car je suis un homme pécheur, O Seigneur"
(Luc 5,8)
Lorsque nous parlons de l'Apôtre Pierre, nous vient en général à l'esprit l'Apôtre bouillant et dynamique, qui se tenait au milieu des Douze comme "le principal Apôtre."Car nous nous souvenons que bien souvent, nous le voyons dans les textes sacrés comme étant le chef de diverses activités, agissant aussi au nom du restant des Apôtres, et cependant, sans jamais se séparer du restant d'entre eux.
Par exemple, le Christ demande "Au dire des gens, qui est le Fils de l'Homme?", Pierre se hâte de faire, de la part de tous, cette bienheureuse confession : "Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant."Pour cette raison, il n'était que naturel qu'il reçoive après cela, à nouveau au nom de ses condisciples Apôtres, la béatitude du Christ, qui fut adressée aux croyants de tous les temps : "Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais Mon Père qui est dans les Cieux"(Mat. 16,17).
Les disciples voient Judas arriver avec la bande de soldats, pour arrêter Jésus, et à nouveau c'est Pierre qui réagit, tirant son épée du fourreau et tranchant l'oreille droite de Malchus, qui était le serviteur du grand prêtre (cfr Jean 18,10).
Une telle spontanéité, un tel dynamisme de la part de Pierre explique pourquoi le Christ parlera à cet Apôtre soit pour lui demander "M'aimes-tu?"et pour projeter cet exemple caractéristique de faiblesse humaine, ou même pour amèrement le houspiller, comme dans le cas où Il fut obligé de l'appeler "satan"(cfr Mat. 16,23).
Nous devrions admettre que, soit qu'il aie peur un temps durant et renie le Christ dans le jardin du grand prêtre, ou soit qu'il s'en repente peu après et "sortit et pleura amèrement"(Mt 26,75), le brave Pierre nous donne l'image la plus vivante qui soit, celle d'un homme qui ne sait pas faire les choses à moitié ou simuler. C'est un homme de chair et de sang, mais aussi plein de feu et d'enthousiasme. C'est pour cette raison qu'il repose à chaque minute ses faiblesses humaines et son caractère contradictoire, de même que toute la puissance et beauté de sa vérité.
On pourrait s'attendre à ce qu'un tel type d'homme devienne l'image à suivre pour les Chrétiens de l'Orient, et cependant, ce ne fut pas le cas. Certes, dans le culte liturgique officiel de notre Église et dans notre théologie, nous n'avons pas commis la moindre injustice contre l'Apôtre Pierre. Étant toujours pleinement conscients qu'il est le frère de notre André, le premier appelé et saint patron de Constantinople, nous accordons une place spéciale aux Épîtres Catholiques de saint Pierre en leur donnant la place de Lecture principale aux Vêpres festives lors de la fête patronale de l'Apôtre André.
Cependant, plus largement dans la conscience du peuple Orthodoxe, assurément qu'il a été fait injustice envers l'Apôtre Pierre. Il suffit de considérer que vous trouverez difficilement où que ce soit dans le monde quelqu'église dédiée au chef des Apôtres. Et même dans le cas où nous aurions une église dédiée à la mémoire de Pierre et Paul, nos fidèles l'appellent "église de saint Paul."
L'explication de cette "injustice"n'est pas difficile à comprendre. Depuis le moment où l'Occident a voulu projeter l'Apôtre Pierre en avant, au point d'en exagérer son rôle et en faire le "prince des Apôtres"et le regarder lui – et non pas sa bienheureuse confession – comme le fondement de toute l'Église, cela l'a rendu étranger pour l'Orient. Et quand par la suite, le pape de Rome tenta d'affirmer la primauté papale et l'infaillibilité sur base de la supposition que Pierre aurait aussi eu ces privilèges, et qu'il les aurait transférés exclusivement à l'évêque de Rome, il ne fut que naturel que ce qui était un processus d'éloignement se développe en une intense antipathie, qui, fatalement, allait se refléter sur la personne sacrée de l'Apôtre Pierre, quand bien même ce dernier n'était bien sûr responsable en rien de l'affabulation de Rome.
Précisément pour cette raison, il est temps que nous lisions à nouveau avec soin tout ce qui concerne l'Apôtre Pierre dans le Nouveau Testament, afin que nous soyons à même de revivre l'authentique Apôtre de la Foi, de la prière, de l'action et de la repentance.
Parmi les nombreux passages qui décrivent des aspects caractéristiques de la vie de saint Pierre, le plus émouvant n'est ni sa confession à Césarée de Philippe, que nous avons déjà mentionnée, ni l'épisode de ses amères larmes après sa trahison passagère dans le jardin du grand prêtre. Car tant la confession que la repentance se trouvaient dans la logique immédiate des choses pour tous les Apôtres qui vivaient le mystère de la présence directe du Dieu-Homme. Ce qui se trouvait au-delà de cette "logique des choses", ce qui constitue peut-être l'élément biographique le plus émouvant de saint Pierre, c'est le fait qu'à un certain moment, il ressentit sa propre indignité au point de s'humilier. Et il ne fut pas du tout honteux de déclarer ceci devant le Christ, posant dès lors à jamais un point de repère décisif pour l'humilité. C'était lorsqu'il vit le Maître accomplir des miracles allant même au delà de l'illogique, en remplissant les filets avec des poissons là où précisément peu auparavant il n'y avait aucun poisson. Et ce n'était pourtant pas la première fois qu'il avait vu Jésus accomplir des miracles et faire du bien pour les gens : faisant marcher un paralytique, rendant la vue aux aveugles, ramenant un mort à la vie.
Certes, à la vue de ces grands miracles inédits, saint Pierre se tenait dans la crainte et l'émerveillement, ce que faisaient d'ailleurs aussi les autres disciples, cependant, il n'y a nulle mention de contrition ou de conscience de son état pécheur. Comment expliquerions-nous ce paradoxe? La seule explication que l'on pourrait donner, c'est que ces gens qui souffraient profondément de douleur et de maladie se voyaient accorder un bienfait. Ils avaient sûrement été purifiés, et en quelque sorte étaient devenus dignes de cette miséricorde divine. Mais dans le cas de la nuit passée pour rien en mer, sans pèche fructueuse, il n'y avait aucune raison particulière pour que le Christ sente de la sympathie envers saint Pierre et les autres disciples qui étaient avec lui. Il y avait bien d'autre gens qui avaient travaillé des heures durant en ce même endroit, sans rien y avoir prit! Est-ce que le Christ avait fait le moindre miracle pour eux? Alors pourquoi aurait-Il dû montrer une sympathie particulière envers Pierre? Il semble que tous ces "pourquois"avaient provoqué une révolte silencieuse dans sa conscience, et comme il ne pouvait trouver ni réponse ni excuse, il sentit un besoin encore plus grand de confesser son état pécheur envers le Dieu Omniscient : "éloignes-Toi de moi, O Seigneur, car je suis un homme pécheur."
Qui d'autre parmi les Douze Apôtres a jamais osé faire une telle confession? Qui d'autre a jamais fait une telle comparaison? Qui d'autre se considéra comme moindre que les autres, et indigne même d'une telle "heureuse"prise de poisson?
Ceci signifie que le "chef"des Apôtres était en même temps le plus humble et le plus contrit de tous les autres Disciples du Christ. Qu'est-ce que quelqu'un du genre de Pierre pourrait avoir en commun avec celui que l'Occident inventa avec cet imaginaire "prince des Apôtres?"
Le voilà, alors, ce véritable Pierre, cette personne de contrition et d'humilité, celui qui à la fin sacrifiera vraiment sa vie pour le Christ, exactement comme il Le lui avait promis, le voilà
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Paru dans "Voice of Orthodoxy", v. 11(11), Novembre 1990, publication officielle de l'archidiocèse grec-orthodoxe d'Australie.
Voir aussi cette autre belle méditation de mgr Stylianos :
"La famille: une perspective Chrétienne Orthodoxe"
http://stmaterne.blogspot.com/2007/01/la-famille-une-perspective-chrtienne.html
A lire aussi :
Riche étude fort précise et documentée, sur base de la patristique :
"L'Apôtre Pierre a-t'il été le premier pape de Rome?"
"L'Apôtre Pierre et l'évêque de Rome", un texte du père Nicolas Afanassieff
http://www.orthodoxie.com/2006/06/laptre_pierre_e.html

Une traduction en néerlandais de ce Missel est reprise dans l'excellent "Keltisch gebendenboek", publié par le monastère de la Mère de Dieu à Pervijze, près de Diksmuide (patriarcat de Moscou)
Extrait de la LITURGIE selon le MISSEL de LORRHA-STOWE
COLLECTE D'INTRODUCTION
Pendant la prière on baisse la tête. La collecte du jour ou du propre est ici utilisée à la place de la prière suivante qui est dite seulement aux fêtes du Christ et de Pierre.
Prêtre: Dieu, Toi qui as remis les clefs du Royaume céleste à Ton apôtre béni Pierre; qui lui as accordé le pouvoir de lier ou de délier les âmes; qui l’as établi comme grand-prêtre; reçois aussi bien nos prières de pénitence que de demande. Nous Te supplions de nous accorder Ton aide, afin que nous soyons délivrés des liens de nos péchés, par Jésus-Christ, notre Seigneur, Qui règne avec Toi et avec le Saint-Esprit, Dieu, dans les siècles des siècles.
Peuple: Amen.
Le Missel gallican de Stowe, aussi dit "Missel Celtique", comporte une prière spécifique pour saint Pierre, ainsi que cette autre prière de collecte utilisable ce jour. Il est particulièrement remarquable que cette Liturgie Orthodoxe aie comme préface spéciale ouvrant l'ensemble une prière qui soit particulière pour saint Pierre.
Une traduction en néerlandais de ce Missel est reprise dans "Keltisch gebendenboek", publié par le monastère de la Mère de Dieu à Pervijze, près de Diksmuide (patriarcat de Moscou). C'est tout à leur honneur que d'avoir donné large place à nos racines spirituelles particulières, gallicanes, dans leurs publications.


COLLECTE D'INTRODUCTION
Pendant la prière on baisse la tête. La collecte du jour ou du propre est ici utilisée à la place de la prière suivante qui est dite seulement aux fêtes du Christ et de Pierre.
Prêtre: Dieu, Toi qui as remis les clefs du Royaume céleste à Ton apôtre béni Pierre; qui lui as accordé le pouvoir de lier ou de délier les âmes; qui l’as établi comme grand-prêtre; reçois aussi bien nos prières de pénitence que de demande. Nous Te supplions de nous accorder Ton aide, afin que nous soyons délivrés des liens de nos péchés, par Jésus-Christ, notre Seigneur, Qui règne avec Toi et avec le Saint-Esprit, Dieu, dans les siècles des siècles.
Peuple: Amen.
PRÉFACE POUR LES APÔTRES ET TOUS LES SAINTS
Il est digne et juste, légitime et glorieux pour nous, Seigneur Dieu tout-puissant, de Te rendre grâces tous les jours de notre vie, mais en ce jour d’amour et d’abondance, il est nécessaire de Te rendre grâces à Toi et à l’Esprit-Saint, au cours de la célébration de la fête de -N- apôtre (ou saint). Accorde-nous donc, Dieu tout-puissant: foi, espérance et amour, une fin de vie catholique et la plénitude de la paix, par l’exemple et la mémoire de notre saint -N- en l’honneur duquel l’offrande est apportée aujourd’hui. Puisse t’elle nous apporter le Salut, par Jésus-Christ, notre Seigneur, pour qui tous les Anges, Archanges, prophètes et apôtres, martyrs et confesseurs, vierges et tous les saints, d’un hymne éternel et d’un chant de louange infatigable, ensemble avec les 4 Vivants et les 24 Anciens chantent ensemble en disant: [..]