, cette conversion est absolument nécessaire, car notre nature humaine blessée par le péché des origines porte en elle des germes, des racines de péché qui tendent à nous détourner de Dieu, nous faisant préférer notre volonté propre à la sienne... "Je sens en moi une double loi: je fais le mal que je ne voudrais pas faire et évite le bien que je voudrais faire" . Il nous suffit de faire un examen de conscience loyal et sans complaisance pour constater qu’il y a en nous des chemins tortueux de mensonge, des montagnes d’orgueil ou d’égoïsme, des aspérités de caractère, des vallées de découragement ou de désespoir, les ravins ou les fossés qui ont été creusés par nos dissensions et nos discordes, hors il ne faudrait pas, nous enseigne St Ephrem, nous laisser aller au désespoir:"Il conduit à la mort". Tous ces obstacles qui barrant la route au Christ, qui veut venir en nous pour y revivre sa vie de prière, de sacrifice, d’amour total pour Dieu et pour les autres, nous paraissent infranchissables. Nous ne pouvons espérer les dépasser par nos propres forces : aussi toute conversion commence-t-elle par un cri de détresse vers Dieu dans la conscience de notre impuissance c’est une prière de supplication qui conduit à un abandon confiant entre les mains paternelle de Celui qui nous aime tellement, qui veut tellement notre salut qu’il nous a envoyé son propre Fils pour le réaliser : mystère inouï de l’Incarnation que la fête de Noël va une fois de plus nous rappeler et nous faire contempler. Ils sont nombreux aujourd’hui (et pas seulement chez les non-croyants) ceux qui s’imaginent assurer leur salut par eux-mêmes, avec des moyens purement humains, en s’appuyant sur leurs propres forces. Ce salut de l’homme par l’homme est une utopie. Nous sommes, nous chrétiens, à l’opposé d’une telle attitude.
La parole de Dieu
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Ta parole est la lumière de mes pas,
la lampe de ma route.
Psaume 118, verset 105
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La méditation
Un biographe de saint Dominique rapporte cet épisode. Alors que le saint était à Rome dans l’église Saint-Pierre, il eut une vision : « Il vit apparaître Pierre et Paul, ces princes pleins de gloire. Le premier, Pierre, lui conféra le bâton ; Paul, le livre ; et tous deux ajoutèrent : “Va et prêche, car tu as été choisi pour ce ministère.” »* Avec dans une main le bâton du voyageur, dans l’autre, le Livre**, le voilà paré pour apporter au monde le feu de l’Évangile , le feu de l’Esprit Saint promis par Jésus-Christ.
En effet, celui qui lit et médite la Parole, se laisse habiter, enflammer par l’Esprit Saint, ne peut pas garder pour lui ce trésor. Il n’a qu’une envie : le partager, le propager. Pour le chrétien, la Parole de Dieu n’est pas une parole figée, une parole inerte. Elle est parole vivante, une parole qui touche et qui anime. Elle est, comme le Christ, à la fois divine et humaine. Elle est à la fois « plus tranchante qu’une épée et douce « comme du miel ». Écrite pour les hommes à la manière des hommes, elle nous dit comment, en nous-mêmes et dans le monde, à travers les ténèbres les plus sombres, mystérieusement, la lumière se fraie son chemin depuis la nuit des temps. Au cœur de mes nuits, elle me rejoint et me laisse pressentir le désir fou de Dieu d’être pour moi un pè re qui comprend et qui pardonne, un frère qui partage ma misère et me soutient, l’ami qui me connaît si bien et qui m’aime quand même, l’Amour qui s’incarne et vient me sauver.
* Constantin d’Orvieto, Legenda Sancti Dominici, n. 25
** Évangile selon saint Matthieu et les lettres de saint Paul(Source:Avent dans la Ville)
Saint André, qui êtes-vous ?
Apôtre et martyr
(† v. 62)
André, frère de saint Pierre, est le premier des apôtres qui ait connu Jésus-Christ, aussitôt après son baptême sur les bords du Jourdain. Toutefois son appel définitif ne date que du moment où Jésus le rencontra avec son frère Simon, jetant les filets pour pêcher, dans le lac de Tibériade, et leur dit à tous deux : « Suivez-Moi, Je vous ferai pêcheurs d'hommes. » (Mt 4,19)
Après la Pentecôte, André prêcha dans Jérusalem, la Judée, la Galilée, puis alla évangéliser les Scythes, les Éthiopiens, les Galates et divers autres peuples jusqu'au Pont-Euxin. Les prêtres de l'Achaïe prirent soin d'envoyer aux églises du monde entier la relation de son martyre, dont ils avaient été les témoins oculaires. Menacé du supplice de la croix : « Si je craignais ce supplice, dit-il, je ne prêcherais point la grandeur de la Croix. » Le peuple accourt en foule, de tous les coins de la province, à la défense de son apôtre et menace de mort le proconsul. Mais André se montre, calme la foule de chrétiens ameutés, les encourage à la résignation et leur recommande d'être prêts eux-mêmes au combat.
Le lendemain, menacé de nouveau : « Ce supplice, dit-il au juge, est l'objet de mes désirs ; mes souffrances dureront peu, les vôtres dureront éternellement, si vous ne croyez en Jésus-Christ. » Le juge irrité le fit conduire au lieu du supplice. Chemin faisant, l'apôtre consolait les fidèles, apaisait leur colère et leur faisait part de son bonheur. D'aussi loin qu'il aperçut la croix, il s'écria d'une voix forte :
« Je vous salue, ô Croix consacrée par le sacrifice du Sauveur ; vos perles précieuses sont les gouttes de son sang. Je viens à vous avec joie, recevez le disciple du Crucifié. Ô bonne Croix, si longtemps désirée, si ardemment aimée, rendez-moi à mon divin Maître. Que par vous je sois admis à la gloire de Celui qui par vous m'a sauvé. »
Il se dépouilla lui-même de ses vêtements, les distribua aux bourreaux, puis fut lié à une croix d'une forme particulière, appelée depuis croix de Saint-André.
Du haut de sa croix, il exhortait les fidèles et prêchait les païens, attendris eux-mêmes. Une demi-heure avant son dernier soupir, son corps fut inondé d'une lumière toute céleste, qui disparut au moment où il rendit l'âme.
Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape de Rome Benoît XVI :
>>> André, le Protoclet
ANDRE PAR LUI-MÊME
Comme Jean et Jacques, je suis né à Bethsaïda, en Galilée, sur les bords du lac de Tibériade. J’ai été disciple du Baptiste avec eux, avant de suivre Jésus et de ne plus le quitter. Fils de Jonas, je résidais à Capharnaüm dans une maison voisine de mon frère aîné Simon, dit Pierre, mais depuis ma rencontre avec le Maître tout a changé.
De nature plus introvertie que mon frère, j’aimais converser avec moi-même sur le sens de la vie, la venue du roi messie. Je me demandais si je le verrais de mon vivant. Comment le reconnaître ? Je m’imaginais la puissance inégalée de ce messie glorieux qui nous libèrerait des Romains. Je l’attendais, je l’espérais.
Le Baptiste exacerbait mon attente en proclamant avec fougue Celui auquel il n’était pas digne de dénouer les lacets des sandales. « Parmi vous en Israël, il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas. »
Un jour, alors que les rives du Jourdain étaient pleines d’une foule qui tremblait sous ses paroles, j’avais remarqué un beau jeune homme, habillé simplement, qui venait calmement vers nous. Il dégageait beaucoup d’humilité et de douceur. Quand son œil se posa un moment sur moi, j’ai senti la brise légère qu’avait expérimentée Élie. C’était comme un fin silence qui me caressait l’âme, une aile d’ange qui m’effleura le cœur. Je vis le Précurseur courir vers Lui, s’incliner, Lui dire fortement : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par Toi, et Toi tu viens à moi ! ».
Le Saint d’Israël, le Prophète était là, en homme du peuple. Je n’ai pas eu peur, je n’ai pas été intimidé. Dans la jubilation de mon âme, j’ai cru que c’était Lui le Messie. En revenant à la pêche, j’en ai parlé à mon frère Simon, d’abord discrètement pour ne pas l’effaroucher, puis avec zèle : « Nous avons trouvé le Messie ! ». Lui, si franc et exubérant, n’a pas sauté de joie. Il tenait à voir par lui-même, se méfiant de mon côté rêveur. Je lui ai donc présenté Jésus. Il a été conquis.
Contrairement aux autres maîtres, Jésus n’exigeait pas de purifications, de cours sur la Loi, mais un attachement libre à sa personne. J’ai découvert rapidement qu’Il avait les paroles de la Vie éternelle. Il choisissait qui Il voulait à Le suivre. Il avait assez confiance en nous pour nous envoyer prêcher Son royaume de paix et d’amour. Nous participions ainsi à Sa mission qu’Il tenait de son Père. Lire la suite sur le blogue de Jacques Gauthier
Par St Augustin,
Commentaire du Psaume 121 (2), Trad. F. Quéré-Jaulmes (P.L. 36, 1618-1629), in Les Chemins vers Dieu, Coll. Lettres chrétiennes N°11, Le Centurion / Grasset, Paris, 1967.
« Mes frères, rappelez-vous les fêtes de nos martyrs ou bien les sanctuaires où la foule se rassemble en certaines occasions.
Rappelez-vous la ferveur du peuple et ses cris : en route, disent-ils, en route.
Où irons-nous ? demandent les uns, et les autres répondent : nous irons en tel lieu, tel sanctuaire. Tous parlent, tous brûlent, et semblent ne former qu'une flamme.
Ce feu unique, nourri par leurs paroles et leur foi, ce feu les entraîne vers un lieu de la terre ; mais comment décrire l'amour qui emporte au ciel ceux qui d'une même voix, s'écrient : Nous irons dans la maison du Seigneur (1) ?
Courons, courons.
Nous irons dans la maison du Seigneur.
Courons, sans nous lasser : là-bas, il n'est plus de lassitude. Courons vers la maison du Seigneur, et tressaillons d'allégresse avec ceux qui nous ont appelés, qui les premiers, ont contemplé notre patrie :
Nous irons dans la maison du Seigneur, crient-ils de loin à ceux qui les suivent. Marchez, courez, même.
Les apôtres ont vu cette maison, et nous hèlent : marchez, suivez-nous.
Nous irons dans la maison du Seigneur.
Que répond chacun de nous ?
Les paroles entendues m'ont fait tressaillir :
Nous irons dans la maison du Seigneur.
Prophètes et apôtres m'ont fait tressaillir ; tous m'ont dit : Nous irons dans la maison du Seigneur. »
1. Psaume 122 (121), 1.
St Augustin, Commentaire du Psaume 121 (2), Trad. F. Quéré-Jaulmes (P.L. 36, 1618-1629), in Les Chemins vers Dieu, Coll. Lettres chrétiennes N°11, Le Centurion / Grasset, Paris, 1967.
Icône de St André (Bulgarie)
En un temps où pour rester performant il faut faire vite, fort et bien, nous sommes de ceux qui savent attendre avec patience et qui implorent dans une prière humble, confiante et persévérante les secours dont ils ont besoin pour marcher à la rencontre du Seigneur, pour se sanctifier et aider les autres à se sanctifier. Agir ainsi, c’est ni plus, ni moins s’exercer à l’Espérance surnaturelle, cette vertu fondamentale dont Dieu est à la fois la source et le terme. L’espérance n’est pas une vertu passive, contrairement à ce que l’on pourrait croire, mais une vertu éminemment active, extrêmement laborieuse, car il faut travailler, il faut lutter pour acquérir les biens que l’on espère. Mais n’est-ce pas tout le sens du message que Jean-Baptiste nous transmet aujourd’hui à la suite du prophète Isaïe : « Préparez le chemin du Seigneur ».
« L'humanité de Notre Seigneur est un sacrement, le sacrement des sacrements. »
Un théologien, le Père Schwalm, a eu ce mot admirable : « L'humanité de Notre Seigneur est un sacrement, le sacrement des sacrements. »
On ne peut exprimer d'une manière plus parfaite la foi chrétienne telle qu'elle est définie au Concile de Chalcédoine où est affirmée justement la pleine réalité de la nature humaine en Jésus.
Jésus est pleinement humain, mais son humanité est diaphane. Elle est transparente, elle est un pur sacrement. C'est l'humanité-hostie, une humanité qui ne témoigne pas d'elle-même, qui ne peut témoigner d'elle-même, mais toujours de Dieu, humanité où Dieu personnellement se révèle et se communique, si bien que tout ce que cette humanité vit, éprouve, sent, exprime, révèle, c'est Dieu. Comme caution infinie de toute cette vie humaine de Jésus, il y a l'éternité de Dieu.
On a pu dire que Jésus est éternellement naissant, éternellement enfant, éternellement adolescent, éternellement enseignant, éternellement ouvrier, éternellement mourant, éternellement crucifié, dans ce sens que les dispositions qui l'animaient à chacune des phases de sa vie mortelle demeurent éternellement.
Mais il faut aller plus loin. A travers l'humanité de notre Seigneur, il faut percevoir la divinité.
Mais alors, il y a donc dans la divinité quelque chose d'essentiel, d'éternel qui correspond à la douleur humaine que Jésus a connue ? Il y a en Dieu éternellement une réalité qui est la cause de la mort de Jésus.
Et, d'une certaine façon, on peut dire que c'est Dieu qui meurt ? Que c'est Dieu qui souffre.
Et non seulement on peut le dire. Pour donner justement à la passion ses dimensions, il faut dire que Dieu souffre et que Dieu meurt.
Comment cela est-il possible ? Comment Dieu peut-il souffrir ?
Cela est aisé à concevoir, si l'on se place dans ce monde du dialogue, dans ce monde personnel, dans ce monde d'amour. L'amour possède justement ce pouvoir d'identification qui est unique et merveilleux. L'amour peut vivre les états de l'être aimé ; une mère peut vivre la vie de son fils, mieux que lui, en lui, pour lui.
J'ai connu une mère, une mère parfaite qui était une colonne de prière, une mère entièrement désintéressée qui n'attendait plus rien de personne et à laquelle on avait arraché son fils.
Son mari, qui était une brute, lui avait interdit de le baptiser, lui avait interdit de lui communiquer ses convictions religieuses, l'avait confinée dans le rôle de mère nourricière.
Et cette femme, pendant plus de trente ans, avait porté la vie de son fils déchu, de son fils misérable, de son fils déshonoré, de son fils coupable, non qu'elle ressentît le moins du monde le déshonneur pour elle-même.
Elle était tellement absente de soi-même, tellement donnée, tellement ouverte, tellement généreuse, tellement identifiée à son fils qu'elle vivait vraiment pour lui, en lui avec lui, plus profondément que lui car, justement, dans son innocence extraordinaire, dans sa pureté intacte, elle mesurait mieux, elle vivait d'une manière plus déchirante, la déchéance de son fils.
Et elle l'attendait. Elle devait le revoir, dévoré par la tuberculose, en attendant que la mort le consumât. Et elle était là, le veillait le jour et la nuit, sans ouvrir la bouche, sans évoquer cette proximité de la mort, ni les responsabilités qu'un être humain peut encourir ; elle était là, toute donnée, silencieuse, agenouillée, comme Jésus au lavement des pieds.
Et ce fils, en un instant, repassant toute sa vie, voulut avoir la religion de sa mère. Soudain, il voulut se donner à cet amour qui s'était révélé à lui depuis si longtemps sans qu'il comprît ce message.
Et c'est à travers cet évangile vivant, le seul évangile qu'il dût jamais connaître, à travers cet évangile vivant de sa mère, qu'il avait rencontré le visage infiniment plus maternel de Dieu.
Et c'est à travers cette femme que j'ai compris que la joie de Dieu, ce n'était pas la joie de celui qui possède tout et qui garde tout, mais la joie de celui qui ne peut plus rien perdre parce qu'il a tout perdu, parce qu'éternellement il s'est vidé de lui-même, parce qu'éternellement il s'est communiqué dans la pauvreté mystérieuse de la Trinité adorable où « je est un autre ».
Cette femme, elle n'attendait plus rien, elle ne pouvait plus rien perdre parce qu'elle avait tout donné et tout perdu, et elle aimait ce fils d'un si grand amour qu'elle ne pouvait l'aimer davantage. Elle l'aimait tellement pour lui que son amour se colorait des états de son fils.
Son amour était douloureux et crucifié quand son fils était malheureux et déchu ; et quand ce fils radicalement se convertit, se donna enfin à cet amour qui avait si longtemps attendu, elle ne put l'aimer davantage puisqu'elle l'aimait parfaitement.
Mais son amour se colora des nouveaux états de son fils et puisqu'il était dans la joie, puisqu'il était dans la lumière, puisqu'il était dans la paix, son amour laissa passer, comme un beau vitrail, ce soleil de la joie et de la résurrection.
C'est par-là que je compris que Dieu souffre, qu'il souffre pour nous, en nous, avant nous, plus que nous, comme une mère intérieure à nous-même.
Il ne souffre pas d'une souffrance qui peut l'affecter en le détruisant, comme fait une douleur passionnée chez un être qui n'est pas encore entièrement purifié.
Non, Dieu souffre de cet amour d'identification qui est le pur amour, l'amour sans réserve, l'amour sans retour, l'amour qui est pur don et qui est justement l'éternel berceau de notre vie.
C'est pourquoi au-delà et à travers l'humanité crucifiée de notre Seigneur, il faut que notre joie découvre la douleur mystérieuse, la douleur infinie, la douleur maternelle de l'éternelle divinité, et que cela illumine d'un jour unique le sacrifice de la croix.
A qui ce sacrifice est-il fait ? Sinon finalement à l'amour, à l'amour blessé en nous, à l'amour infini, blessé en nous, par nous et pour nous.
Lorsque des conversations roulent sur la politique, sur les races, sur les oppositions d'opinions ou de cultures, de civilisations ou de religions, on sent parfois qu'elles vont prendre un tour passionné.
On sent que la mauvaise foi va s'installer dans le débat, parce que c'est un débat axé non plus sur la recherche de la vérité mais sur l'affirmation de soi-même et de ses partis pris.
Et on sent bien alors qu'il faut protéger la vérité, il faut apporter la respiration du silence, il faut détendre l'atmosphère, il faut dépassionner le débat en lui apportant cette lumière discrète d'une générosité agenouillée devant la vérité et qui ne souffre pas que la vérité soit confisquée, monopolisée, défigurée et possédée.
Et on sent bien alors qu'en effet, pour protéger la vérité, il faut soi-même se démettre de soi-même, il faut renoncer à s'affirmer d'une manière passionnelle, il faut laisser la vérité se faire jour dans le silence du respect et de l'amour.
C'est cela que la croix veut réaliser. C'est cela qui resplendit dans l'humanité crucifiée de notre Seigneur : l'attente éternelle de l'amour, de cet amour qui veut nous communiquer tout ce qu'il est, de cet amour qui est, comme dit saint Augustin, la vie de notre vie, l'attente de cet amour auquel nous opposons notre indifférence.
Cet amour que nous avons si souvent refusé, dans les petites choses plutôt que dans les grandes, mais refusé tout de même, c'est cela qu'il veut opérer. Il veut sauver, sauver cette flamme à l'intérieur de nous-même, il veut sauver cet amour blessé en nous, par nous et pour nous.
Afin de créer en nous un espace de générosité – comme ce fils qui reconnut enfin le visage de sa mère et, à travers le visage de sa mère, l'éternelle maternité de Dieu – à travers les plaies, les plaies sacrées de notre Seigneur imprimées dans les stigmates de saint François d'Assise, à travers la douleur, il nous faut regarder et adorer le visage du Dieu-Mère, qui est plus mère que Marie encore, infiniment : il est Père éternellement, mais il est mère aussi éternellement et tout ce qu'il y a de tendresse, de grandeur et de générosité dans l'amour des mères n'est que le rejaillissement lointain, l'écho assourdi de son amour.
Il nous faut donc regarder au fond de nos cœurs, où il nous attend, cet amour blessé en nous et pour nous, cet amour qui donne au mal ce visage déchirant quand le mal devient quelqu'un.
Cet amour devient alors cette mère qui attend, cette mère crucifiée, cette mère jamais lasse d'aimer et qui aujourd'hui sollicite notre cœur afin qu'il comprenne que le bien n'est pas quelque chose à faire mais quelqu'un à aimer.
S'il faut éviter le mal, c'est qu'il déchire, il déchire un cœur infiniment maternel.
A travers le cœur de Marie qui se tint debout au pied de la croix, à travers tous les miracles de l'amour maternel, à travers tout cet héroïsme humain qui témoigne de la tendresse divine, il nous faut en nous adorer ce visage du Dieu-Mère et nous offrir à son amour avec tout l'élan discret et silencieux de notre amour.
Article de Maurice Zundel dans La revue des Carmes de Bruxelles, « Foi Vivante », en 1962. Repris dans le livre Dans le silence de Dieu, tome 2, p. 221
N’attendons pas davantage frères et sœurs, pour nous remettre à l’ouvrage -secouons notre torpeur !- en demandant à Celle qui est Notre Dame de l’Avent, la Mère de Miséricorde cette "Terre assoiffée" qui attend la "rosée céleste", de nous stimuler, de nous soutenir et de nous accompagner jusqu’au bout. N’est-elle pas « la Mère de notre Espérance » ? Avec Elle, tout est possible. Amîn.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 4,18-22.
En ce temps-là, comme Jésus marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs.
Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela.
Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.
Une Prière de Saint Isaac le Syrien:
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Seigneur,
quand ton Esprit Saint
vient habiter dans un homme,
cet homme ne peut plus cesser de prier, car l'Esprit en lui prie sans cesse.
Qu'il dorme, qu'il Veille,
dans son coeur la prière est toujours à l'oeuvre.
Qu'il mange, qu'il boive,
qu'il se repose ou qu'il travaille, l'encens de la prière monte spontanément de son coeur.
La prière en lui n'est pl
us liée à un temps déterminé, elle est ininterrompue.
Même durant son sommeil, elle se poursuit, bien cachée.
Car le silence d'un homme qui est devenu libre
est en lui-même déjà prière.
Ses pensées sont inspirées par Toi, mon Dieu.
Le moindre mouvement de son coeur est comme une Voix qui, silencieuse et secrète,
chante pour Toi l'Invisible.
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Sainte Mère du Rédempteur Porte du ciel, toujours ouverte, étoile de la mer viens au secours du peuple qui tombe et qui cherche à se relever. Tu as enfanté, ô merveille ! Celui qui t’a créée, et tu demeures toujours Vierge. Accueille le salut de l’ange Gabriel et prends pitié de nous, pécheurs.