Tout homme, baptisé ou non, est appelé à vivre de Dieu. Qui que l’on soit, nous sommes donc tous appelés à la sainteté qui n’est pas réservée à une élite. Nos mérites ne déterminent pas notre capacité à être saint, c’est l’œuvre de l’Esprit. A la Toussaint, nous fêtons notre vocation à être unis les uns aux autres dans le Christ. En rappelant l’existence des saints connus et inconnus, nous rendons la personne présente devant Dieu. ...
Premier Novembre:
*10h30, Messe (St Qurbana) de Toussaint présidé par le Métropolite. Prières à StGregorios.13h Repas fraternel entre le clergé et les fidèles.De 15h à 19h, réception des fidèles par le clergé.20h30 Southoro (Office de Protection / Complies).
Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ; d’une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer :« Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. »
Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau : ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d’Israël.
Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! »
Tous les anges se tenaient debout autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants ; se jetant devant le Trône, face contre terre, ils se prosternèrent devant Dieu. Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! »
L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? »
Je lui répondis : « Mon seigneur, toi, tu le sais. »
Il me dit : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau.
Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.
Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Par Sainte Catherine de Sienne
(1347-1380), tertiaire dominicaine, docteur de l'Église, copatronne de l'Europe
Le Dialogue, ch. 41 (trad. Hurtaud, Téqui 1976, p. 131 rev)
Dieu a dit à sainte Catherine : L'âme juste qui achève sa vie dans la charité est enchaînée désormais dans l'amour et ne peut plus croître en vertu ; le temps est passé. Mais elle peut toujours aimer de l'amour qu'elle avait quand elle est venue à moi, et qui est la mesure de son amour (Lc 6,38). Toujours elle me désire, toujours elle m'aime, et son désir n'est jamais frustré : elle a faim et elle est rassasiée ; rassasiée, elle a encore faim ; elle échappe au dégoût de la satiété comme à la souffrance de la faim. C'est dans l'amour que les bienheureux jouissent de mon éternelle vision, et qu'ils participent à ce bien que j'ai en moi-même et que je communique à chacun selon sa mesure ; cette mesure, c'est le degré d'amour qu'ils avaient en venant à moi.
Parce qu'ils sont demeurés dans ma charité et dans celle du prochain et qu'ils sont unis par la charité..., chacun se réjouit de participer au bien des autres, en plus du bien universel qu'il possède. Les saints partagent la joie et l'allégresse des anges, au milieu desquels ils sont placés... Ils participent aussi tout particulièrement au bonheur de ceux qu'ils aimaient sur terre, plus étroitement, d'une affection à part. Par cet amour ils croissaient ensemble en grâce et en vertu ; l'un était pour l'autre une occasion de manifester ma gloire et de louer mon nom... Cet amour ils ne l'ont pas perdu dans l'éternelle vie, ils le gardent toujours. C'est lui qui fait surabonder leur bonheur, par la joie que chacun ressent du bonheur de l'autre...
Le Seigneur Jésus est glorifié dans ses saints et saintes.
Il est le Premier-né d’entre les morts, entraînant à sa suite une foule innombrable de témoins de l’Évangile. On fait mémoire d’eux le 1er novembre, fête de Tous les saints, immense réseau de foi, « foule de toutes nations, tribus, peuples et langues » (Apocalypse 7, 9).
Il y a d’abord ceux et celles qui sont béatifiés et canonisés officiellement par l’Église. Il y a aussi les autres qui ne sont pas élevés sur les autels. Ces saints et saintes anonymes, membres du Corps du Christ, sont des phares dans notre nuit. Ils ne brillent pas comme des stars, mais éclairent humblement de la lumière même du Christ.
Toussaint
Les saints et saintes anonymes
Les saints et saintes connus de Dieu seul ne sont d’aucun calendrier. Ils appartiennent au réel quotidien; on les retrouve souvent dans nos propres familles : ces ancêtres qui nous ont précédés dans le Royaume; ces pères et mères de famille qui, en se donnant à leurs enfants jour et nuit, ont bâti l’Église; ces jeunes de nos villes qui n’ont souvent que leurs blessures pour y faire jaillir l’eau vive de l’Esprit. Ce sont aussi ces prêtres, religieux et religieuses, laïcs et missionnaires, qui ont enfanté les autres à la foi au Christ ressuscité. Le souvenir de leur témoignage nous inspire la route à prendre pour arriver à bon port.
Cette liste de saints et saintes anonymes de tous les temps, jeunes et vieux, blessés et aimés, faibles et vulnérables, est dressée au carrefour des chemins du monde. Ce sont des icônes du Royaume qui nous révèlent la beauté du Dieu fait homme. Ils sont les plus heureux des hommes et des femmes, parce qu’ils ont su accorder librement leurs corps à la danse de l’Évangile et à la musique des Béatitudes, jouissant ainsi de la félicité éternelle que donne la vision de Dieu.
Les saints et saintes ordinaires
L’Église a choisi le texte des béatitudes pour l’évangile de la Toussaint afin de nous montrer que cette sainteté est accessible à chaque personne. C’est d’abord un portrait de lui-même que Jésus dresse : heureux les pauvres en esprit, les affligés, les doux, les cœurs purs, les miséricordieux, les artisans de paix, ceux qui ont faim et soif de justice, car le royaume de Dieu est à eux (Cf. Matthieu 5, 1-12).
Ce ne sont pas nos œuvres que Dieu désire, mais l’amour qui fait les œuvres. La vie ordinaire et les réalités conjugales et familiales (conjoint, enfant, sexualité, métier, maison, quartier, école, repas, loisir, etc.) deviennent alors le lieu de la sainteté, c’est-à-dire le lieu de l’accueil et de l’amour. Depuis l’incarnation du Christ, il ne peut pas y avoir d’opposition entre amour de Dieu et amour du prochain, spiritualité et sexualité, prière et travail, sainteté et vie ordinaire. « Tout est grâce », disait Thérèse de Lisieux, qui passe son ciel à faire du bien sur la terre. Ses parents, Louis et Zélie Martin, ont d’ailleurs été canonisés en couple à Rome le 18 octobre 2015 par le pape François.
La sainteté n’est pas réservée aux papes, évêques, prêtres, religieux et religieuses. Elle ne se limite pas à un état de vie particulier et ne porte pas toujours des habits à la mode. Elle déborde des cloîtres et des églises. Nous la retrouvons assise dans nos maisons. Elle prend spécialement sa joie chez les exclus de la société, les blessés de la vie, les petits de vertus, les souffrants de partout. La sainteté est essentiellement une expérience de la miséricorde. Qui pense la posséder l’échappe. On ne peut la saisir qu’avec des mains vides. La sainteté est comme l'amour du Père, elle s’accueille, tout simplement, avec un cœur d’enfant.
Jacques Gauthier
« Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes » (1 Jean 3, 1).
Des extraits de ce texte sont parus dans Prions en Église Canada, 1er novembre 2015, p. 35-36.
Pour aller plus loin : Tous appelés à la sainteté (Parole et Silence) ; Les maîtres spirituels chrétiens (Novalis).
Extrait de : http://www.jacquesgauthier.com/blog/entry/saints-et-saintes-de-tous-les-temps.html
IL ÉTAIT UNE FOIS...DANS UN COIN DE BRETAGNE...
Vers le milieu du XIVe siècle vivait dans une clairière proche du bourg du Folgoët, (Finistère, France) un homme nommé Salaün. Considéré comme un "innocent", Salaün demandait l'aumône, en répétant inlassablement : "Ave Maria ! Salaün mangerait bien un morceau de pain ! » Il aimait à se balancer sur la branche d'un arbre, au-dessus de la fontaine, et il chantait à pleine voix : "Ô Maria".
Sa mort survenue vers 1358 (à 48 ans) laissa les gens indifférents. Il fut enterré au village de Lannuchen, près du manoir de Kergoff. Aujourd'hui encore on peut voir le calvaire encadré des quatre pierres qui proviennent de son tombeau. Mais peu de temps après sa mort, on découvrit sur sa tombe, près du chêne où il se balançait et de la fontaine où il trempait son pain, un lys sur lequel on lisait ces mots écrits en lettres d'or : "Ave Maria". En ouvrant la tombe, on constata que ce lys avait pris racine dans la bouche du défunt. Le miracle attira rapidement les foules et on bâtit une chapelle sur la tombe de "l'innocent".
En 1365, on posa la première pierre d’un sanctuaire. En 1419, l’évêque de Léon, bénit le sanctuaire qui fut érigé en Collégiale par Jean V en 1423.
La fête d’Halloween, si tant est qu’on puisse la qualifier de fête, vient du paganisme celtique (surtout d’Irlande et d’Ecosse). Elle était une fête de la fin des récoltes et de l’entrée dans l’hiver, ce qui est courant dans le paganisme antique. Mais elle était aussi une fête des morts, sous la forme de « revenants1 » et, par assimilation, une fête des mauvais esprits et des personnages mythologiques, tels que les fées. Il y avait à cette occasion des feux de joie et il est possible qu’il y ait eu aussi des sacrifices humains. Elle durait 4 jours, mais le plus important était le 1er jour : or celui-ci coïncidera, à partir du 8ème s. apr. J-C, avec les vigiles de la Toussaint2, c’est-à-dire le 31 octobre au soir. D’où son nom de Halloween, « veille de tous les Saints ».
Puis cette fête sera implantée en Amérique, surtout à partir du 19ème s., avec l’arrivée massive aux Etats-Unis d’immigrés irlandais. Et depuis une vingtaine d’années on essaye de l’implanter en France, pour des raisons essentiellement commerciales. Mais je pense que l’activité des esprits sous-Ciel et la déchristianisation de notre pays n’y sont pas étrangers.
Que faut-il en penser sur le fond ? Basons-nous sur la phrase du Seigneur : on juge l’arbre à ses fruits. D’abord, il faut rappeler que le paganisme, qui est vu souvent à notre époque sous un angle culturel, sympathique, était une horreur spirituelle et morale : il consistait à adorer des idoles, qui étaient des démons, comme l’enseigne le Christ Lui-même (Il qualifie « Beelzeboul », l’antique divinité phénicienne, de « prince des démons », c’est-à-dire de Satan, en Mt 12/24), à accomplir des sacrifices sanglants (à l’origine humains, puis animaux) et à pratiquer la magie et la sorcellerie. On ne se rend plus compte à notre époque que le Christ nous a délivré de l’emprise des démons, qui était terrible.
Dans les manifestations d’Halloween, on se déguise en tout ce qui peut rappeler la mort, la laideur et de la peur : en squelettes, en personnages horribles qui font peur, en sorciers ou sorcières… Mais la mort est une horreur, qui n’a pas été voulue par Dieu. La laideur et la peur viennent exclusivement du monde enférique, car Dieu est beau : Il est la beauté suprême et tout ce qu’Il a créé est beau ; et Il est celui qui rassure toujours et met en confiance3. La peur est l’arme des démons, car elle permet d’avoir de l’emprise sur les êtres, tandis que Dieu libère toujours. Ceux qui se déguisent en personnages horribles et ridicules oublient que les démons s’efforcent de défigurer l’Homme, parce qu’il est l’image de Dieu et qu’ils en sont jaloux.
Quant à la sorcellerie, elle est une abomination : elle a toujours pour but d’obliger quelqu’un à faire ce qu’il ne veut pas ou de l’empêcher de faire ce qu’il veut ; elle asservit les êtres, les emprisonne, les mutile et peut même les détruire. Il n’y a pas de bonne magie : toute magie vient d’en bas. Et tout cela se passe dans l’obscurité, avec de la fumée, des toiles d’araignée et des araignées…Mais qui aimerait vivre dans l’obscurité, au milieu des araignées ? Aucun être humain normal ne peut réellement prendre plaisir à ces choses-là, à la laideur, à la peur, à la méchanceté. C’est un leurre de croire que cela puisse être agréable. Si ceux qui le disent se trouvaient réellement dans les situations qu’ils simulent, ils « pleureraient et grinceraient des dents », comme le dit l’Ecriture. L’Enfer ne peut pas être agréable : il est le contraire du Royaume de Dieu, le contraire du « Jardin des délices ».
Il faut refuser cela, dénoncer cette imposture et cette stupidité. Il y a un saint qui nous a montré l’exemple, c’est St Jean de San Francisco et Shanghaï. Il a lutté fortement contre cette pseudo-tradition dans le milieu américano-russe de San Francisco. La veille du 1er novembre 1964, constatant qu’il n’y avait personne aux vigiles4 du jour où l’on devait canoniser St Jean de Cronstadt (cause pour laquelle il s’était battu), il fit irruption dans un lieu où il y avait un grand bal « costumé » pour la fête d’Halloween et fit le tour de la salle en regardant bien les gens, sans dire un mot. Tous étaient pétrifiés, et ils eurent honte.
Cette pseudo-fête est exactement le contraire de celle de la Toussaint, associée à celle des défunts. A la Toussaint, nous fêtons les hommes qui, par leur martyre ou leur ascèse, sont parvenus au but de la vie, à savoir devenir ressemblants à Dieu, ceux qui sont « devenus des dieux par la grâce »5, c’est-à-dire qui sont déifiés. Et le jour des Défunts, nous prions pour que nos défunts achèvent dans leur chemin céleste ce qu’ils ont commencé dans leur chemin terrestre, à savoir « parvenir à la gloire du Royaume céleste »6. Tandis que les tenants d’Halloween, eux, sont centrés sur la mort et le royaume des morts, en oubliant que le Christ est ressuscité et qu’Il a vaincu la mort. Nous fêtons ceux qui jouissent de la béatitude et de la vie éternelle, eux se satisfont que leurs ancêtres soient couchés dans la mort, en compagnie des démons. Ce sont deux chemins antagonistes.
Si vous voyez des enfants sonner à votre porte, déguisés en squelettes, en sorciers ou en diables, pour vous réclamer des bonbons, ayez l’audace de dire : je n’aime pas la mort, je préfère la vie. Christ est ressuscité !
(1) Les « revenants » sont des âmes de défunts qui, ne parvenant pas à s’élever vers le trône de Dieu, ne trouvent pas le repos. Etant errantes, elles peuvent se manifester dans les lieux où elles ont vécu sur terre. Les fantômes [du grec phantasma : illusion, apparence] en sont la manifestation la plus connue : il s’agit d’âmes de défunts qui se manifestent avec la forme de leurs corps, parce que l’âme garde la mémoire du corps et que, comme le dit St Jean Damascène, elle a l’aptitude à reconnaître les atomes de son corps dans l’univers.
(2) La Toussaint doit son origine à la dédicace de l’ancien temple païen du Panthéon, à Rome, en église de Ste Marie et de tous les martyrs, en 609, par le pape Boniface IV, qui y fit transférer un grand nombre de reliques de martyrs provenant des Catacombes. La date était probablement le 13 mai, qui correspond à celle d’une fête de la Toussaint en Syrie à la même époque. L’anniversaire de cette dédicace deviendra notre fête de la Toussaint. Mais en Angleterre, puis en Gaule la fête sera translatée au 1er novembre à la fin du 8ème s. et elle ne deviendra universelle pour l’Occident que sous Louis le Pieux (+ 840). La mémoire universelle des défunts ne sera instituée par St Odilon de Cluny que vers 998, mais sera expressément placée le lendemain de la Toussaint, car tous les défunts sont des saints à venir.
Il n’existe rien d’équivalent dans les rites orientaux, car la Toussaint fêtée le 1er dimanche après Pentecôte passe quasiment inaperçue et il y a tellement de jours dans l’année où l’on prie pour les défunts qu’aucun ne prédomine sur les autres.
(3) Lorsque le Christ vient au-devant de Ses disciples la nuit, en marchant sur les eaux déchaînées de la mer de Galilée, et qu’ils croient voir un fantôme, ce qui les effraye, Il leur dit immédiatement : «Rassurez-vous, c’est Moi, n’ayez pas peur » (Mt14/27). Dieu ne fait jamais peur. Ce qui fait peur ne vient pas de Dieu.
(4) Il ne s’agissait pas de la Toussaint, qui est à cette date-là une fête occidentale, mais le Saint Synode de l’Eglise Russe Hors Frontières avait décidé que la canonisation de St Jean de Cronstadt se ferait le 1er novembre. 11 jours plus tard, en la fête de St Martin, St Jean de San Francisco sacrera le P. Eugraph Kovalevsky (1905-1970) sous le nom de Jean de Saint-Denis, qui sera ainsi le 1er à recevoir le patronage de St Jean de Cronstadt.
(5) Epiclèse de la liturgie de la Pentecôte du rite des Gaules restauré.
(6) Litanie des défunts du rite byzantin.
QUAND UN PROPHETE ENTRE DANS LA SALLE OU L'ON FÊTE HALLOWEEN
La veille du dimanche 19 octobre/2 novembre 1964, où l’Eglise devait, pour la première fois, célébrer solennellement la mémoire de saint Jean de Cronstadt, Monseigneur Jean constata, aux Vêpres, l’absence de beaucoup de paroissiens. En effet, ce dimanche coïncidait avec la fête catholique-romaine de tous les saints [ndt : Toussaint] et une tradition veut que la veille, les forces du mal célèbrent leur propre cérémonie noire, appelée Halloween. Déguisés en diables et en sorciers, les jeunes s’adonnent à des danses et à des réjouissances qui sont une parodie du christianisme. Or un groupe de Russes avaient organisé une telle mascarade. Après l’office vespéral, Monseigneur Jean dit à son fidèle acolyte, Paul Loukianoff : «Maintenant, emmène-moi au bal». Avec son bâton d’évêque à la main, Monseigneur Jean fit irruption dans la pièce et, lentement, foudroyant du regard l’assistance, sans prononcer un mot, il fit le tour de la pièce. La musique avait cessé. Sous le regard de leur maître, les yeux de la conscience s’ouvraient et chacun des danseurs connaissait qu’il était nu spirituellement. Le lendemain, en chaire, Vladika Jean, cet ange de douceur, tonna tel un nouveau Moïse chantant le cantique de pénitence. Saint Tykhon de Zadonsk avait, en son temps, mit fin de même, par sa seule présence, à une célébration païenne.
Vie de notre Père dans les Saints, Jean Maximovitch, Archevêque de Shangaï, Bruxelles et San Francisco (1896-1966). par Presbytera Anna
Saints Cosme et Damien, qui êtes-vous ?
Ils étaient frères selon la chair et originaires de la province d'Asie (région d'Ephèse). Leur père, un noble païen, embrassa la foi chrétienne quelque temps après leur naissance. Mais sa mort prématurée laissa les deux enfants aux seuls soins de leur pieuse mère, Théodote, qui était chrétienne depuis son enfance et s'appliqua à élever ses deux fils dans la piété et l'imitation de ses vertus. Cosme et Damien furent instruits dans les diverses sciences du temps, mais ils abandonnèrent bientôt ces vaines connaissances pour se livrer à l'art médical et délivrer leurs prochains de toutes maladies et infirmités. De même que les Apôtres envoyés en mission par le Christ (cf. Mat. 10), ils reçurent le pouvoir de chasser les esprits impurs et de guérir toutes sortes de maladies sans autre remède que leur prière. Ayant reçu gratuitement la grâce du Saint-Esprit, ces nouveaux Apôtres donnaient gratuitement, soignaient sans aucune distinction les riches, comme les pauvres, les étrangers comme leurs proches, sans jamais demander quoi que ce fût en contre-partie. Leur charité était telle, qu'ils prodiguaient aussi leurs bienfaits aux animaux sans raison. Bien que versés dans la science médicale, ils n'utilisaient en guise de remède, de bistouri ou d'emplâtre que le nom vivifiant du Christ, et joignaient la prédication de l'Evangile du Salut à la guérison, si bien qu'en eux c'était le Christ-Médecin lui-même qui poursuivait son oeuvre et guérissait les âmes et les corps. On accourait de tous les horizons vers leur demeure, et chacun y trouvait guérison et réconfort dans la mesure de sa foi.
Saint Damien, le plus jeune des deux frères, s'endormit le premier dans la paix, suivi quelque temps plus tard par son frère Cosme. Par la suite, des multitudes de Chrétiens ne cessèrent d'affluer vers l'église qui avait été construite à l'emplacement de leur tombeau, au lieu-dit Féréman. Leurs précieuses Reliques et leur Icône étaient une source abondante de guérisons pour les malades qu'on y amenait et qu'on laissait séjourner plusieurs jours dans l'église au milieu des prières et des supplications. Personne ne s'en retirait sans avoir obtenu soit la guérison soit la force d'endurer avec patience et espérance la maladie permise par Dieu pour le salut de son âme.
1. La première des trois paires de Saints du même nom distinguées par la tradition. Cf. 17 oct.
La Toussaint doit son origine à la dédicace de l’ancien temple païen du Panthéon, à Rome, en église de Ste Marie et de tous les martyrs, en 609, par le pape Boniface IV, qui y fit transférer un grand nombre de reliques de martyrs provenant des Catacombes. La date primitive était probablement le 13 mai, qui correspond à celle d’une fête de la Toussaint en Syrie à la même époque. L’anniversaire de cette dédicace deviendra la Toussaint, telle que nous la connaissons. Mais,en Angleterre puis en Gaule, la fête sera translatée au 1er novembre à la fin du 8ième s. et, selon le célèbre hagiographe Adon (archevêque de Vienne. 799-875) elle serait devenue universelle en Occident (c’est-à-dire dans l’Empire carolingien) sous Louis le Pieux (+ 840).
En Orient, la fête de tous les saints (qui n’est jamais appelée « Toussaint », expression exclusivement occidentale) est le 1er dimanche après la Pentecôte (1). Mais elle passe quasiment inaperçue, car il n’y a pas de liturgies du sanctoral en Orient : les saints sont vénérés dans l’office divin, et donc presqu’uniquement dans les monastères, essentiellement dans les stichères des Vêpres et dans les tropaires du canon des Matines (Orthros) ou dans des « molébènes », qui sont des offices propres, liés à certaines circonstances (2). Les Vêpres et Matines du 1er dimanche après la Pentecôte (3) comportent de beaux textes sur les saints, mais sont très peu suivies par les fidèles.
En Occident, la commémoration universelle des défunts a été instituée par St Odilon de Cluny en 998 (4), et donc à l’époque de l’Eglise indivise, et elle a été expressément placée le lendemain de la Toussaint, car tous les défunts sont des saints à venir. A l’origine, il ne s’agissait que des défunts de l’ordre de Cluny (5), mais cet usage passera petit à petit dans le reste de l’Eglise, dans les cathédrales et les paroisses. Cette « fête » aura une audience immense, car le culte des défunts est probablement le rite le plus ancien et le plus universel de toutes les religions, depuis la chute de l’Homme. Tous les êtres humains, toutes les grandes civilisations ont cru à une vie de l’âme après ma mort. Cela devint naturellement beaucoup plus fort chez les Chrétiens, en raison de la Résurrection du Christ, qui nous sauve de la mort éternelle, nous rouvre les portes du Paradis (le Royaume de Dieu) et permet à l’Homme d’accomplir à sa véritable destinée, qui est la déification. Le Christ est le seul à donner un avenir à l’Homme. On peut même dire qu’elle fut et qu’elle demeure la fête la plus universellement suivie en Occident. Même ceux qui, sous l’influence de l’athéisme philosophique – issu de la Réforme – puis des soi-disant « Lumières » – qui furent en fait des ténèbres spirituelles – puis de l’idéologie de la Révolution française – violemment anti-chrétienne – et enfin de l’idéologie marxiste et du communisme, se sont éloignés de l’Eglise, même eux vont « fleurir les tombes » de leurs familles. Le Saint-Esprit est merveilleux, car il leur fait accomplir un geste prophétique : fleurir une tombe, c’est offrir des fleurs aux défunts qui y sont enterrés en leur disant : vous allez refleurir, vous allez retrouver la vie, la beauté et le parfum. Nos frères d’Orient, qui nous ont permis de retrouver la foi orthodoxe de nos Pères, nous ont appris à mettre aussi sur nos tombes une veilleuse, la lumière de la Résurrection. Qu’ils soient bénis !
Dans cet office, qui est de style et d’ordo occidental, il y a deux trésors liturgiques : le « psaume ecclésiastique », tiré de l’Ecclésiaste (Qohélet), à la beauté tragique, trésor occidental, et les « strophes des défunts » (6), composées pendant la révolution russe par un évêque martyr (mort dans un camp de concentration ) et recueillies par le monastère St Job de Potchaïeff (7), trésor oriental, mais, hélas, rarement chantées dans les paroisses de rite byzantin.
Il n’existe rien d’équivalent en Orient, car, dans le cycle hebdomadaire du rite byzantin, tous les samedis sont consacrés à la prière pour les saints et les défunts, mais avec des temps forts : la veille de la Pentecôte, la veille du Carnaval (3ème dimanche du Pré-Carême), les samedis des 2ème, 3ème et 4ème dimanches du Carême, ainsi que le mardi de la 2ème semaine après Pâques, le 29 août (martyre de St Jean Baptiste), et le samedi avant la St Dimitri [26 octobre]. Cela signifie que cet office est très « dilué » dans l’année liturgique et n’a donc pas le même relief qu’en Occident.