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24 octobre 2014 5 24 /10 /octobre /2014 09:35

VERS LA PRIERE PURE...

 

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Lorsque tu veux te recueillir en solitude pour la prière, laisse de côté tous ce que tu faisais ou que tu avais l’intention de faire.

Ne cherche pas à prier avec des mots, à moins de t’y sentir porté ; ou si tu pries avec des mots, ne leur prête pas d’attention, ni s’ils sont peu nombreux ou beaucoup, ni leur sens.

Ne te mets pas en peine de la nature des prières, car il n’importe qu’elles soient des prières liturgiques ou non, des psaumes, des hymnes ou des antiennes ; qu’elles soient des prières d’intention générale ou particulière ; des prières intérieures, exprimées en pensée, ou des prières vocales exprimées par les paroles.

Veille seulement à ce qu’il n’y ait rien qui occupe ton esprit sauf une seule intention, un simple regard fixé sur Dieu, sans que vienne s’y mêler aucune pensée particulière sur lui, ce qu’il est en lui-même, ou ses œuvres.

Retiens seulement la conscience nue qu’il est ce qu’il est. Oui, qu’il soit tel qu’il est : ne le conçois pas autrement, je t’en prie. Ne cherche rien de plus à son sujet, mais fixe-toi en cette foi comme sur le roc.

Ce regard fixé vers Dieu, dépourvu d’idées et ancré consciemment dans la foi, laissera ton esprit et tes sentiments dans un vide, sauf une pensée dépouillée et un sentiment obscur de ton propre être. Ce sera comme si tout ton désir criais vers Dieu et tu lui disais :

Ce que je suis, ô Seigneur, je te l’offre, 

sans m’arrêter à aucune des qualités de ton être, 

mais en affirmant seulement 

que tu es ce que tu es, et rien de plus ! 

Que pour toi cette paisible obscurité soit tout ton esprit et comme un miroir. Car je veux que ton idée de toi-même soit aussi nue et simple que ton idée de Dieu, afin de devenir un avec lui en esprit, sans dispersion ni distraction.

Il est ton être et c’est en lui que tu es ce que tu es, non seulement parce qu’il est la cause et l’être de tout ce qui existe, mais parce qu’il est ta cause et ton être.

Donc dans cette œuvre contemplative, pense à Dieu comme tu penses à toi-même : qu’il est comme il est, que tu es comme tu es. Ainsi, ta pensée ne sera pas dispersée ni divisée, mais unifiée en celui qui est tout. 

En même temps, garde en esprit la distinction entre lui et toi : il est ton être mais tu n’es pas le sien.

Tout existe en lui comme source et être et il est en tout comme cause et être. Cependant demeure une distinction fondamentale : lui seul est sa propre cause et son être. […]

Puisque cela est la vérité, que la grâce unit ton esprit et tes sentiments à lui, alors que tu t’efforces de rejeter toutes recherches subtiles sur les qualités de ton être aveugle et du sien.

Que ta pensée soit tout-à-fait nue et tes impressions intègres et toi-même tout simplement comme tu es, alors, le toucher de la grâce te nourrira de la connaissance expérientielle de Dieu tel qu’il est.

Mais en cette vie ce sera toujours dans l’obscurité et d’une manière partielle, si bien que ton désir languissant ne cessera jamais de s’aviver.

Alors lève les yeux dans la joie et dis à ton Seigneur, en mots ou en désir :

Ce que je suis, Seigneur, je te l’offre ;

car tu es éminemment ce que je suis.

Et n’avance plus, mais repose-toi en cette conscience,

pure et simple, que tu es tel que tu es.

Épître de la direction intime. Traduit de l’anglais.

Texte complet dans Alain Sainte-Marie, 

La quête de la sagesse, Seuil (Sa 199), 2004.

L’Épître de la direction intime est attribuée au même auteur anglais anonyme du XIVe siècle que Le nuage de l’inconnaissance. Ces écrits mystiques, fortement influencés par le mystérieux Denys l’Aréopagite, le « Pseudo-Denys », se situent dans la tradition de la théologie apophatique, qui affirme que de l’essence divine il n’est possible d’avancer que des propos négatifs : « Dieu n’est pas ceci ou cela ».

Des traductions latines de La théologie mystique du Pseudo-Denys – très court texte qui exprime dans un langage dense et sublime l’essence de l’apophatisme chrétien –, circulaient largement en Occident au Moyen-Âge.

La théologie apophatique doit être complétée par la théologie cataphatique (positive) : par ses énergies divines, qui sont Dieu lui-même, Dieu se révèle dans sa création et il est possible de parler de Dieu en termes positifs : « Dieu est Lumière » ; « Dieu est Amour » (1 Jn 1, 5 ; 4, 8).

Le court extrait de l’Épître de la direction intime ci-dessus tire les conclusions pour la vie de prière de la théologie apophatique, dont on trouve déjà des échos chez Évagre le Pontique au IVe siècle. Nous sommes à la porte de la prière contemplative pure – mais ce n’est pas la seule porte. 

 

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24 octobre 2014 5 24 /10 /octobre /2014 09:32

(3) — Lorsque l'enfant est grand, l'éducateur  s'adresse surtout à sa raison.

 

L'enseignement moral est nécessairement un enseignement religieux.

 

L'enfant, désormais, n'aspire plus seulement à un bien qui réponde à ses besoins, à ses tendances personnelles. En lui s'est formé l'amour du bien pour lui-même, du bien comme étant l'expression de la volonté divine — l'idée d'un bien à réaliser par lui pour se soumettre à cette volonté nécessai­rement bonne. C'est le moment de s'adresser à sa raison, de développer sa bonne volonté, c'est-à-dire sa volonté du bien — le sens de sa personnalité.

 

Tous nos devoirs sont des devoirs envers Dieu.

 

L'enseignement qu'on pourra lui donner, il le comprendra, parce que cet enseignement ne fera que formuler ce qu'il sait déjà, ce qu'il a senti et prati­qué. L'enfant a désormais l'habitude d'agir par de­voir, et l'idée du devoir se confond pour lui avec celle de l'accomplissement de la volonté divine. Il peut savoir maintenant que le sentiment moral, c'est-à-dire le désir et l'amour de la perfection, est comme un reflet de la volonté divine en nous — que tous nos devoirs sont des devoirs envers Dieu.

 

« Connaître, aimer et servir  Dieu ».

 

Connaître Dieu, c'est appliquer notre pensée à l'idée de la perfection suprême, réalité vivante qui nous pousse et qui nous attire. C'est vouloir déve­lopper notre intelligence, et l'orienter dans le sens de la perfection — c'est l'orienter vers Dieu;

 

— 44 —

Aimer Dieu,c'est avoir l'amour de la perfection, c'est aimer ce que Dieu aime, c'est aimer les hom­mes, ses enfants. C'est répandre autour de nous l'a­mour de la perfection en donnant de bons exem­ples, en nous dévouant au bien des autres dans la famille, dans la société, dans toute relation humaine.

 

Servir Dieu, c'est accomplir en toute chose sa volonté — qui ne peut être que la volonté du bien.

 

«Connaître», «aimer» et «servir» Dieu, c'est croi­re au triomphe du bien — même quand on voit ré­gner le mal: c'est travailler à ce triomphe — bien que la participation soit infime, infiniment petite — en se perfectionnant soi-même et en aidant les au­tres à se perfectionner.

 

Un seul enseignement donc: c'est que le sentiment moral et le sentiment religieux ne sont qu'un.

 

Le  sentiment  religieux,  anime,  vivifie le sentiment du devoir.

 

Un seul enseignement donc: c'est que le sentiment essentielle. — Lorsqu'il aura compris ces grandes vérités, l'enfant devenu grand saura qu'il est une personne, douée de raison, de volonté. Que ces qualités sont des reflets de la lumière divine, et qu'à ce titre il doit s'en servir pour se rapprocher de lui. Il aura acquis une conscience morale sûre, solide, car le sentiment religieux — l'amour de Dieu — donne une singulière force au sentiment du devoir.

 

CHAPITRE  IV

 

VALEUR DE LA CONSCIENCE MORALE

 

La conscience est une « image de Dieu en nous ».

 

Tâche difficile, semble-t-il, de travailler à l'épa­nouissement de la conscience morale en un être hu­main; mais combien attachante et glorieuse ! Et qui mérite bien l'effort, quand on réfléchit à la valeur extra­ordinaire de la conscience.

 

N'est-il pas en effet admirable que notre raison et notre volonté nous imposent des règles de conduite, souvent contraires à nos plus chers désirs ! Ne faut-il pas que notre âme «ait découvert intérieurement une beauté bien exquise dans ce qui s'appelle de­voir» et la conscience n'est-elle pas vraiment «une image de Dieu en nous ?»

 

Avec quel soin, avec quel amour les parents ne doivent-ils pas s'attacher à développer chez leurs enfants le germe divin de la conscience morale ?

 

Nous devons élever nos enfants pour eux et non pour nous.

 

Pour les aider, les soutenir et les éclairer, ils pos­sèdentl'amour naturel — c'est-à-dire voulu de Dieu — qu'ils ont pour leurs enfants et que leurs enfants ont pour eux.

 

Ils ont aussi les conseils de la foi qui leur rappel­lent cette grande vérité: Nous ne devons pas élever nos enfants pour nous, mais pour eux — c'est-à-di­re en vue de leur propre vie humaine et de leur destinée éternelle.

 

Il suffît donc, pour bien élever nos enfants, pour travailler à l'épanouissement de leur conscience, il suffit de veiller à ne pas introduire l’égoïsme dans l'amour que nous leur portons — dans cet amour paternel et maternel qui, de sa vraie nature — celle que Dieu lui attribue — est le modèle de l'amour — c'est-à-dire du désintéressement.

 

FIN

 

[Extrait de : L’ÉVEIL de la CONSCIENCE.  Mme Laure Lefay-Alaux  (1939)]

 

 

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24 octobre 2014 5 24 /10 /octobre /2014 09:24


Par Saint Grégoire de Nysse (vers 335-395), moine et évêque .Vie de Moïse ; S.C. 1, p. 93 s 
Ste Clothilde au Baptème de Clovis

Sauvés par l'eau


Tout homme qui entend le récit de la traversée de la Mer Rouge comprend quel est ce mystère de l'eau, dans laquelle on descend avec toute l'armée des ennemis et de laquelle on émerge seul, laissant l'armée des ennemis engloutie dans l'abîme.


Qui ne voit que cette armée des Égyptiens, ce sont les diverses passions de l'âme auxquelles l'homme est asservi: sentiments de colère, mouvements divers de plaisir, de tristesse ou d'avarice ?


Toutes ces choses se précipitent dans l'eau à la suite de l'Israélite qui est l'objet de leur poursuite haineuse. 

Mais l'eau, par la vertu du bâton de la foi et la puissance de la nuée lumineuse, devient principe vivifiant pour ceux qui y cherchent un refuge et principe de mort pour leurs poursuivants.


Par là l'histoire nous enseigne que ceux qui traversent l'eau sacramentelle ne doivent plus rien traîner avec eux de l'armée ennemie de leurs passions une fois qu'ils ont émergé. 

Ceux qui ont encore l'ennemi avec eux en sortant de l'eau demeurent son esclave; n'ont-ils pas gardé avec eux le tyran vivant, au lieu de l'engloutir dans l'abîme?

 

Qu'ils écoutent l'explication du Credo pour comprendre le mystère de l'eau : tous ceux qui passent par l'eau sacramentelle du baptême doivent faire mourir dans l'eau tous les vices qui leur font la guerre : l'avarice, les désirs impurs, l'esprit de rapine, les sentiments de vanité et d'orgueil, les élans de colère, la rancune, l'envie, la jalousie, ainsi que les autres passions de la nature.

 

Ces mauvais mouvements de l'âme et les actes qui en découlent, il en est comme du mystère de la Pâque. De même que dans ce mystère, la loi nous ordonne de manger le pain azyme, qui n'a pas été mêlé de vieux levain, de même doit-on ensevelir toute l'Égypte, c'est à dire toute forme de péché dans le bain du salut et en émerger seul, libre de toute servitude. 

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24 octobre 2014 5 24 /10 /octobre /2014 09:13

Miracle de St Grégoire (Parumala Thirumeni) 

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Chers amis de notre Archidiocèse de France et du Cameroun.


Je vous traduis ici le récit que nous communique aujourd'hui par "Facebook" les "Nouvelles du Catholicosat":


L'Evêque (Thirumeni )fit le signe de la croix avec de l'huile bénite et dit .......... 

grégorios


La fille Chalil Annam (sœur de la célèbre Chalil Kochu Koré qui a été marié à la famille Tharakan) avait une douleur intense sous le genou. 


C'était si grave qu'une tache noire se développait sur la zone touchée. 


Elle subit de nombreux traitements sous les directives de plusieurs physiciens.


Mais c'est en vain que les spécialistes exerçaient leurs efforts. 


Alors que le Saint Evêque ( Thirumeni ) visitait l'église Mulanthuruthy, Annam , elle y arriva avec des cadeaux pour l'Evêque et lui parla de sa maladie. 


Thirumeni fit alors le signe de la croix avec de l'huile bénite et promit  que la maladie serait bientôt guérie . 


C'est ce qui arriva après une ou deux semaines.

Grégorios Photo


Fils et filles de France et du Cameroun. Du 26 Octobre au 3 Novembre, n'omettons-pas de prier avec ferveur Saint Gregorios de Parumala!


Soyons tous présents au Monastère Syriaque de Notre-Dame de Miséricorde (En France) le dimanche 2 Novembre 2014 en union spirituelle avec tous nos frères et soeurs de l'Eglise-mère Orthodoxe Malankare !


Avec l'assurance de mes prières. Aloho m'barekh !


Votre fidèlement.


+Mor Philipose-Mariam      

 

Gregorios Photo retouchée 


                                                                                                                     

Dear friends of our Archdiocese of France and Cameroon. 


I will translate the story here that we communicate today "Facebook" the "News of the Catholicosate" 


Miracle of St. Gregory (Parumala Thirumeni) 


Bishop (Thirumeni) made ​​the sign of the cross with holy oil and said .......... 


The girl Chalil Annam (sister of the famous Chalil Kochu Korah who was married to the Tharakan family) had severe pain below the knee. 


It was so severe that a black spot grew on the affected area. 


She underwent many treatments under the guidance of several physicists. 


But it was in vain that the experts performed their efforts. 


As the Holy Bishop (Thirumeni) visited the church Mulanthuruthy, Annam, she arrived with gifts for the Bishop and told him about her illness. 


Thirumeni then made ​​the sign of the cross with holy oil, and promised that the disease would soon be healed. 


This is what happened after one or two weeks. 


Son and daughters of France and Cameroon. From October 26 to November 3, do not fail to pray fervently Saint Gregorios of Parumala! 


Let us all be present at the Syriac Monastery of Our Lady of Mercy (in France) Sunday, November 2, 2014 in spiritual union with all our brothers and sisters of the Mother Church Malankara Orthodox! 


With the assurance of my prayers. Aloho m'barekh! 


Your faithfully. 


 + Mor Philipose Mariam    

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24 octobre 2014 5 24 /10 /octobre /2014 09:11

La foi inébranlable du Saint Métropolite Gregorios  en Dieu .

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Vettikkal Dayara fut  la pépinière où s'épanouit la croissance spirituelle de de Mar Gregorios.

                                                                                             Il n'avait que 23 ans quand il fit profession en tant que Ramban: Moine-Prêtre . Un incident intervin lors de son séjour à Vettikkal Dayara qui apporte une preuve de sa foi inébranlable en Dieu.

Il arriva qu'un gros  gonflement apparut sur l'arrière du corps de Rambachan. 

Les médecins locaux pensaient que ce gonflement  douloureux pouvait être dangereux.                                     Cela a causa naturellement  beaucoup de peur et d'angoisse chez ses disciples et serviteurs.  

Mais Rambachan , lui, ne s'en est  point inquiété .               Quand son père arriva pour le visiter et lui apporter quelques .médecines ayurvédiques . Rambachan ne les refusa pas; il les conserva dans sa chambre sans les utiliser.                                                                                 Son srviteur Cheriya qui avait introduit les potions médicales, s'attarda  un certain temps pour lui proposer de l'appliquer sur son dos. 

Mais Rambachan (St Gregorios) le tranquilisa en disant:     "Ne vous inquiétez pas, ce gonflement est venu de lui-même, il repartira de lui-même !"

C'est ainsi que, tranquilisé, le vieux serviteur Cheriya, repartit confiant que ce gonflement disparatrait. Ce qui, effectivement se passa.

Nous voyons en cet épisode que la confiance  en Dieu du Saint Evêque ne fut, en cette circonstance comme en d'autres, inébranlable ...

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23 octobre 2014 4 23 /10 /octobre /2014 08:12
Droits de l’enfant, une avancée ou un péril ?
(Ecrit le 22 oct 2014 à 13:45 par Cyril Brun  dans "Nouvelles de France" Poing de vue)

vierge au manteau

 

Le 20 novembre prochain, nous fêterons les 25 ans de la convention des droits de l’enfant. Deux siècles après la déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, le monde, subitement, ressent le besoin de préciser les droits de l’enfant.

Si louable que cela soit, ce n’est pas sans poser de multiples problèmes et le premier est de constater que les droits de l’Homme ne suffisent pas à protéger le plus faible d’entre eux, l’enfant.

Devrait-on donc préciser, Déclaration des Droits de l’homme adulte (sans majuscule alors) ?

Car qu’elle est la différence entre un enfant et un adulte ? La majorité légale ?

C’est en tout cas ce que suggère l’article premier de cette convention. Ainsi, dans la nuit de ses 17 à 18 ans, l’enfant devient homme et n’a automatiquement plus les mêmes droits que la seconde avant minuit.

Il y a là une aporie évidente qui coupe l’être humain en deux, comme une discontinuité. Or cette discontinuité est d’autant plus injustifiée qu’elle porte sur la dimension anthropologique de l’Homme.

La convention, en effet, ne s’occupe pas de donner des droits civiques, comme la possibilité de voter, d’être jugé et les devoirs qui vont avec. L’objet de ce traité international est la protection de l’enfant. Et sans doute aurait-il mieux valu l’appeler ainsi. Car à proprement parler ce texte n’accorde à l’enfant aucun droit supplémentaire par rapport à l’adulte.

Il est simplement reconnu son état de dépendance et de fragilité. Dépendance biologique et naturelle vis-à-vis de ses géniteurs (il a besoin d’eux pour se nourrir et se développer), mais aussi dépendance juridique et légale vis-à-vis de la loi et des institutions.

En réalité, cette convention cherche plus à protéger les droits inhérents à toute personne humaine que l’enfant n’est pas en capacité de faire valoir lui-même.

Et pour ce faire, certaines précautions et préventions sont mises en avant et c’est à proprement parler cela qui constitue ces fameux « droits de l’enfant ».

Il s’agit en fait, de donner aux enfants les moyens de faire respecter les droits qui sont les leurs non pas en tant qu’enfant, mais comme personne humaine.

Ceci étant, les enfants n’agissent pas directement et ont besoin de tiers pour cela. Finalement ce texte est un recours donné aux enfants ou à un tiers pour assurer leur dignité.

Aussi parler des droits de l’enfant est un raccourci abusif et trompeur. Et il est important de rappeler que les enfants ont par nature, les mêmes droits que les adultes, parce qu’ils partagent la même nature et dignité humaine.

Cette charte, en revanche leur accorde non un droit supplémentaire, mais une protection supérieure, étant donné leur état de faiblesse et de dépendance.

Il aurait donc mieux valut intitule cette charte « convention pour la protection des droits de l’homme encore enfants ».

Certes, il faudrait revenir sur cette habitude, suicidaire pour la dignité humaine, de parcelliser les droits. Droits de l’enfant, des femmes, des gays etc. Car cette compartimentation crée d’une part un sectarisme et finit à terme par mettre en concurrence ces droits. Que l’on pense à l’opposition entre le droit de la femme et de l’enfant sur sa propre vie. Cette segmentation des droits crée, en fait (et non en vérité), un écartèlement de la personne humaine. C’est une crise identitaire et existentielle permanente qui nous fait revenir des siècles en arrière, lorsque les grecs pensaient que la femme était d’une race différente et inférieure.

Il n’y a qu’une seule dignité humaine partagée par tout être humain quels que soient son sexe et son âge.

Mais il y a des situations de faiblesses et de fragilités qui supposent de renforcer la protection où la défense, voire la promotion de ces droits. Les enfants et les femmes en sont un exemple, mais les personnes âgées, les handicapés, tout autant. La vraie question n’est pas d’ajouter ou de retrancher des droits et encore moins de basculer, de par la majorité, d’un droit à l’autre. La véritable problématique qui sape tout l’édifice et l’ensemble des droits, c’est de savoir ce que recouvrent ces droits fondamentaux. Lorsque la convention, à longueur d’articles, cherche à défendre « l’intérêt supérieur de l’enfant », celui-ci n’est jamais explicitement défini. Au mieux quelques considérations matérielles, très vagues (la maturité) nous sont-elles apportées. Or, si les droits d’un enfant sont fondamentalement les mêmes que ceux d’un adulte, les besoins qu’expriment ces droits ne sont pas les mêmes à tout âge. Avoir droit au développement et à la maturité physique et intellectuelle est un droit de l’enfant comme de l’adulte. Mais il ne recouvrira pas les mêmes réalités. Or, la charte ne précise en rien ce développement, ni ce qui caractérise sa réalisation. Et ce n’est pas la nuit de la majorité qui fait basculer ce développement et cette maturité.

En revanche, la convention ne fait aucun état des besoins fondamentaux de l’enfant pour son développement. Et ceci parce que ce traité ne s’intéresse nullement à ce qu’est un enfant, c’est-à-dire un adulte en devenir, à savoir un homme avec toute sa dignité. Ainsi, la dimension familiale de l’enfant n’est indiquée que dans son rapport légal et non pas anthropologique. Les notions de père et mère sont réduites à des entités légales. Certes, la responsabilité éducative est évoquée, mais le rôle de l’Etat dans cette éducation est aussi largement mis en avant.

Peut-être pourrions-nous dire qu’à l’époque, la filiation père mère semblait aller de soi et qu’il n’était pas besoin de préciser qu’un enfant avait besoin d’un père et d’une mère. Mais ce droit, qui n’est pas celui des seuls enfants, est une nécessité pour le développement et l’équilibre de tout homme. Et en effet, la convention n’aborde pas ce sujet.

Il est donc, me semble-t-il, urgent de redéfinir les droits de l’enfant dans leur lien intime avec la dignité de tout homme et ainsi de préciser de façon explicite ce fameux « intérêt supérieur ». Car ce flou ouvre à toute les interprétations et manipulations et in fine, à une véritable déshumanisation de l’enfant et, au-delà, de l’adulte en devenir.

L’Eglise catholique a promulgué il y a quelques années une charte de la famille qui respecte cet équilibre entre les droits, faisant de la famille le lieu naturel d’une transition qui l’est tout autant.

Car fondamentalement l’homme est un être qui se construit dans la relation et la différence et non dans la segmentation et la particularisation.

Qu’il faille parfois protéger les plus faibles contre les abus de la famille ou des Etats est un fait. Mais protéger ce qui fait défaut ne veut pas dire détruire ce qui est bon par nature.

En résumé, cette convention sera réellement bonne, si elle se redéfinit comme protection de la dignité humaine de l’enfant et si elle explicite cet intérêt supérieur en adéquation avec sa vérité anthropologique.

Voilà à mon sens ce que devrait être ce 25 ème anniversaire.

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22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 18:54

L'amour du beau, naturel à l'enfant, offre une occasion d'embellir sa conscience.

 

L'enfant, comme nous l'avons vu, est naturelle­ment — c'est-à-dire selon sa nature divine, — natu­rellement désireux d'être beau — beau au point de vue physique, beau au point de vue moral.

 

C'est qu'il aime naturellement le beau, et qu'il s'en revêt comme il en revêt ceux qu'il aime: «Ma jolie maman !» C'est un mot de tendre admiration que nous avons tous pu entendre prononcer avec une sorte d'extase, une joie profonde, par des en­fants devant la mère qui s'est parée plus que d'habi­tude, quand ils sont petits; devant la mère accom­plissant pour eux une action qui leur semble pénible, quand ils sont plus grands. Ce mot contient alors plus que de l'admiration: de la reconnais­sance. Mais toujours, la joie de trouver la maman «belle», physiquement ou moralement. Cette joie de la beauté morale de leurs parents se manifeste ensuite devant un acte dont ils ne sont pas bénéficiaires, devant l'expression d'une pensée généreuse: « Comme c'est beau, ce que tu as dit, mon papa!» Le beau est alors aimé pour lui-même, comme une forme du parfait; bien plus: il est pour l'enfant et il reste pour l'artiste l'image sous laquelle se repré­sente tout bien; il est le bien même.

 

Qui ne voit tout le parti que les parents peuvent tirer de ce sentiment pour «embellir» la conscience de leur enfant ? «C'est laid de mentir. Quand tu mens, que tu trompes tes parents, tu es laid, ton âme est salie; elle n'est pas belle». L'enfant est mal­heureux d'être laid; il est par là même détourné de ce qui lui procure cet état désagréable: «Tu es gen­til d'avoir choisi comme ami le petit camarade que tu voyais délaissé; tu as un joli petit cœur; il plaît au bon Dieu». L'enfant est heureux, et le voilà prêt à reproduire ce qui lui procure ce bonheur.

 

Il ne faut pas plus redouter de faire à un enfant l'éloge de sa conduite quand elle est bonne, que de l'en blâmer quand elle est en défaut. L'essentiel est que le blâme ou l'éloge soit juste; que l'un ne soit pas une manifestation d'impatience; l'autre, une flatte­rie pour obtenir quelque chose de l'enfant. Il s'agit de juger ses actions de manière qu'il les juge lui-même mauvaises ou bonnes, et qu'il veuille s'appli­quer à rejeter les unes à adopter les autres.

 

L'appel au sentiment du beau qu'il porte en lui, évite que l'enfant se sente contraint d'agir comme ses parents le veulent,contribue à former en lui la volonté du bien, et l'habitude à agir de lui-même au nom de cette volonté.

 

L'enfant  devient accessibles  aux émotions morales.

 

Nous venons de voir l'enfant aimer, admirer ar­demment le beau. C'est qu'il est maintenant capable d'éprouver des émotions non seulement du cœur, mais de l'intelligence, de l'être tout entier: des émo­tions de l'âme. Dès sept ou huit ans, l'enfant s'indi­gne ou s'enthousiasme suivant qu'on lui présente une vilaine ou une belle pensée; suivant qu'il est té­moin d'une action mauvaise ou bonne.

 

Comme à cet âge, il commence généralement à aller à l'École, les moyens sont nombreux de déve­lopper sa conscience en utilisant cette disposition aux émotions morales.

 

Il faut « supposer »  le bien et d'abord  ne pas

se méfier de  la bonne volonté de l'enfant.

 

Le sens moral, en effet, nous l'avons vu, est un jugement, une manifestation de la raison; mais il est en même temps une disposition du cœur. Chez l'enfant de sept ou huit ans et même de dix ou douze, c'est encore l'élément sensible qu'il faut utiliser, il n'est pas temps de lui donner des préceptes géné­raux, de lui enseigner ce qui est bien, ce qui est mal. Il s'agit encore de lui donner le goût du bien, l'a­mour du bien.

 

Un excellent moyen, pour le maître, à l'école, pour les parents,à la maison dans leur rôle d'édu­cateur, un excellent moyen c'est de supposer le bien de ne jamais douter d'avance des bonnes disposi­tions de l'enfant. Rien ne déconcerte un enfant, ne le trouble dans sa conscience comme de lui suppo­ser une mauvaise intention quand il en a une bonne.

 

Une fillette de dix ou douze ans a été profondé­ment troublée pendant les jours de retraite de sa première communion parce que, alors qu'elle ne croyait pas possible qu'il y eût en elle rien de laid à ce moment béni, on l'a accusée un jourd'ingrati­tude parce que, n'ayant pas beaucoup d'appétit et ne voulant pas être gourmande, elle avait mangé les pommes de terre et n'avait pu manger des beignets préparés à l'intention des premières communiantes — le lendemainde gourmandise, parce que, plei­ne de regrets de son «ingratitude» de la veille, elle s'était réservée pour les beignets!... Il était donc im­possible de ne pas faire de sottises la veille de sa première communion! On n'était jamais sûre d'avoir une âme toute blanche comme sa robe, une âme jo­lie pour permettre au bon Dieu d'être content en ve­nant dans votre cœur...

 

Sa peine a été si profonde, son trouble si grand que ce fait lointain oublié depuis longtemps, assu­rément, par la maîtressequi n'avait péché que par excès de zèle... et par ignorance d'une âme d'enfant, ce fait n'a jamais été oublié de l'enfant d'alors qui l'a rapporté avec émotion vingt ans après.

 

Supposer  le   bien,    c'est   encore   présenter à l'enfant des occasions de s'enthousiasmer ou de s'indigner.

 

Supposer le bien c'est encore présenté à l'enfant des exemples où il peut le proclamer — ou bien, où il le réclamera — exemples empruntés à la vie réelle, particulièrement capables de l'intéresser parce qu'il s'agit de personnes, d'événements qu'il connaît. Dans la famille surtout on peut parler de faits im­médiats qui émeuvent la sensibilité morale de l'en­fant. A l'École, on peut évoquer des événements ac­tuels, des faits empruntés à l'histoire. Certes, tous ne sont pas beaux, tous ne sont pas moraux. Mais l'histoire donne l'occasion d'apprécier des faits réels auxquels l'enfant porte une particulière attention ; elle donne l'occasion de les juger, d'exciter l'indi­gnation généreuse aussi bien que l'enthousiasme de l'enfant. Le choix des textes étudiés met l'enfant non plus seulement en présence d'événements, de faits, mais en face d'idées, de sentiments élevés et bien exprimés, c'est-à-dire exprimés de façon que l'enfant les comprenne et les sente, qu'il en soit pénétré, que ces idées contribuent à lui donner des habitudes de penser et de sentir justes et bonnes, l'invitent à agir suivant un idéal moral qui se forme peu à peu en lui à son insu.

 

Nous trouvons ici un auxiliaire précieux dans l'amour du beau naturel à l'enfant. Le beau, c'est l'objet de l'art: L’art n'est pas autre chose que la réa­lisation du beau. C'est pourquoi tout ce qui est art — musique, peinture, poésie — tout ce qui est beau produit dans l'âme humaine une émotion particu­lière, l'émotion esthétique, que l'enfant éprouve très vivement et qui est d'ordre moral, comme le beau lui-même.

 

Aujourd'hui, l'enfant profite de plus en plus des bienfaits de l'art par l'École. Par la famille aussi car l'art peut régner au plus modeste foyer. L'art se révèle, en effet, dès que l'on sent dans un intérieur le souci de l'ordre et de l'harmonie, le goût du beau.

 

Les  émotions morales sont communicatives.

 

Une condition est nécessaire pour que l'enfant éprouve des émotions morales, c'est que ses éduca­teurs les éprouvent eux-mêmes.

 

Nous avons vu le rôle essentiel que joue dans l'é­ducation de l'enfant l'imitation de ceux qu'il aime, de ceux qu'il admire. L'enfant imite naturellement, puis intentionnellement. Mais il y a une imitation qui se fait non seulement naturellement mais spon­tanément, d'elle-même, c'est celle des émotions. Les émotions se communiquent, se propagent — comme une maladie contagieuse se propage entre personnes voisines — se communiquent entre personnes vivant en commun par l'esprit et par le cœur. C'est pour­quoi le grand moyen de faire éprouver une émotion morale à un enfant, à un élève, c'est de l'éprouver soi-même. Racontez avec émotion une action géné­reuse, lisez avec émotion une belle poésie, l'enfant qui sent l'émotion dans votre voix en est pénétré, l'éprouve à son tour. Et là, rien de calculé de la part des enfants ou du maître; de belles paroles figurant des sentiments qu'on n'éprouve pas ne por­tent aucun fruit. Ce qui touche l'enfant, c'est votre émotion vraie; ce qui l'émeut, c'est votre émotion que lui révèle la sincérité de votre accent.

 

Ici encore nous constatons la grande leçon de l'exemple. Aimons le beau, aimons le bien: que nos enfants le sachent, qu'ils le sentent. Ils l'aimeront à leur tour, et seront prêts à le réaliser, car le sen­timent est un grand mobile d'action.

 

C'est au sein de la famille surtout que fleurissent ces émotions généreuses. Les enfants n'oublient jamais une réunion de famille, une série de réunions familiales, où le papa, la maman ont lu — pour eux — une belle page, une pièce, un ouvrage exal­tant des sentiments et des actes héroïques. L'émo­tion profonde, intime éprouvée en commun se con­serve en eux comme un souvenir toujours vivant, toujours actif, toujours capable  de  les  faire   agir selon  l'idéal  proposé. 

 

(A suivre)

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[Extrait de : L’ÉVEIL de la CONSCIENCE.  Mme Laure Lefay-Alaux  (1939)]

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22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 09:03

Par Saint Hilaire (v. 315-367),

évêque de Poitiers et docteur de l'Église.Commentaire sur l'évangile de Matthieu, 6, 4-5 ; PL 9, 952-953 (trad. Orval rev.) 
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«Ils disent et ne font pas»


Le Seigneur nous avertit que les paroles flatteuses et les allures douces doivent être jugées aux fruits qu'elles produisent.

Il nous faut donc apprécier quelqu'un, non pas tel qu'il se propose en paroles mais tel qu'il est réellement dans ses actes.

Car bien souvent sous des dehors de brebis se dissimule une rage de loup (Mt 7,15).

Et de même que les épines ne produisent pas de raisin ni les ronces de figues, ainsi, nous dit Jésus, ce n'est pas en ces belles paroles que consiste la réalité des bonnes œuvres ; tous les hommes doivent être jugés d'après leurs fruits (v. 16-18). 

Non, un service qui se limiterait à de belles paroles ne suffit pas pour obtenir le royaume des cieux ; ce n'est pas celui qui dit :

-« Seigneur, Seigneur » qui en sera l'héritier (v. 21).

A quoi rimerait une sainteté qui se limiterait à l'invocation d'un nom, puisque le chemin du royaume des cieux se trouve dans l'obéissance à la volonté de Dieu ? 

Il faut donc y mettre du sien, si on veut parvenir à la béatitude éternelle.

Il faut donner quelque chose de notre propre fonds :

-vouloir le bien, éviter le mal et obéir de tout cœur aux préceptes divins.

Une telle attitude nous vaudra d'être reconnus par Dieu comme siens.

Conformons donc nos actes à sa volonté au lieu de nous glorifier de sa puissance. Car il repoussera et rejettera ceux qui se seront détournés eux-mêmes de lui par l'injustice de leurs actes. 

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21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 10:24

 (2) — Dès  que  l'enfant grandit,   il faut s'adresser  au sentiment chez lui.

 

L'amour qu'il porte à ses parents devient pour l'enfant un grand mobile  d'action.

 

Nous voyons que l'instinct, chez un être humain, disparaît peu à peu pour faire place au sentiment, à l'intelligence, à la raison.

 

L'enfant, en grandissant, sent et pense, prend des habitudes d'esprit et de cœur de plus en plus con­formes à celles de ses parents, à celles de son mi­lieu. Les actes, que l'enfant voit accomplir autour de lui et les sentiments qu'ils provoquent, les juge­ments qu'il entend porter sur les actes d'autrui lui donnent peu à peu l'habitude d'apprécier certains d'entre eux, d'en mépriser d'autres. Surtout l'attitu­de de ses parents envers lui, la satisfaction ou le mécontentement qu'ils lui témoignent suivant ses propres actions, lui apprenne à les juger bonnes ou mauvaises.

 

C'est le moment où l'enfant agit pour ressembler à ses parents; où le bien est pour lui de se confor­mer à leur désir, d'être semblable à eux — de pen­ser, de juger, d'agir comme eux.

 

Combien il est important, alors, pour les parents, d'apprécier, de juger bon ce qui est bien en soi et non ce qui leur procure à eux satisfaction! Combien ils agissent mal — sans le comprendre souvent — mal, car ils travaillent à détruire la conscience de leur enfant — quand ils approuvent ou que du moins ils ne condamnent pas des actes contraires à la probité, comme par exemple quand ils deman­dent pour leur enfants, des faveurs contraires à la simple justice. Quand ils les récompensent pour un succès mal acquis, ou les punissent lorsque, malgré leur travail, ils ne triomphent pas de certains ca­marades!

 

La droiture est une condition fondamentale pour le développement de la conscience.

 

Un constant souci des parents, une marque essen­tielle du respect de la conscience de leurs enfants doit être de les habituer à une parfaite droiture d'esprit et de cœur. N'oublions pas que le vrai est une forme du bien; que l'amour du vrai est par suite une des vertus naturelles, fondamentales sans lesquelles toutes celles qu'on prétend édifier ne sont qu"«hypocrisie», suivant la forte parole d'un mora­liste chrétien.

 

Là encore, les parents n'ont qu'à faire appel à la tendance naturelle qui porte l'enfant à imiter ses parents. Ne mentez pas devant un enfant; ne le trompez pas. Ne témoignez pas devant lui d'une par­faite insouciance de la sincérité, comme certains parents qui n'hésitent pas, quelquefois, à donner à leurs enfants le conseil de la dissimulation: «Tu ne diras pas à papa que j'ai fait telle chose... acheté tel objet». «Tu ne diras pas à maman que je t'ai dit telle chose... que je t'ai prêté tel livre». A ce régime, un enfant perd le sens de la loyauté. La dissimula­tion, la tromperie, le mensonge, la fraude, quelque­fois,finissent par lui apparaître comme des fautes vénielles.

 

Cette  manière   d'agir  est  une   erreur  très  grave de la part des parents et, sans doute, elle est très rare. Mais beaucoup pratiquent certaines habitudes qui leur sont commodes sur le moment, et dont ils ne prévoient pas les dangereuses conséquences. C'est l'usage des promesses et des menaces pour obtenir obéissance: « Si tu fais cela, tu auras... ce que tu réclames». ...«Si tu ne fais pas ce que je te dis, je te ferai punir par papa».

 

De deux choses l'une: ou bien les promesses, les menaces ne sont pas tenues. Alors l'enfant, bien vite, ne s'en soucie plus. Il perd le respect de la parole de ses parents; il s'habitue à ne pas les croire. Son sens du vrai, du juste — si vif chez les enfants — est émoussé. Sa conscience est faussée en même temps qu'il perd sa belle confiance naturelle en ses parents.

 

Ou bien, promesses et menaces sont tenues.Alors l'enfant s'habitue à agir ou à ne pas agir pour éviter une punition; le plus souvent pour obtenir ce qu'il désire. Il abuse bien vite du moyen mis à sa portée. Il « fait la mauvaise fête » pour obtenir ce qu'il veut. Cela devient une sorte de « chantage » plus ou moins conscient. L'enfant perd le sens de la droiture, de la loyauté. Sa conscience se pervertit. Son admiration pour ses parents est détruite.

 

Ne trompez jamais un enfant, au contraire; qu'il sente en vous l'amour du vrai, le souci de la vérité, et il conservera la sincérité, la spontanéité qui fait le charme de l'enfance. Sa confiance en ses parents croîtra avec le respect et l'admiration qu'ils lui inspireront, et il saura les trouver et se confier à eux aux heures où sa conscience sera en conflit avec un désir passionné.

 

Le manquement à la charité affecte le cœur et la conscience de l'enfant.

 

Une véritable épreuve pour la conscience d'un enfant qui sait, qui sent que l'on ne doit pas haïr est d'entendre ses parents — sa mère le plus sou­vent — témoigner de la rancune, de la haine con­tre certaines personnes avec lesquelles ils sont au­jourd'hui « fâchés ». Ces personnes, il les connaît, il les aime bien, puisque elles étaient des amis de ses parents. Et maintenant, il ne faut plus leur par­ler, plus penser à elles... « On est fâché». C'est tout bas, comme honteusement, sans nommer, sans accu­ser personne que l'enfant répond quand on lui parle d'elles. Il ne faut plus les connaître. L'enfant n'en demande même pas la permission, il sait qu'«il ne faut pas», puisque ses parents, puisque sa maman ne les connaît plus.

 

Pourtant, c'est mal d'être fâché contre les gens, d'en dire du mal, de les détester... Alors?... Alors, l'enfant ne comprend plus; il souffre dans son cœur; il souffre dans sa conscience.

 

Dans les familles vraiment chrétiennes, lorsque surviennent des « différents » avec des amis, avec des frères ou des sœurs, les parents cessent de se voir, de se considérer comme engagés par des liens d'amitié ou de parenté; mais, d'un commun accord, les enfants continuent à les connaître, à se connaître entre eux, à se considérer comme amis, comme cousins, à se fréquenter s'ils sont voisins.

 

Combien elles ont raison, ces familles, de ne pas troubler la conscience de leurs enfants en les obli­geant à méconnaître la sainte doctrine du Christ, doctrine de pardon et d'amour !

 

Des jugements différents portés sur les mêmes actes selon les personnes qui les accomplissent faussent la conscience  de   l'enfant.

 

D'une manière générale, il faut s'abstenir devant les enfants, de porter des jugements sévères contre qui que ce soit, comme on en porte trop souvent pour la seule raison que les personnes dont on parle ne vous sont pas sympathiques, qu'elles ne sont pas « des vôtres ». Leurs moindres travers, alors, paraissent des torts impardonnables. On ne fait pas attention que ce n'est pas la sottise en elle-même, le mal qu'on déteste, mais les personnes auxquelles on l'attribue. On ne prend pas garde que, faisant profession de vertu en manifestant la haine du moindre vice, on manque au contraire de la pre­mière vertu: l'amour d'autrui, la charité. Mais l'enfant sent, lui, de façon plus ou moins consciente, qu'il y a là confusion de quelque chose de bien et de quelque chose de mal; et sa conscience en est obscurcie.

 

Inversement, il faut s'abstenir de porter des ju­gements indulgents sur certaines erreurs, indulgents parce que ces erreurs proviennent de personnes avec lesquelles on a des liens d'affection ou d'in­térêt; de personnes qui vous « tiennent de près » pour une raison ou pour une autre.

 

Cette double manière de juger suivant les per­sonnesfausse nécessairement la conscience de l'en­fant, qui s'habitue à ne pas discerner le mal « tou­jours haïssable » de ceux qui le font.

 

Affection pour les parents, imitation des parents: C'est en faisant appel à l'amour naturel des enfants pour leurs parents que ceux-ci peuvent atteindre facilement et développer leur instinct du bien.

 

Mais nous voici à l'âge où la sensibilité, pénétrée d'intelligence et de raison, prend une forme moins restreinte. C'est le moment de faire appel, non plus seulement à un sentiment particulier, mais à des sentiments plus généraux, tels: l'amour du beau, l'enthousiasme, l'émotion morale. 

 

(A suivre)

 

[Extrait de : L’ÉVEIL de la CONSCIENCE.  Mme Laure Lefay-Alaux  (1939)]

 

 

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21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 10:22

«B»  L'action directe des parents dépend de l'Age des enfants

 

(1) — Dans le premier âge, c’est à l'instinct seul qu'il faut s'adresser.

 

Les mauvaises   habitudes  étouffent la conscience morale.

 

Comment développer dès la petite enfance le ger­me de la conscience morale chez l'enfant ?

Le premier soin des parents doit être de ne pas laisser étouffer cette semence du bien par les mau­vaises habitudes qui développent et fixent les ins­tincts mauvais, et parallèlement, de développer l'instinct du bien par la formation des bonnes ha­bitudes.

 

L'âme de l'enfant est comme un champ fertile où pousse et croît tout ce qui se trouve, le bon et le mauvais grain. Le cultivateur a soin de favoriser la croissance du bon grain. Les parents doivent «cul­tiver» la conscience de leurs enfants.

 

Les bonnes habitudes précisent  et développent la conscience.

 

Il ne faut pas permettre à l'enfant, même quand il est tout petit, d'être exigeant, volontaire; de crier dès qu'on ne satisfait pas ses désirs capricieux, il suffit pour cela de ne pas céder à ses désirs quand ils commencent à se manifester capricieusement. Il faut avoir la patience de supporter parfois les cris d'un bébé. — Les cris qui ne proviennent pas d'une douleur physique, bien entendu, d'un malaise, d'un mauvais état de santé. Il faut toujours s'assurer de leur cause. Il s'agit des cris que lui fait pousser un mécontentement capricieux. On évite ainsi d'autres cris, et les colères qui ne manquent pas de se manifester chez les enfants «gâtés». On évite de le ren­dre impérieux, tyrannique.

 

Chacun peut expérimenter que le petit enfant, le bébé, peut être heureux et souriant (je parle du bébé bien portant) agréable à tous — aussi bien que mé­content «grincheux», exigeant, insupportable, selon les habitudes qu'on lui a fait prendre. Un bébé ha­bitué à n'être pas toujours porté gazouille, heureux dans son berceau; il y joue avec un hochet... ou avec ses pieds, et tend les bras à sa maman, riant de bonheur, quand elle se penche sur lui pour le pren­dre dans ses bras. Le bébé qu'on a habitué à être porté presque constamment ne songe qu'à crier pour qu'on le prenne dès que sa mère est obligée de le poser dans son berceau; il n'y est pas heureux; il n'y joue pas. Et quand on vient le prendre... pour ne plus l'entendre, c'est avec peine que sa colère s'apaise; il reste mécontent dans des bras lassés de le porter et dont il ne sent pas la douceur.

 

En lui laissant prendre de mauvaises habitudes, c'est-à-dire eu lui permettant de reproduire un ca­price, une exigence, un acte d'entêtement, on n'a pas fait autre chose que de laisser croître en lui ses mauvais instincts, ceux qui le portent vers la satis­faction de ses désirs, de ses passions naissantes, de son amour-propre. En lui faisant prendre des habi­tudes bonnes, au contraire, on a fait appel à son instinct du bien, on a commencé à former sa cons­cience.

 

Le même enfant peut se montrer entêté, « mauvaise tête », ou obéissant et docile suivant les personnes dont il dépend.

 

Chacun peut constater mieux encore: considérons l'enfant un peu plus grand, un enfant déjà «gâté» par certaines personnes. Nous le voyons insuppor­table quand il dépend de celles-là docile et char­mant quand il est sous la dépendance de personnes qui l'aiment sans le gâter.

 

C'est que, vis-à-vis des premières il se sent livré à lui-même. Instinctivement, suivant le penchant qui le porte à se satisfaire lui-même, suivant son amour-propre rapidement développé au régime des «en­fants gâtés», il use et abuse, il profite de la faiblesse de ses parents. Mais il n'en n'est pas plus heureux. Il a besoin des grandes personnes. En lui réside aussi l'instinct qui le porte à aimer ceux qu'il ad­mire; ceux qui lui apparaissent supérieurs à lui, plus grands que lui et un peu redoutables.C'est à ce titre qu'on dit justement: l'enfant n'aime vrai­ment que ceux qu'il craint. Oui, qu'il craint, mais qui lui inspirent confiance absolue, respect, admira­tion. Or l'enfant ne peut plus voir des êtres supé­rieurs en des parents qui loin de manifester une au­torité, de faire connaître leur volonté, provoquent les caprices de l'enfant pour le plaisir de les satis­faire, en lui demandant:«Veux-tu faire ceci ?... Aimes-tu cela?» et se livrent ainsi eux-mêmes à son autorité déraisonnable, bientôt despotique. L'enfant ne les admire plus; il perd confiance en eux; il les aime moins; car, obscurément, il leur en veut de lui «manquer», de l'abandonner à sa faiblesse.

 

C'est pourquoi, il est heureux de se retrouver en présence d'êtres forts qui l'aiment en le dominant, qui lui en imposent, et devant lesquels il renonce d'autant plus à ses entêtements, à ses caprices qu'il s'y livre davantage avec ceux qui le gâtent.

 

Une petite fille de deux ans pousse des cris qui émeuvent les voisins quand sa maman lui fait pren­dre un bain, le matin. La maman absente, le bain est donné par une personne de la famille, plus âgée que la jeune maman inexpérimentée. La petite fille s'y prête avec complaisance, s'amuse dans l'eau, attend patiemment qu'on la retire. Elle ne pousse pas un cri — si bien que les voisins demandent bientôt des nouvelles de la petite fille qui est partie avec sa maman.

 

L'enfant avait retrouvé l'application normale de la tendance qui pousse les êtres jeunes, les «petits» à se conformer aux désirs des grandes personnes quand elles leur apparaissent vraiment «grandes», fortes, supérieures à eux. Elle était contente d'obéir. Une expérience de ce genre, expérience qui nous fait connaître le même enfant si différent de lui-même suivant ses éducateurs, nous montre qu'il ne s'agit pas seulement, dans sa manière d'être, dans son caractère, de sa nature propre, mais bien de l'éducation qu'il reçoit, des habitudes que l'éduca­tion forme en lui. L'enfant est capricieux, facile­ment mécontent, irritable, insupportable aux autres quand on ne lui demande pas de se dominer, de se supporter lui-même. Il n'en est pas plus heureux. C'est donc son bonheur en même temps que son bien que l'on prépare en ne laissant pas se dévelop­per son égoïsme naturel, en s'attachant à lui don­ner de bonnes habitudes.

 

L'enfant doit être suivi dans le développement de son âme.

 

Les parents doivent suivre le développement de la petite âme de leur enfant comme ils suivent le déve­loppement de son corps. Comme ils connaissent bien vite le genre de maladie auquel il est le plus sujet, ils doivent connaître le penchant où se cana­lisent ses mauvais instincts. S'ils le connaissent, de même qu'ils s'efforcent d'éviter la maladie en la prévenant par des soins appropriés, ils peuvent aus­si retenir la manifestation d'un penchant mauvais, et par suite l'empêcher de se développer.

 

L'enfant, par exemple, comme nous l'avons vu, est facilement enclin à la colère. Il se montre sou­vent, tout jeune, exigeant, volontaire, irritable. Il se roule par terre, parfois, plutôt que d'avancer si cela ne lui plaît pas. Les désirs des autres lui importent peu. Son amour-propre se développe trop aux dépends des sentiments généreux et désintéressés. Plus tard, si l'on n'y veille, il ne supportera pas d'être contrarié, et, pour ne pas l'être, il ne se fera pas faute de contrarier les autres: il deviendra un petit despotePrévenez sa colère. Si vous la laissez se for­mer, il n'y a plus qu'à la laisser passer. C'est un orage dont vous n'avez plus qu'à éviter, autant que possible, les manifestations dangereuses. Mais une colère naissante est facile à dissiper. Le petite enfant est aisément «détendu» par une distraction opportune, un jeu qui l'amuse. Une gronderie affec­tueuse, tendre, l'émeut et le fait pleurer, c'est la pluie, l'orage est passé. Plus tard, quand l'intelli­gence de l'enfant est déjà développée et qu'il comprend la «laideur» d'un accès de colère, si un re­proche maladroit, un mot dur exaspère une colère naissante et la précipite, une plaisanterie affectueu­se et appropriée fait rire l'enfant de lui-même. La colère qui commençait à bouillonner s'affaisse, «tombe», comme «tombe» sous un souffle léger, le lait qui monte et va déborder.

 

La volonté des enfants doit être orientée non détruite.

 

Les enfants qui s'affirment ainsi seront plus tard des hommes... ou des femmes — d'énergie, de volonté — des «chefs». C'est aux éducateurs de veiller à ce qu'ils soient «des hommes de bonne volonté», de bons «meneurs» — en réprimant les manifesta­tions mauvaises de leur énergie sans entraver les autres.

 

Les favoriser, au contraire, les orienter vers le bien est un moyen de conserver une qualité précieu­se, tout en la détournant de ses applications au mal. Voici un enfant plus grand — six ou sept ans — jeune garçon «forte tête» qui cherche à soustraire à votre obéissance ses frères ou sœurs, à la maison; ses petits camarades, à l'école. Parents ou maîtres, confiez-les vous-mêmes à ses soins pour quelque en­treprise intéressante. Heureux, fier de votre con­fiance, il leur conseillera immédiatement l'obéissan­ce et leur en donnera désormais un constant exem­ple. Votre confiance «l'oblige» par ce qu'il ne veut pas être inférieur à qui la mérite; parce qu'il juge à ce moment qu'il doit êtrel'enfant raisonnable et de bonne volonté qu'elle suppose; par ce qu'elle lui donne le sentiment de sa responsabilité. Parce qu'elle s'adresse à sa conscience et que, sans y réfléchir encore, mais tout spontanément, il reconnaît la no­blesse de la conscience: «Noblesse oblige».

 

Le sens de la personnalité est une puissante « sauvegarde ». Il doit être développé chez les enfants trop « passifs ».

 

On comprend combien ce sentiment de fierté qui se rapporte non à des avantages physiques ni mê­me intellectuels, mais à sa qualité d'être moral, à sa petite personnalité d'être humain, combien ce sen­timent chez un enfant offre aux parents de ressour­ces pour l'éducation de sa conscience et quelle «sauvegarde» il est dans la vie.

 

Aussi est-il essentiel de le développer chez les en­fants qui, à l'inverse des premiers, n'opposent ja­mais leur petite personnalité à celle des autres, ne leur résistent jamais, acceptent passivement tout ce qu'ils leur imposent; qui sont avec tous d'une ex­trême timidité. Ceux-ci ne sont pas des volontaires. Ce sont généralement des enfants d'une excessive sensibilité qui se replient en eux-mêmes parce qu'ils redoutent par-dessus tout une «bourrade», un re­proche, un contact douloureux avec ceux qui les en­tourent. Aussi sont-ils d'une extrême réserve, d'une particulière timidité avec ceux qu'ils aiment le plus et dont le plus léger «froissement» les meurtrira.

 

Parents, si vous avez un enfant silencieux, par­fois «boudeur», un peu triste, ne vous manifestant pas son affection joyeusement  avec une exubérante confiance, comme ses frères et sœurs, ne pensez pas qu'il est indifférent, qu'il ne vous aime pas. Efforcez-vous de lui donner confiance en lui. Faites-lui dé­couvrir ses qualités en les reconnaissant vous-mê­mes et en les lui affirmant. Faites-lui sentir qu'il est comme les autres, un petit être, une petite per­sonne créée pour développer ses qualités, pour se développer elle-même, pour devenir un homme ou une femme de bien. Efforcez-vous d'accroître en lui le sentiment de sa personnalité.  

 

(A suivre)

 

[Extrait de : L’ÉVEIL de la CONSCIENCE.  Mme Laure Lefay-Alaux  (1939)]

 

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