Vie de Saint Jude (Mor Addaï) et de Mor Abbaï (Abaï)/ Tradition de la correspondance entre Jésus et le Roi Abgar V d'Edesse
Ce dimanche 1er octobre, c'est la commémoration du dukhrono de saint Aday l'évangéliste et saint Abay conformément au calendrier liturgique des églises syro-orthodoxes.
Mor Addaï était le premier évêque d'Edesse ( Urhoy / Urfa)*.
C'était le frère jumeau de saint Thomas l'Apôtre.
Saint Addaï est aussi appelé Saint Jude, il est assez peu connu des chrétiens, il faisait partie du groupe des 12 apôtres de Jésus, il était même cousin avec Jésus. Pour nous Assyro-chaldéens, il est notre évangélisateur avec Saint Thomas, il est a l'origine de Notre Sainte Messe.
Saint Jude est l'un des saints invoqués pour venir à bout des causes désespérées, on l'invoque l'orsque on est vraiment perdus et désespérés, c'est le saint qui, par excellence, nous fait retrouver l'Espérance si l'épreuve nous en éloigne...Je vous invite donc tous a le prier.
Prière à Saint Jude, patron des causes désespérées
Ô glorieux apôtre Saint Jude, fidèle serviteur et ami de Jésus, l'Église vous honore et vous invoque universellement comme patron des cas désespérés. Priez pour moi si malheureux.
Je vous en supplie du plus profond de mon coeur, servez-vous en ma faveur du grand privilège que vous avez d'apporter un secours visible et rapide à ceux qui vous invoquent.
Venez à mon secours et soulagez ma misère. Obtenez-moi l'aide et la grâce du Bon Dieu dans toutes mes difficultés et en particulier ...... (demandes particulières).
Faites en sorte que je sois du nombre des élus et obtienne le salut éternel.
Je vous promets, ô Saint Jude, de me souvenir toujours de la grande faveur que vous m'accorderez.
Toujours je vous honorerai comme mon patron et mon protecteur.
En signe de reconnaissance, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour développer votre dévotion et vous faire connaître comme le patron des causes désespérées.
Amîn.
Selon la tradition syrienne, saint Addaï fait partie des 72 disciples que le Christ notre Seigneur a appelés ainsi que le décrit l'évangile de Saint Luc (10: 1).
C'était l'un des principaux évangélistes de la région d'Edesse.
L'histoire de son évangélisation de la ville d' Edesse et sa région est étroitement liée à celle du grand roi Abgar V d'Edesse.
Le royaume d'Osroène
L'historien Eusèbe, évêque de Césarée (265 à 339 AD), a écrit dans son " Histoire ecclésiastique " que les archives d'Édesse contiennent une copie d'une correspondance échangée entre Abgar d'Edesse et Jésus.
Eusèbe précise que Thomas l'Apôtre, en l'an 29, lui aurait envoyé son disciple Thaddée (Addaï en syrien), Jude fils d'Alphée, le cousin de Jésus.
Eusèbe a copié les deux lettres dans le texte de son Histoire.
A l'heure actuelle, nous possédons non seulement un texte en syriaque, mais aussi une traduction arménienne, deux versions grecques indépendantes, plus courtes que le syriaque, et plusieurs inscriptions sur la pierre, qui sont discutées dans deux articles dans le " Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgies ".
La correspondance est composée de la lettre d'Abgar et la réponse dictée par Jésus.
Voici le texte de cette correspondance :
" Abgar Oukkama à Jésus, le bon médecin qui est apparu dans le pays de Jérusalem, salutation. J'ai entendu parler de toi et de tes guérisons effectuées, que tu n'utilises ni médicaments ni racines, mais par ta parole, tu fais voir les aveugles et marcher les boiteux, tu purifies les lépreux, fais entendre les sourds. Comment par ta parole, tu guéris les esprits des malades et ceux qui sont tourmentés par les démons, et que tu ramènes les morts à la vie. Et après avoir entendu toutes ces choses que tu fais, je conclus que l'une des deux choses doit être vraie : soit tu es descendu du ciel, ou bien tu es le fils de Dieu. Je t'écrit donc pour te demander si tu veux prendre la peine de venir à moi, qui t'adore, et guérir tout le mal dont je souffre, selon la foi que j'ai en toi. J'ai entendu dire que les Juifs murmurent contre toi et te persécutent, qu'ils cherchent à te crucifier pour te détruire. Mais je possède une petite ville, elle est jolie et assez grande pour nous deux à vivre en paix. "
Quand Jésus reçu la lettre, dans la maison du grand prêtre des Juifs, il dit à Hannan, le secrétaire, " Va, toi, et dis à ton maître qui t'a envoyé à moi " :
" Heureux es-tu qui a cru en moi sans m'avoir vu. Car il est dit à mon sujet, que ceux qui m'ont vu, ne veulent pas croire en moi, et que ceux qui ne m'ont pas vu, veulent croire et être sauvés. Mais au regard de ce que tu m'as écrit, que je devrais venir à toi, il est nécessaire pour moi de remplir toutes choses ici pour lesquelles j'ai été envoyé, et après je monte à nouveau vers mon Père qui m'a envoyé. Quand je serai monté auprès de lui, je t'enverrai un de mes disciples, qui peut guérir toutes tes souffrances et te redonner la santé, et convertir tous ceux qui sont avec toi pour la vie éternelle. Et ta ville sera bénie à jamais, et l'ennemi ne la prendra jamais. "
On remarquera qu’Eusèbe dans son " Histoire ecclésiastique " ne parle pas d'une image de Jésus sur un linge.
( Icône d'Abgar tenant le Mandylion – Encaustique, Xème siècle, monastère Sainte-Catherine - Mont Sinaï )
La tradition d'Abgar
Abgar dépêcha Hannan (ou Ananias) avec une lettre, dans laquelle il demandait à Jésus de venir à Édesse pour le guérir.
Hannan était un peintre, et au cas où Jésus refuserait de venir, Abgar lui demanda de faire son portrait et de le lui apporter. Hannan trouva Jésus, mais il était entouré d'une grande foule et il ne put l'approcher.
Il voulut faire son portrait, mais n'y parvenait pas " à cause de la gloire indicible de son visage qui changeait dans la Grâce ". Voyant qu' Hannan désirait le peindre, Jésus demanda de l'eau, lava et essuya son visage avec un linge et sur ce linge ses traits restèrent fixés. C'est pourquoi cette image est connue sous le nom de " Mandylion " (Mouchoir).
Jésus le remit à Hannan et lui dit de le porter avec une lettre à Abgar. Dans sa lettre Jésus refusait d'aller à Édesse, car il avait une mission à accomplir. Quand Abgar reçut le portrait, il guérit de sa maladie. Sur le portrait miraculeux de Jésus, Abgar fit écrire ces paroles :
" O Christ Dieu, celui qui espère en Toi ne périra pas ". Il fit enlever une idole qui se trouvait dans une niche au-dessus d'une des portes de la ville, et y fit placer la Sainte Image.
L'image refait surface en 525 AD, lors d'une crue du Daisan, affluent de l’Euphrate, dont l'inondation détruit la ville d’Édesse. Cette crue est mentionnée dans les écrits de Procope de Césarée.
Lors de la reconstruction de la ville, est découvert un linge, portant les traits d’un visage, caché dans une niche maçonnée au-dessus de la porte ouest. Ce linge est alors identifié au portrait offert à Abgar. L’empereur Justinien fait construire, en son honneur, la basilique Sainte-Sophie d’Édesse, qui conserve le linge enfermé dans un reliquaire, à l‘intérieur d‘une chapelle à droite de l’abside.
En 544, durant le siège de la ville par le roi perse Chosmès, à peine le Mandylion est-il montré du haut des remparts, que c’est la débâcle parmi les assiégeants.
Au cours de la période allant de 544 à 944, la notoriété du Mandylion se répand dans tout l'empire de Byzance. L‘autorité centrale ne peut l'ignorer.
Dans la dernière année de son règne, l’empereur romain Lécapène Ier (920 à 944) envoie le général Jean Curcas à Édesse. Après un siège rapide, il contraint la ville à céder le Mandylion. Au cours d’un voyage triomphal, le linge est transporté à Constantinople, où il arrive le 15 août 944. Il sera conservé dans la chapelle du Phareet jusqu'en 1204.
En 1146, les Turcs s'emparent d'Édesse et la basilique Sainte Sophie est détruite.
Le tissu disparaît de Constantinople au cours de la quatrième croisade en 1204 et réapparaît en tant que relique, conservée par Saint Louis, à la Sainte Chapelle.
Il disparaît définitivement lors de la Révolution française.
(Copie du Mandylion, au centre de l'immense croix ornée de joyaux qui se trouve au milieu de l'abside de la Basilique Saint Apollinaire in Classe à Ravenne)
La basilique Saint-Apollinaire in Classe est une basilique du VIème siècle, située àClassis (en italien : Classe), ancien port antique de Ravenne en Italie, aujourd'hui ensablé.
Commencée par l'évêque Ursicinus, la basilique fut inaugurée le 9 mai 549 par l'évêque Maximien. Les travaux ont été financés par le banquier Julianus Argentarius.
Le terme in Classe vient de l'antique ville romaine de Civitas Classis, signifiant « ville de la flotte », qui s'était développée autour du port de Ravenne et qu'Auguste avait renforcée pour la défense de toute la mer Adriatique. La ville avait une population assez homogène de migrants originaires des provinces orientales de l'Empire byzantin, dont faisait partie Apollinaire de Ravenne, venu d'Antioche à la fin du Ier ou au début du IIème siècle.
( Abside de la Basilique Saint Apollinaire in Classe
Le point au centre de la croix est la copie du Mandylion. )
Saint Abay, lui, était un Persan qui rendit le témoignage suprême du martyre en l'an 352 A.D.
Ce saint était le fils de parents païens nommés Adwar Faresgardin et Astina; ceux-ci lui donnère comme prénom "Mhir Schobur".
Son père était chef de l'armée perse lorsqu'il a mena une attaque contre Nisibe (maintenant: Nusaybin en Turquie).
Le saint accompagnait son père et a voyagait avec lui. Quand ils arrivèrent à la ville de Dara, Mhir Schobur et ses amis partirent à la chasse, et ils vinrent à Kilith.
Ils y rencontrèrent le Père-abbé de moines qui s'appelait Mor Abay. Ils se mirent à l'écouter et voulurent être enseignés par lui pour étudier la foi chrétienne, catéchumènes, ils furent agréés pour recevoir le Saint Baptême. Dès ce jour-là, Mhir Schobur entra au Monastère et devint le moine, "Abay".
Quand son père entendit cette nouvelle, furieux, il envoya des soldats dans les villages autour de Savur où il tua 5000 Hermètes; Abay, son fils, était parmi les victimes de ce massacre.
Après que le père eut tué son fils, il fut frappé d'une maladie incurable.
C'est alors que le saint martyr, Abay, apparu dans un rêve à sa mère et lui a dit: "Apportez mon père à l'endroit où je suis mort. Frottez la terre sur laquelle mon sang coulait sur son corps et il sera guéri".
Après que les instructions de St. Abay aient feussent observervées, son père trouva effectivement la guérison.
En conséquence, son père se convertit à son tour et confessa au Christ, puis vendit secrètement toutes les possessions qu'il avait à Tikrit (maintenant: l'Irak).
Avec l'argent, il construisit un monastère au nord de Kilith, et se fit moine lui aussi. Il travailla comme membre de ce monastère jusqu'à sa mort.
Ô Addaï et Mor Abbaï ! Intercédez pour nous devant le trône de grâce de Dieu. Que votre intercession protège les fidèles chrétiens syriaques en Mésopotamie et partout où l'on implore votre intercession! Amîn.