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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 08:40
C'est par notre conversion menant à la déification que nous serons en paix avec Créateur et création (mgr Jean)

C'est par notre conversion menant à la déification que nous serons en paix avec Créateur et création (mgr Jean)

Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 2,2-8.

Mes frères : Nous sommes venus avec confiance vous prêcher l'évangile de Dieu avec sollicitude.
Car notre prédication n'a pas procédé de l'erreur, ni d'une intention vicieuse, ni de fraude aucune ;
mais selon que Dieu nous a jugés dignes de nous confier l'Evangile, ainsi enseignons-nous, non comme pour plaire à des hommes, mais à Dieu, qui sonde nos cœurs.
Jamais, en effet, nos discours n'ont été inspirés par la flatterie, comme vous le savez, ni par un motif de cupidité, Dieu en est témoin.
La gloire humaine, nous ne l'avons recherchée ni de vous ni de personne ;
alors que nous aurions pu, comme apôtres du Christ, prétendre à quelque autorité, nous avons été au contraire plein de condescendance au milieu de vous. Comme une nourrice entoure de tendres soins ses enfants,
ainsi, dans notre affection pour vous, nous aurions voulu vous donner, non seulement l'Evangile de Dieu, mais notre vie même, tant vous nous étiez devenus chers.


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 21,15-17.

En ce temps-là, Jésus dit à Simon-Pierre : " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ?" Il lui répondit : "Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime." Jésus lui dit : "Pais mes agneaux."
Il lui dit une seconde fois : "Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?" Pierre lui répondit : " Oui, Seigneur, vous savez bien que je vous aime." Jésus lui dit : "Pais mes agneaux."
Il lui dit pour la troisième fois : "M'aimes-tu ?" et il lui répondit : "Seigneur, vous connaissez toutes choses, vous savez bien que je vous aime." Jésus lui dit : "Pais mes brebis."

Conversion et repentir transforment un bandit en exemple (saint Macaire et saint Moïse / apophtegmes)

Conversion et repentir transforment un bandit en exemple (saint Macaire et saint Moïse / apophtegmes)

Par St Jean Chrysostome

(v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l'Église 
Homélie 46 sur St. Matthieu (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 475) 

 

« M'aimes-tu ? Sois le pasteur de mes brebis »

 

      Imitons les apôtres dans leurs vertus, et nous ne leur serons inférieurs en rien.

En effet ce ne sont pas leurs miracles qui les firent apôtres, c'est la sainteté de leur vie.

C'est à cela qu'on reconnaît un disciple du Christ.

Cette marque, le Seigneur lui-même nous l'a clairement donnée. Lorsqu'il a voulu tracer le portrait de ses disciples et révéler le signe qui distinguerait ses apôtres, il dit :

« Voici à quoi les hommes reconnaîtront que vous êtes mes disciples. »

Serait-ce donc aux prodiges qu'ils opéreraient ? Aux morts qu'ils ressusciteraient ?

Pas du tout !

Mais à quoi donc ?

« Voici à quoi les hommes reconnaîtront en vous mes disciples : à l'amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13,35).

      Or l'amour n'est pas affaire de miracles, mais simplement de vertu :

« L'amour accomplit toute la loi » (Rm 13,10).

Ayez donc l'amour en vous et vous serez parmi les apôtres, même au premier rang parmi eux.

Voulez-vous une autre preuve de cette doctrine ?

Voyez comment le Christ s'adresse à Pierre :

« Pierre, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? »

Nous le savons, rien n'a tant d'efficacité pour nous ouvrir le Royaume de Cieux que de témoigner au Christ l'amour qu'il mérite.
 

Un jour, qu’il s’était rendit avec les anciens auprès de saint Macaire, celui-ci dit:  "Je vois que l’un d’entre vous obtiendra la couronne du martyr."  Moïse lui répondit alors : "C’est sans doute moi car il est écrit: 'tous  ceux  qui  prennent  l'épée  périront  par  l'épée'.  Quelque  temps  après  leur  retour  au  désert,  les  barbares  attaquèrent  le  monastère.  Il dit  alors aux  moines  qui  étaient  avec  lui:  "Que celui qui veut s’échapper le fasse."  Ils  lui  dirent alors: "Et toi, père, pourquoi ne t’échappes-tu pas?"  Il  leur  répondit:  "J’attends ce jour depuis longtemps." Les barbares envahirent le monastère et le tuèrent ainsi que sept moines qui étaient restés avec lui. Mais l’un de ces moines s’était caché derrière une paillasse. Il vit l’ange du Seigneur qui l’attendait, une couronne à la main. Il se dépêcha de sortir et les barbares le tuèrent lui aussi. Méditez,  frères,  à  propos  de  la  puissance  du  repentir  et  de  la  contrition  et  comment l’esclave païen, assassin, adultère et voleur devint un père, un maître qui enseignait et  consolait ses frères, un prêtre. Il établit des règles pour le monachisme et son nom et évoqué sur les Autels.  Les reliques de ce saint se trouvent actuellement au monastère Copte Orthodoxe de la Vierge Marie à el-Baramousse, en Égypte.

Un jour, qu’il s’était rendit avec les anciens auprès de saint Macaire, celui-ci dit: "Je vois que l’un d’entre vous obtiendra la couronne du martyr." Moïse lui répondit alors : "C’est sans doute moi car il est écrit: 'tous ceux qui prennent l'épée périront par l'épée'. Quelque temps après leur retour au désert, les barbares attaquèrent le monastère. Il dit alors aux moines qui étaient avec lui: "Que celui qui veut s’échapper le fasse." Ils lui dirent alors: "Et toi, père, pourquoi ne t’échappes-tu pas?" Il leur répondit: "J’attends ce jour depuis longtemps." Les barbares envahirent le monastère et le tuèrent ainsi que sept moines qui étaient restés avec lui. Mais l’un de ces moines s’était caché derrière une paillasse. Il vit l’ange du Seigneur qui l’attendait, une couronne à la main. Il se dépêcha de sortir et les barbares le tuèrent lui aussi. Méditez, frères, à propos de la puissance du repentir et de la contrition et comment l’esclave païen, assassin, adultère et voleur devint un père, un maître qui enseignait et consolait ses frères, un prêtre. Il établit des règles pour le monachisme et son nom et évoqué sur les Autels. Les reliques de ce saint se trouvent actuellement au monastère Copte Orthodoxe de la Vierge Marie à el-Baramousse, en Égypte.

C'est par notre conversion menant à la déification que nous serons en paix avec Créateur et création (mgr Jean)
 

(Mercredi de la Quatorzième Semaine après la Pentecôte (Mercredi 2 septembre)
Homélie de Monseigneur Jean (Kovalevsky), évêque de Saint Denis)


(Marc IV, 35-41)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.


L'évangile de la tempête est très clair ; la barque, dans laquelle se trouve le Christ avec les apôtres, c'est l'Église, et ce sont nos âmes. La mer qui se déchaîne avec le vent et les vagues, ce sont le monde avec ses passions.

Ici, faisons une remarque : le premier sens de ces vagues qui envahissent, mouillent, remplissent la barque est certainement la persécution.

Or il y a deux formes de persécution venant de ce monde de péché :
- celle exercée directement sur les chrétiens ou sur la religion par les athées... ;
- l'autre :

lorsque les idées de ce monde, la manière de vivre de ce monde, envahissent l'Église ou notre âme; quand l'Église est trop bien soignée, par l'État par exemple, trop bien soutenue par l'argent, quand l'Église, ou plutôt les représentants de l'Église, deviennent de ce monde, quand notre âme se profane.

Cette persécution-là est beaucoup plus dangereuse que la première.
Ainsi, nous sommes souvent - il y a heureusement des moments de paix, de tranquillité sur cette mer - devant deux formes de persécution.

Dans la persécution directe de l'âme ou de l'Église, quand le Diable nous attaque, c'est la lutte ; nous pouvons tomber par lâcheté, par faiblesse, par crainte, par peur. Mais dans l'autre persécution, quand les éléments du monde envahissent l'Église sans que nous-mêmes soyons en danger, quand tout devient plus de ce monde que du divin, nous devons avoir une autre forme de lutte, de vigilance, car cette persécution-là n'est pas violente extérieurement, elle l'est imperceptiblement et nous glissons peu à peu vers cet esprit du monde.

Voilà pourquoi la vigilance devant cette persécution nécessite un autre courage : celui de ne pas céder au compromis avec le monde.
Mais dans l'Évangile, il y a une autre chose, curieuse, inattendue :

le chef de l'Église, le Christ qui a dit : Je serai toujours avec vous,dort. Il est tranquille, Il dort, Il ne prend pas de «mesures».

Pourquoi ce sommeil du Christ au moment du danger ?

Et nous avons souvent eu, à ces moments-là, l'impression que Dieu sommeille, qu'Il n'est pas avec nous pour nous défendre, qu'Il ne vient pas à notre aide.

Le Christ répond lui-même aux hommes de peu de foi :

Il dort.
Il n'agit pas dans notre chemin personnel ou dans le chemin de l'Église : est-ce pour que nous l'appelions ?

Certainement.

Mais c'est encore plus pour éprouver notre foi. Il veut nous dire :

devant les persécutions, qu'elles soient du dedans ou du dehors, lorsque votre âme est attaquée par le Diable - vagues qui vous envahissent - votre conduite doit être sereine, tranquille ; ne soyez pas effrayés par ce monde déchaîné contre vous, par le péché du Diable qui paraît fort.

Gens de peu de foi, nous devons être tranquilles et, au fond, c'est à nous qu'il incombe de combattre pour le Christ, et non pas seulement d'être sauvés par le Christ.
Il dort - non parce qu'Il veut dormir, Il est assoupi -

Il dort pour que nous soyons vigilants, pour que nous arrivions nous-mêmes à arrêter les flots de la vague.

Et cette attitude de Dieu vis-à-vis de ses bien-aimés, de ses disciples, de ses enfants, de ces membres de ce corps mystique - cette attitude, nous la retrouvons souvent dans l'histoire de l'Église, et souvent dans notre vie intérieure. Il nous laisse la possibilité d'arrêter les flots, Il veut que nous fassions l'apprentissage de donner les ordres aux éléments.
Le Christ ordonne à la mer, ordonne aux vents ; le calme revient et les apôtres alors se demandent :

Qui est Celui à qui les vents et la mer obéissent ?
A qui obéissent les éléments de ce monde ?

A cet homme dans la barque, qui est Jésus, mais qui est aussi le Créateur. Voilà pourquoi les éléments lui obéissent.

Ceci est un témoignage :

l'homme a été créé roi de la terre pour que tous les éléments lui obéissent, comme il est écrit au livre de la Genèse. Le Christ ici agit en tant qu'Il est Dieu.

En réalité, tous les hommes, les chrétiens, devraient parvenir à la même puissance. Par la force humaine, certes non, mais par acquisition de la puissance divine de l’Esprit-Saint.
Actuellement les éléments n'obéissent pas à notre parole, nous obéissons aux éléments, parce que nous n'avons pas acquis la divinité par la Grâce.

Le Christ nous montre ce que peut être l'homme déifié.

Dans le Paradis, nous ne voyons pas explicitement cette puissance d'Adam et Eve :

ni hostilité, ni vagues qui les submergent, ni peur de manquer du fruit nécessaire à leur nourriture; les bêtes ne les effrayent pas et viennent pacifiquement autour d'eux. Adam avait cette puissance.

Nous l'avons perdue.
Tel est le but de la création de l'homme :

qu'il aille vers Dieu et, rempli de souffle divin, devienne semblable au Créateur. Ainsi, notre Seigneur, en disant aux vents et à la mer :

«Taisez-vous ! Arrêtez ! Pacifiez-vous ! Obéissez à ma parole !», trace pour nous ce que l'homme doit devenir par l'acquisition de l'Esprit-Saint.
Regardez, lisez attentivement la vie des saints. Saint Nicolas calme la tempête, saint Honorat marche sur les eaux, les autres apaisent les vents, pacifient les bêtes féroces. A notre époque, j'en ai des témoignages directs et indirects, les éléments, la nature, obéissent à l'homme. Les saints ont réalisé, et réalisent, ce que le Christ a réalisé - non parce qu'ils sont des créateurs, mais parce qu'ils sont devenus très ressemblants au Créateur.
Pourquoi n'avons-nous pas aussi peu cette puissance ?

Parce que nous n'avons pas suffisamment soif de Dieu, soif d'être nourris par Dieu, de vivre en lui, d'être de lui, par lui, et en lui seulement.

Nous avons soif de perfection et de tant et tant de choses de seconde zone. Mais le manque de cette soif ardente, de ce désir absolu d'être rempli par la Grâce, la Puissance, l'Énergie divines, afin de devenir pour lui, de vivre en lui, avec lui, ce manque de soif fait que nous n'avons pas de pouvoir sur les éléments.


Voilà pourquoi l'Évangile nous appelle à une seule chose : oubliant tout, cultivons en nous le désir permanent de Dieu.

Je dis le désir, je ne dis pas les commandements, car pour accomplir les commandements, on peut, si le désir est grand, lutter efficacement malgré notre imperfection.

Cultivons avant tout cette soif d'être immédiatement, le plus vite possible, en lui, par lui et de lui, d'être ses enfants, afin de dire, non des lèvres mais de tout notre être : Père nôtre, qui es aux cieux, que ta volonté, ton nom, ta puissance, ton royaume soient aussi sur la terre - c'est-à-dire en nous.
Que Dieu pénètre non seulement notre esprit, mais aussi notre âme, notre corps - jusqu'au bout des doigts - que sa lumière nous pénètre afin que nous ne vivions plus que par lui ; alors les éléments, nous obéiront, et toute crainte partira avec le démon confus.

Amen.

 

Note:

L'évêque Jean (Kovalevsky),auteur de cet admirable sermon,

ami de mon directeur spirituel à l'époque de mes études :

Le Rd Père Gilbert LIVRAGNE (Qui le considérait comme un saint),

fut le grand promoteur, avec la bénédiction d'autorités supérieures orthodoxes

(Dont St Jean de San Francisco)

d'une "orthodoxie occidentale".

Principes de l’écclésiologie orthodoxe et difficultés de mise en œuvre
Michel Stavrou - Professeur de Théologie dogmatique à l’Institut Saint-Serge

Le peu de temps dont nous disposons et le caractère pastoral de cette assemblée m’ont dissuadé de faire un exposé de type académique sur la nature et les « notes » de l’Eglise. J’ai cru bon de m’en tenir plutôt aux fondamentaux de l’ecclésiologie chrétienne, et à des éléments - forcément partiels - qu’il me semble important de rappeler aujourd’hui.

Il est peut-être banal de partir de ce donné de la foi : l’Eglise est d’abord un mystère, c’est-à-dire qu’elle se trouve au cœur d’un projet nuptial poursuivi par Dieu depuis la fondation du monde et proposé à sa création, un projet sur lequel nous avons reçu d’En-haut quelques lumières et qui nous dépasse par son ampleur. L’Eglise, en tant que mystère, échappe à toutes nos définitions et réflexions humaines. Celles-ci ne peuvent que cerner tel ou tel aspect, mais en aucun cas circonscrire l’être de l’Eglise. Il est important de rappeler cela en un temps où nous sommes touchés par les crises qui affectent le tissu ecclésial : crises d’identité dans la mesure où trop souvent l’Eglise se voit réduite, même de la part de ses propres membres, à ses aspects sociologiques voire ethniques ou géopolitiques, crises de fonctionnement ou de comportement en ce que nous sentons çà et là et jusqu’en chacun de nous des raidissements et des tendances à la fragmentation. Presque toutes nos crises résultent des soubresauts d’une histoire du monde tourmentée. C’est ici que l’ecclésiologie c’est-à-dire la vision théologique que l’Eglise a d’elle-même en tant qu’Eglise peut s’avérer salutaire : non seulement utile mais indispensable pour que nous échappions à une vision sécularisée, que nous comprenions que l’Eglise s’inscrit certes dans l’histoire mais dépasse en même temps tous les déterminismes historiques et culturels dans son être profond.

I. Les principes fondamentaux. La réalité mystérique de l’Eglise.

La vie chrétienne se développe en premier lieu au niveau humble de la communauté eucharistique. L’Eglise ne représente pas d’abord une institution, ni une hiérarchie, ni un ensemble sociologique d’individus partageant certaines coutumes, un passé et une langue qui leurs sont communs, ou encore des valeurs éthiques à préserver, même si elle peut impliquer humainement tous ces aspects ; elle désigne d’abord, depuis la Pentecôte, la communauté des "appelés", de ceux que l’Esprit de Dieu interpelle et à qui il fait reconnaître en Jésus leur commun Seigneur et sauveur.

Mais comment parler de l’Eglise sans le sacrement-mystère de la koinônia (communion) qu’est l’Eucharistie, qui empêche l’Eglise de se scléroser, et la fait ressembler, selon l’image ancienne, à cette femme âgée au visage ridé et pourtant toujours jeune ? Le sacrement de la communion est en fait participation à la vie du Christ ressuscité. « Puisqu’il n’y a qu’un pain, à plusieurs nous sommes un seul corps, car tous nous participons à cet unique pain. » (1 Cor 10,16-17). Bien plus qu’analogie, il y a relation d’identité entre la participation au pain eucharistique et l’intégration au corps ecclésial unique. C’est pourquoi l’expression "Corps du Christ" désigne à la fois l’Eglise et l’Eucharistie, une correspondance ontologique s’établissant entre elles. Le rassemblement du peuple de Dieu invité à la "fraction du pain" (Ac 2, 42) fait que l’Eglise devient hic et nunc ce qu’elle est : le corps du Christ vivant. Dans ce repas s’actualise la relation entre création et Créateur, réalisée dans le corps et le sang du Christ. Il y a renouvellement d’une alliance en Christ, par laquelle l’homme rend grâce en tout et pour tout ce qu’il vit, réfère à Dieu son existence et le monde entier, et où il reçoit la vie de Dieu. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20). Mais la vie du Christ est celle même de la Trinité indivisible : elle est reçue du Père par le Fils : « la gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée pour qu’ils soient un... » (Jn 17,21), pour être finalement offerte par lui dans l’Esprit Saint.

L’ecclésiologie eucharistique qui en résulte tient en quelques mots : 1° L’Eucharistie est toujours offerte en un lieu donné et rassemble, sous la présidence de l’évêque ou de son représentant, les fidèles se trouvant sur un territoire donné, 2° le Christ est le principe unifiant de tous les fidèles car, comme le dit saint Paul aux Corinthiens, “ nous avons été baptisés en un seul Esprit, en un seul corps ” (1 Cor 12,13). D’autre part, c’est le rassemblement eucharistique qui entretient la vivante cohésion (1 Cor 10,17) de cet unique corps du Christ dont les baptisés sont les membres. Enfin, dimension fortement soulignée par le métropolite Jean Zizioulas, l’Eucharistie, en récapitulant toute l’économie du salut, manifeste la nature eschatologique de l’Eglise. Dans l’Eucharistie, l’Eglise se révèle l’icône du Royaume de Dieu.

L’identité ultime de l’Eglise se trouve donc dans le Royaume du Dieu trine. « Mon Royaume n’est pas de ce monde » dit Jésus. L’être véritable de l’Eglise se trouve non pas dans ce qu’est l’Eglise à telle ou telle étape de l’histoire, mais en ce qu’elle se révèlera être aux temps derniers, les eschata. Dans sa réalité ultime, l’Eglise est la communauté des derniers jours, et son organisation doit nécessairement dès à présent refléter cette identité eschatologique. La structure et l’articulation de l’Eglise, la nécessaire complémentarité entre primautés et conciliarité à tous les niveaux, doivent découler harmonieusement de son identité profonde. On ne peut séparer au nom d’un « principe de réalité pratique » les aspects temporels de l’Eglise de son être véritable, mais tenter de voir ceux-ci, par principe, en lien organique avec la vie de la Sainte Trinité. Sinon l’Eglise risquerait de tomber dans une sorte de schizophrénie en séparant son comportement terrestre de son être profond, céleste.

Nous voyons finalement s’esquisser ce principe capital que l’Eglise est fondée dans la vie trinitaire de Dieu. Comme le disait saint Jean de Kronstadt : « On ne peut jamais penser à l’Eglise en dehors du Seigneur Jésus-Christ, du Père et du Saint-Esprit. » Dans l’Eglise, la grâce divine, c’est-à-dire la vie de Dieu nous vient du Père par le Fils dans l’Esprit, chaque personne divine ayant un rôle spécifique dans l’économie du salut. C’est ce que l’on peut approfondir en parcourant le cheminement entre Eglise et Trinité selon une ecclésiologie descendante.

Comme le soulignent la plupart des Pères dans leur méditation de l’Ecriture sainte, l’Eglise constitue non pas seulement le moyen de surmonter une faute originelle mais, selon une vision plus ample et plus heureuse, la récapitulation du mystère du dessein d’amour conçu par Dieu dès avant la création du monde. La finale de la seconde épître aux Corinthiens, reprise dans la liturgie de saint Jean Chrysostome où elle ouvre la prière centrale de l’eucharistie, exprime sous forme d’une simple bénédiction la finalité du projet de Dieu : « Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu (c’est-à-dire le Père, précise Chrysostome) et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ». Ce mystère se trouve tout d’abord enraciné dans l’amour de Dieu. « L’amour de Dieu le Père » met en œuvre le mystère du salut et donc celui de l’Eglise. « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a envoyé son fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse mais ait la vie éternelle. » (Jn 3,16) Tout plan et tout acte de Dieu partent toujours de l’amour et de la bienveillance du Père, Lui qui n’hésite pas à nous faire don de son fils unique pour nous ramener vers la vie et faire de nous, à travers son fils unique, ses enfants adoptifs.

En deuxième lieu, « la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ », c’est-à-dire ce don de soi du Fils de Dieu, qui est le sens même de sa kénose (évidement), désigne le corps même où se récapitule le mystère de l’Economie. « A plusieurs nous ne formons qu’un seul corps dans le Christ » (Rm 12,5) ou encore « Là où est le Christ, là se trouve l’Eglise catholique », écrit saint Ignace d’Antioche au 2ème siècle. Le Christ se prolonge pour ainsi dire dans l’Eglise et assume ainsi les hommes et le monde entier. L’Eglise, comme le Christ, loin d’être une réalité statique suscite un mouvement dynamique de transfiguration, d’intégration de toute la création dans la chair du Seigneur.

Enfin « la communion du Saint-Esprit », c’est-à-dire le fait que l’Esprit, par sa présence dans le mystère de l’économie du salut, rend possible la communion de la création avec son créateur et des créatures entre elles, constitue le troisième pilier de l’Eglise. « Là où est l’Eglise, là est aussi l’Esprit de Dieu, et là où est l’Esprit de Dieu est l’Eglise et toute grâce. » (Irénée de Lyon, Contra Haereses, III, 24, 1). L’Esprit Saint permet aux hommes de dépasser leur condition bornée de créatures pour communier à la fois entre eux et avec Dieu, de sorte que les limitations qui définissent les identités des uns et des autres juifs, grecs, russes, français, etc. ne soient plus un obstacle à la communion - selon la vision déchue du monde où nous vivons, où pour survivre les êtres doivent s’opposer entre eux. L’Esprit Saint est un esprit de communion. En même temps, Il est un esprit de liberté (sans laquelle la communion deviendrait fusion ou oppression), car, étant descendu à la Pentecôte sous forme de langues distinctes sur chacun des Apôtres, Il rend féconde et harmonieuse dans l’Eglise la diversité personnelle : il y a de nombreuses demeures dans la Maison du Père.

L’Eglise ne dépend donc pas simplement de la bienveillance du Père en qui tout s’origine, ni du Christ du fait qu’elle est son corps, ni seulement de l’Esprit parce qu’elle est, comme dit saint Paul, le temple du Saint-Esprit, mais elle relève, encore une fois, de la théologie trinitaire. Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que l’Eglise soit vue par les Pères comme l’icône de la Trinité. Etant créés à l’image du Dieu trinitaire, les hommes pris ensemble constituent dans l’Eglise l’icône du Dieu trinitaire, appelés à conjuguer de façon harmonieuse unité et diversité des personnes, donnant tout son sens à la catholicité ecclésiale qui est partage de la plénitude divine par delà toutes les déficiences humaines.

À ce propos, nous pouvons évoquer saint Grégoire de Nysse qui, dans sa 5e Homélie sur le Cantique des cantiques, souligne qu’à l’illusion ombreuse de l’Ancien Testament (Hb 10,1) succède le « parfait resplendissement » du Nouveau Testament pour montrer, dit-il, « l’image même des réalités ». Ces réalités sont celles du Royaume de Dieu, dévoilées en partie dans l’ère de la Nouvelle Alliance où nous nous trouvons. Là où s’affirme par excellence cette iconicité de l’Eglise qui lui permet de faire transparaître le Royaume de Dieu, c’est dans la célébration des mystères-sacrements et surtout dans le sacrement par excellence qu’est l’Eucharistie. L’Eucharistie signifie la venue fulgurante du Royaume de Dieu dans l’histoire, une anticipation des eschata, les jours derniers.

II. L’humble réalité historique. Difficulté à mettre en œuvre l’ecclésiologie eucharistique.

Après avoir évoqué la réalité profonde, mystérique de l’Eglise, il convient de ne pas s’illusionner sur un autre niveau de réalité, indéniablement moins réjouissant, celui de la réalité historique de nos communautés ecclésiales. Comme on va le voir, cette ecclésiologie eucharistique dont on a parlé et dont les principes ont été retrouvés notamment au sein même de l’Institut Saint-Serge il y a maintenant longtemps, est loin d’être pleinement assimilée et vécue dans l’oikouménè orthodoxe.

Depuis que sa situation s’est trouvée civilement “normalisée” au sein de l’empire romain il y a près de 17 siècles, l’Eglise, à travers une histoire complexe et multiforme, a sans cesse subi des tentatives de réduction de son identité, auxquelles aucun contexte historique n’a échappé et auxquelles notre époque n’échappe pas davantage. Nous le percevons en particulier dans notre situation d’orthodoxes disséminés en Occident. Notre environnement social, culturel voire familial nous rappelle sans cesse que nous sommes issus spirituellement voire souvent charnellement de diverses diasporas : Eglise russe, Eglise grecque, Eglise serbe, etc. qui coexistent dans les mêmes lieux et dont la foi est pourtant rigoureusement identique. Si chacune de ces communautés ecclésiales d’Europe occidentale a suivi un chemin historique spécifique, l’Archevêché russe n’a en tous cas pas failli à sa vocation proprement ecclésiale : à savoir témoigner dans la société qui nous entoure de la Bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ selon une perspective orthodoxe universelle en relativisant autant que possible la dimension culturelle-ethnique au bénéfice du message évangélique, catholique et apostolique. Il suffit pour s’en convaincre de voir la composition de cette assemblée où figurent beaucoup d’occidentaux de souche. De simple communauté ecclésiale de diaspora russe, cet archevêché est devenu en 80 ans une composante majeure d’une véritable Eglise orthodoxe locale dont la réalité est patente mais dont les structures canoniques se font toujours attendre. En tant que personnes, nous ne sommes pas membres conscients de l’Eglise orthodoxe par pur atavisme mais parce que nous nous y sommes chacun sentis consciemment appelés : c’est le sens précis du mot “Ekklesia” : le rassemblement de ceux qui ont été personnellement appelés par Dieu à être ses enfants adoptifs dans l’Esprit. Ainsi l’Archevêché s’est-il trouvé inscrit dans une tension féconde et aussi douloureuse (mais comme telle inévitable) entre ses origines culturelles ethniques spécifiques et sa vocation missionnaire dont l’accomplissement doit passer par de nécessaires transformations et par une véritable kénose.

Autre facteur important, le fait que la diaspora constitue un lieu hautement sensible de la carte de l’Orthodoxie mondiale. Nous nous trouvons sur une ligne de fracture où se touchent les aires territoriales des différents patriarcats. Les tensions entre Eglises autocéphales retentissent directement sur nos petites communautés. Or, depuis au moins deux siècles, la formation d’Eglises nationales, souvent au nom de principes politiques ou ethniques, alors que prévalait jusque là le principe ecclésiologique local et territorial, a mené progressivement à ce qu’il faut bien appeler une crise de la conciliarité. La situation de blocage dont nous souffrons depuis longtemps rend urgente une prise de conscience grâce à laquelle les relations entre Eglises seraient redynamisées, en veillant à ce que la conciliarité ne soit plus un vain mot mais le véritable facteur de cohésion intra- et inter-ecclésial.

III. La conciliarité, facteur de cohésion à tous les niveaux de la vie ecclésiale.

Déjà dans l’Eglise ancienne, la communauté était structurée, ordonnée : l’Église locale ayant à sa tête un préséant (proestôs) : l’évêque (episkopos), entouré d’un collège de presbytres ("anciens"), des diacres et du peuple. Nous trouvons déjà là la structure organique des ministères de l’Eglise. L’évêque a pour première charge la fonction sacerdotale d’image du Christ. Ses charismes (sacrements, enseignement, mission pastorale) focalisent sur une personne reconnue les dons reçus par le peuple de Dieu tout entier, porteur du sacerdoce royal et prophétique (1 Pi 2,9).

Dans le cadre de l’ecclésiologie eucharistique, que signifie alors la conciliarité ? Celle-ci se décline, comme on va le voir, à différents niveaux de la vie de l’Eglise : 1. au sein de la communauté eucharistique locale, 2. dans les relations entre les Eglises locales, comme synodalité. 3. enfin, nécessairement, au plan universel.

1. Conciliarité dans la communauté eucharistique.

Dans l’Eglise ancienne (voir Apocalypse et les épîtres d’Ignace), le collège des presbytres entourant l’évêque dans la synaxe eucharistique et les autres assemblées manifestait la conciliarité de l’Eglise locale. Ce collège avait pour modèle celui des Apôtres présidé par le Christ, puis un peu plus tard par saint Pierre. Le ministère presbytéral demeure essentiel pour que s’exerce la conciliarité entre l’évêque et son peuple.

Les diacres, enfin, intermédiaires entre les presbytres et les laïcs, offrent les dons et les intercessions du peuple, et veillent à ce que l’Eucharistie se prolonge dans le Sacrement du frère. Les laïcs sont ordonnés lors de l’initiation baptismale qui culmine dans l’Eucharistie. Sans leur présence, l’Eucharistie n’aurait plus aucun sens, puisqu’elle est offerte par l’évêque au nom du peuple. C’est à eux qu’appartient en propre la responsabilité de l’Amen dans la liturgie.

La conciliarité de la synaxe eucharistique traduit la cohésion avec laquelle l’assemblée des baptisés réunie autour de l’évêque (ou de son représentant, le presbytre) s’identifie de façon icônique au Christ total, tête et corps, chacun pour sa part, selon le charisme ou le ministère qui lui est confié en relation avec tous les autres.

Il y a un paradoxe apparent dans la catholicité de l’Eglise locale qui peut s’énoncer ainsi : l’Eglise locale reçoit une plénitude qui la comble mais qui, loin de l’isoler, l’ouvre aux autres Eglises, aux hommes et au monde entier. La conscience de la plénitude ecclésiale goûtée dans l’Eucharistie, loin d’engendrer l’autosuffisance, ouvre l’Eglise locale vers les autres Eglises partageant la même plénitude.

2. Conciliarité dans la communion des Eglises locales.

Comme l’Eucharistie offerte par les différentes Eglises locales est une et identique, les évêques se sont rassemblés spontanément entre évêques voisins pour s’accorder sur les questions communes. Telle est, semble-t-il, l’origine du concile ou synode épiscopal, devenu institution régulière en vertu du 5e canon du 1er Concile de Nicée (325).

Chaque évêque portant son Eglise locale, le synode épiscopal exprime la communion non pas simplement des évêques en soi mais des Eglises locales dont ils sont les têtes.

Le fait que toutes les eucharisties locales offrent le corps unique et total du Christ - et donc que les différentes Églises locales partagent la même plénitude catholique - explique le principe canonique ancien de l’égalité ontologique absolue de tous les évêques entre eux, chacun possédant dans son Église, par la grâce de l’Esprit saint, l’autorité et le pouvoir reçus des Apôtres. Le Collège des Douze, manifesté dans l’Eglise ancienne par chaque évêque entouré de ses presbytres, est à l’origine de la fondation de toutes les Eglises locales et, à travers elles, de l’Eglise universelle. Chaque évêque, souligne saint Cyprien, siège sur la chaire de Pierre.

Pour l’Orthodoxie, l’Eglise universelle ne s’oppose pas en soi à l’Eglise locale (chaque évêque est en effet toujours ordonné par au moins deux ou trois évêques), mais une ecclésiologie universaliste n’est pas compatible avec une ecclésiologie eucharistique conséquente, car l’unique Eucharistie est offerte à la fois en chaque lieu et partout dans le monde, mais jamais au-dessus des communautés locales.

L’épiscopat est unique. Mais le concile épiscopal est une assemblée structurée depuis l’époque la plus ancienne. Le rassemblement des évêques en synodes provinciaux a suivi spontanément le découpage administratif de l’Empire romain : l’évêque de la cité la plus importante (métropole) ou la plus prestigieuse par son témoignage ecclésial présidait le synode provincial. Cette primauté du métropolite, essentielle pour manifester l’unité ecclésiale dans la communion des évêques et faire rayonner la conciliarité au niveau de la province, était celle d’un primus inter pares, en vertu de l’unité de l’épiscopat.

Un équilibre ecclésiologique résultait donc de la tension féconde entre le rôle du primat et celui des différents évêques du synode, comme cela est exprimée par le fameux 34e canon apostolique (formulé en Syrie au 4e s.) qui énonce que “les évêques de chaque peuple sachent lequel parmi eux est le primat et le reconnaissent comme leur tête et ne fassent rien qui sorte de l’ordinaire sans son assentiment, et que chacun règle seulement toutes les affaires de son propre diocèse et des lieux qui en relèvent. Mais que [le primat], non plus, ne fasse rien sans l’assentiment de tous les autres. Car ainsi règnera la concorde et sera glorifié le Père, le Fils et le saint Esprit. ”.

Ce texte d’une grande actualité souligne l’existence de deux principes ecclésiologiques distincts mais indissociables : la primauté et la conciliarité ; il met en lumière le lien dialectique qui les unit intimement à tous les échelons des synodes : provincial, patriarcal, universel.

Dans cette ecclésiologie, l’unité entre les Eglises locales est non pas uniforme mais différenciée (c’est une identité-distinction pour employer un concept cher à V. Lossky). Cela signifie que chaque Eglise locale se trouve, dans son être historique, développer et offrir tel ou tel charisme au service de toutes les Eglises sœurs, aussi bien dans l’approche de la foi que dans la liturgie. Le synode a pour but de permettre l’enrichissement réciproque, et le primat de coordonner au service de l’unité les différents dons.

A un niveau plus vaste que les provinces se sont dégagées jusqu’au 6e s. cinq grands pôles de la communion ecclésiale, les patriarcats anciens : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem, selon l’ordre de primauté décroissant, qui constituaient le système de la pentarchie. Chaque patriarche jouissait d’une primauté parmi les différents métropolites de son patriarcat. Les soucis communs étaient réglés au sein d’un synode patriarcal permanent présidé par le patriarche. Ainsi se traduisait la conciliarité épiscopale à un 2e degré qui n’empêchait pas le synode permanent de porter l’expérience des Eglises locales, puisque chaque métropolite recevait dans son synode provincial les avis des évêques diocésains.

La géographie de l’Orthodoxie mondiale s’est ensuite transformée avec l’instauration des autocéphalies modernes : d’abord avec le patriarcat de Moscou en 1589 puis avec l’apparition d’Eglises orthodoxes nationales en Grèce, Serbie, Roumanie, etc, en tout une quinzaine d’Eglises orthodoxes autocéphales [1] ou autonomes. L’octroi de ces autocéphalies ne s’est pas fait dans des conditions idéales, mais sous la pression de facteurs historiques et politiques.

Il est évident qu’un véritable exercice de la conciliarité va de pair avec le respect de l’ecclésiologie eucharistique. Or, dans leur mode de fonctionnement, les Eglises autocéphales témoignent le plus souvent d’une autre logique, nationale ou universelle.

Je n’évoquerai pas le phylétisme pratique que reflète la situation ecclésiologique aberrante de ce qu’il est convenu d’appeler la Diaspora. Cela est bien connu. Je mentionnerai deux autres exemples : 
- a) Dans l’Eglise de Russie, chaque prêtre, lorsqu’il célèbre l’Eucharistie, se doit de mentionner le patriarche de Moscou avant son propre évêque, comme si la catholicité de l’Eglise locale était reçue d’en haut. Déjà au 19e s., dans le catéchisme de saint Philarète métropolite de Moscou, éminent spirituel et théologien de l’oikouménè orthodoxe, on pouvait lire que les Eglises locales sont “ des parties [...], des membres éminents du corps unique de l’Eglise universelle ” [2], selon une logique semi-universaliste que l’on retrouve de façon proche dans les actes du Concile de Moscou de 1917 [3], et même encore en pointillé dans les Statuts de l’Eglise de Russie promulgués par le Concile de 2000 [4]. 
- b) Dans l’Eglise de Grèce, chaque évêque, lorsqu’il préside la synaxe eucharistique, mentionne non pas l’archevêque d’Athènes mais le Saint-synode de son Eglise, comme si cet organisme était acéphale. Cette pratique anormale résulte des conditions historiques douloureuses de l’octroi de l’autocéphalie à l’Eglise de Grèce. 
- c) Récemment en mars 2000, l’Église de Serbie a envoyé à Paris le Métropolite Constantin pour qu’il intronise l’Évêque Luka dans l’« église serbe » au 23, rue Simplon. Il a lu un court texte en rapport avec l’intronisation, où il dit notamment ceci :

« L’Église orthodoxe serbe, comme Église canonique, ayant la dignité du Patriarcat, ne cesse de prendre soin de ses membres, où qu’ils se trouvent. Au-delà des diocèses établis sur un espace canonique traditionnel, où son organisation ecclésiastique est présente depuis des siècles, l’Église orthodoxe serbe a été amenée, à la suite des déplacements de population liés à des raisons économiques ou politiques, à organiser sa mission aussi bien dans le Nouveau Monde que dans les pays d’Europe, dans le but de maintenir la foi parmi ses membres, porter témoignage de l’Orthodoxie dans des pays non orthodoxes et contribuer ainsi à la faire connaître dans le monde. La présence de plusieurs évêques orthodoxes dans cette ville ne porte pas atteinte à l’ordre de l’Église orthodoxe, à l’idée qui voudrait que dans une ville il y ait un seul évêque, car chacun des évêques canoniques prend soin des membres de son Église locale [...]. » [5].

La dernière phrase citée est d’autant plus malheureuse qu’elle s’efforce, au nom même de l’ecclésiologie, d’émousser les scrupules de quelques prélats et de dissiper le malaise grandissant du peuple de Dieu face à une situationcanoniquement et ecclésiologiquement injustifiable, quoique l’histoirepuissetoujoursêtreinvoquée pour l’expliquer. Il ne s’agit d’ailleurs nullement de critiquer ici la diaspora serbe en tant que telle, mais d’illustrer par cet exemple une mentalité que l’on retrouve dans toutes nos communautés orthodoxes.

De tels exemples montrent, si besoin était, que l’ecclésiologie eucharistique est appelée, non seulement à être confessée et reçue dans le principe, mais à s’inscrire réellement dans la pratique ecclésiale, le poids des contingences historiques ne devant jamais masquer la lumière de la Tradition apostolique.

3. Conciliarité au niveau de l’Eglise universelle.

Cette question capitale paraît encore théorique, voire non pertinente, à bien des orthodoxes. Elle sera seulement évoquée brièvement ici. Il n’existe pas dans l’Orthodoxie de structure conciliaire ordinaire entre les Eglises autocéphales. Pourtant, au niveau du monde entier, l’Eglise se doit de manifester la conciliarité entre les Eglises et de coordonner la mission dans le monde, conformément au modèle du Collège apostolique. Pour répondre à cette question, on est tenté de se référer à l’histoire de l’Eglise du premier millénaire.

Rome était l’Eglise qui, en principe, “ présidait à l’amour ” dans la communion des Eglises. Sanctifiée par les tombeaux des saints apôtres Pierre et Paul, cette Eglise prestigieuse représentait une réelle instance d’arbitrage des débats doctrinaux et des jugements disciplinaires, sans jouir pourtant d’un pouvoir de juridiction sur les Églises d’Orient. En cas de conflit entre un évêque et son métropolitain, un recours possible à l’évêque de Rome était garanti par le concile de Sardique (343) : le siège romain se limitait à organiser un nouveau jugement composé d’évêques des provinces voisines du lieu du différend. Instance de cassation, Rome veillait de façon lointaine à un certain exercice de la conciliarité universelle, en particulier par la présidence des conciles œcuméniques. Avec le détachement de Rome de la communion orthodoxe, c’est à Constantinople qu’est revenue par subsidiarité la charge de coordonner l’unité et la conciliarité des Eglises. Mais déjà le concile de Chalcédoine (451) avait donné à ce siège des responsabilités importantes.

On connaît le fameux 28e canon, objet depuis longtemps d’un conflit herméneutique entre les Eglises autocéphales : l’interprétation qu’en donne Constantinople, selon laquelle ce siège a juridiction sur l’ensemble des communautés en “Diaspora”, est vivement contestée par d’autres Eglises au nom de l’égalité des Eglises sœurs autocéphales. Deux visions juridico-canoniques s’affrontent : les diasporas devraient ou bien être toutes rattachées à Constantinople ou bien être rattachées à chacune des Eglises-mères d’origine selon l’origine ethnique des disséminés. Mais aucune de ces visions de type juridique ne suit directement l’ecclésiologie eucharistique.

Il reste que les 9e et 17e canons du même concile de Chalcédoine attribuent à Constantinople un statut unique : ils font de ce siège une instance d’appelpour tout l’Orient, au-delà même des patriarcats. Cela a donné à cette Eglise une autorité et une responsabilité particulières au-delà même de sa juridiction. Cela explique que Constantinople se soit efforcée de résoudre, à travers les siècles et dans des contextes historiques difficiles, les problèmes divers qui lui étaient soumis par des fidèles d’autres Eglises autocéphales. Ce siège est appelé à prendre au sein de l’Orthodoxie des initiatives en faveur de la conciliarité et de la coopération interecclésiale, à exercer une sollicitude universelle dans l’esprit du 34e canon apostolique. Comme le rappelait le P. J. Meyendorff il y a presque 30 ans, sans un “ministère de coordination” assuré par le premier des patriarches, “la conciliarité est impossible” [6].

Pour bien des orthodoxes, la primauté du patriarche œcuménique devrait se réduire à une “ priorité ” qui le limite à présider quelques réunions consultatives ou des liturgies. Selon cette vision ecclésiologique dénommée autocéphalisme, qui résulte de l’histoire tragique de l’Orthodoxie, chaque Eglise autocéphale devrait se suffire à elle-même.

Or, la catholicité interdit toute autosuffisance d’une Eglise ou a fortiori d’un groupe d’Eglises locales constituant un patriarcat. Au nom de la catholicité, tout synode d’une Eglise autocéphale devrait être ouvert aux avis des Eglises sœurs. L’intrication de l’identité ecclésiale et du sentiment national est la cause de nombreux maux dans l’Eglise orthodoxe, par exemple, du grave schisme que traverse actuellement l’Eglise d’Ukraine.

L’orthodoxie mondiale ressemble aujourd’hui à une confédération d’Eglises nationales autonomes qui n’ont entre elles d’autre lien que celui de la foi et des sacrements, avec pour seul signe de communion le fait que chaque primat d’Eglise autocéphale mentionne dans la liturgie les noms des autres primats.

Aucune structure conciliaire permanente n’a réussi jusqu’à présent à voir le jour pour travailler au quotidien sur les problèmes communs aux Eglises, et délivrer au monde un témoignage propre à l’ensemble de l’Orthodoxie [7]. Mais on pourrait concevoir la création d’une instance semi-officielle se réunissant périodiquement avec des représentants des différentes Eglises autocéphales qui partagent à la fois les expériences ecclésiales et les traditions locales et contribuent à résoudre ensemble les problèmes communs, en veillant à ne pas créer une sorte de Curie inter-patriarcale dont les décisions administratives s’imposeraient aux Eglises [8].

Depuis 1961, quatre Conférences panorthodoxes, suivies de quatre Assemblées panorthodoxes préconciliaires se sont tenues sous la présidence du patriarcat œcuménique, pour préciser la thématique du futur "Saint et Grand Concile". Depuis 1991, les multiples problèmes de réorganisation liés à la renaissance des Eglises d’Europe de l’Est ont freiné pour l’instant ce projet, mais ces assemblées panorthodoxes ont constitué, soulignons-le, des expériences fortes de la conciliarité orthodoxe universelle : toutes leurs décisions ont été prises à l’unanimité.

* * *

En conclusion, il faut souligner que nous sommes appelés à vivre la conciliarité au sein de l’Eglise à tous les niveaux possibles et d’abord au sein de nos paroisses et de notre diocèse, et à faire en sorte que l’ecclésiologie eucharistique ne soit pas le contenu d’une sorte de rhétorique pieuse éloignée de nos réalités quotidiennes. Œuvrons et prions pour que l’ecclésiologie n’inspire pas une langue de bois mais des attentes et des actes qui soient en harmonie avec la grande vision de l’Eglise que l’Orthodoxie a héritée des Pères et des Conciles. Il semble bien que la vocation secrète de l’Eglise, dynamisée par le Saint-Esprit, soit de demeurer perpétuellement en tension jusqu’au dernier jour entre ses racines célestes et la réalité terrestre, historique, qu’elle est appelée à transfigurer.

[1] L’Eglise de Russie a été reconnue comme patriarcat par Constantinople en 1593. L’Eglise de Grèce, qui s’était proclamée autocéphale dès 1833, a été reconnue par Constantinople en 1850. L’Eglise de Serbie, autoproclamée autocéphale en 1879, a été reconnue comme patriarcat en 1920. L’Eglise de Roumanie, autoproclamée autocéphale en 1859, a été reconnue en 1885 et élevée au rang patriarcal en 1925. L’Eglise de Pologne a été reconnue autocéphale en 1924, celle d’Albanie en 1937, et celle de Tchécoslovaquie en 1951. L’Eglise de Bulgarie, après sa condamnation pour schisme en 1872, s’est autoproclamée patriarcat en 1953, reconnue comme telle par Constantinople en 1961. L’Eglise de Géorgie, fondée au 4e s., a été reconnue comme autocéphale seulement en 1990 par Constantinople !

[2] Cf. Philarète de Moscou, Le grand catéchisme chrétien de l’Eglise orthodoxe catholique d’Orient examiné et approuvé par le très saint synode dirigeant, Berlin, éd. Sialsky, s. d. [années 1920], p. 54. Le même ouvrage note que les fidèles orthodoxes ne participent à la communion eucharistique que trois ou quatre fois par an.

[3] elon la définition de ce concile, “ on nomme diocèse une partie de l’Eglise orthodoxe russe, partie administrée par l’évêque diocésain ”. Cité in N. Afanassieff, “ Le concile dans la théologie orthodoxe russe ”, op. cit., p. 327.

[4] On note un progrès considérable dans les énoncés ecclésiologiques de ces Statuts puisqu’ils évitent soigneusement d’employer le mot “partie” à propos des diocèses. Néanmoins, on y lit que “l’Eglise orthodoxe russe se divise en diocèses, Eglises locales présidées par un évêque”. Le texte semble accorder ainsi une priorité ecclésiologique à l’Eglise autocéphale sur les Eglises locales (on aurait très bien pu définir que “l’Eglise orthodoxe russe est un regroupement ou une union de diocèses”). D’autre part, le critère spécifiant l’identité de l’Eglise orthodoxe autocéphale est l’adjectif “russe” (rousskoï), dont la portée exacte demeure imprécise. Il ne peut s’agir de la seule territorialité, puisque l’Eglise “russe” s’étend au-delà du territoire de la République de Russie (Ukraine, Biélorussie, Moldavie, etc.). Le mot n’a pas non plus un sens purement national, l’Eglise de Russie se définissant comme "multi-nationale". Il semble que le terme ait donc une portée culturelle-historique. On peut toutefois s’interroger sur le bien-fondé ecclésiologique du fait que l’Eglise russe puisse admettre en son sein "les fidèles orthodoxes qui y entrent délibérément", tout en "demeurant dans d’autres pays [que ceux qui constituent sont territoire canonique]". Comment une Eglise peut-elle exercer sa juridiction au-delà de son territoire canonique ? Une clarification ultérieure serait sur ce point très souhaitable (cette analyse pourrait, sans doute, dans ses grandes lignes, s’appliquer aux autres Eglises orthodoxes autocéphales modernes).

[5] Discours de Monseigneur Constantin lors de l’intronisation de Monseigneur Luka (Paris, 13 mai 2000).

[6] J. Meyendorff, “ Le Patriarcat œcuménique : une nécessité ”, SOP, 28, mai 1978, p. 6.

[7] La seule organisation qui ait réussi à instaurer des relations durables et organiques entre les Eglises orthodoxes répandues dans le monde est la fédération des mouvements de jeunesse orthodoxe, justement nommée Syndesmos (le lien), qui, depuis un demi-siècle, œuvre en faveur d’une conciliarité inter-orthodoxe. Malheureusement, cet engagement se heurte souvent au silence feutré et à la lenteur des chancelleries patriarcales.

[8] Les relations officielles entre les Eglises orthodoxes ressemblent trop souvent aux relations diplomatiques entre les Etats.

jeudi 03 septembre 2015
MARTYRS DE LA "REVOLUTION FRANCAISE:
BBx André-Abel Alricy et 71 comp., martyrs († 1792)
   


Du Martyrologe Romain :

 

Paris, en 1792,

La passion de soixante-quinze bienheureux martyrs.

Prêtres : 

André-Abel Alricy, de Crémieu, au diocèse de Grenoble, attaché à la prison Saint-Médard, à Paris - René-Marie Andrieux, de Rennes, ancien jésuite, supérieur de la Communauté de Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris - Pierre-Paul Balzac, de Paris, vicaire à Villejuif, retiré dans la communauté de Saint-Nicolas du Chardonnet - Jean-François Benoît, dit Vourlat, de Lyon, ancien jésuite, aumônier des Dames de l’Adoration perpétuelle, à Paris - Jean-Charles-Marie Bernard du Cornillet, de Châteaubriant, au diocèse de Nantes, chanoine régulier de Saint-Victor à Paris et bibliothécaire de l’abbaye - Michel-André-Sylvestre Binard, de Laulne, au diocèse de Coutances, professeur au Collège de Navarre, à Paris - Nicolas Bize, de Versailles, directeur du séminiaire Saint-Nicolas du Chardonnet, à Paris - Claude Bochot, de Troyes, supérieur de la Maison Saint-Charles des Pères de la Doctrine chrétienne, à Paris - Jean-François Bonnel de Pradal, d’Ax-les-Thermes, au diocèse de Pamiers, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, à Paris - Pierre Bonze, de Paris, curé de Massy - Pierre Briquet, de Vervins, au diocèse de Laon, professeur au Collège de Navarre, à Paris - Pierre Brisse, de Brombos, au diocèse de Beauvais, curé de Boran-sur-Oise, dans le même diocèse - Charles Carnus, de Salles-la-Source, au diocèse de Rodez, professeur au collège de Rodez - Jean-Charles Caron, d’Auchel, au diocèse de Boulogne, prêtre de la Mission, curé de Collégien, au diocèse de Meaux - Bertrand-Antoine de Caupène, de Jégan, au diocèse d’Auch, vicaire à Montmagny - Nicolas Colin, de Grenant, au diocèse de Langres, prêtre de la Mission, curé de Genevrières, au même diocèse - Jacques Dufour, de Troisgots, au diocèse de Coutances, vicaire à Maison-Alfort, au diocèse de Paris - Denis-Claude Duval, de Paris, vicaire à Saint-Étienne du Mont - Jean-Pierre Duval, de Paris, capucin (frère Côme), aumônier de l’hôpital de la Pitié, à Paris - Joseph Falcoz, de Saint-Sorlin d’Arves, au diocèse de Maurienne, chapelain de l’hôpital de la Pitié - Gilbert-Jean Fautrel, de Marcilly, au diocèse de Coutances, aumônier de la Maison des Enfants-trouvés, à Paris - Eustache Félix, de Troyes, procureur de la Maison des Pères de la Doctrine chrétienne à Paris et conseiller provincial - Pierre-Philibert Fougères, de Paris, curé de Saint-Laurent de Nevers, député à l’Assemblée nationale - Louis-Joseph François, de Busigny, au diocèse de Cambrai, prêtre de la Mission, supérieur du séminaire Saint-Firmin - Pierre-Jean Garrigues, de Sauveterre, au diocèse de Rodez, attaché au diocèse de Paris - Nicolas Gaudreau, de Paris, curé de Vert-le-Petit - Étienne-Michel Gillet, de Paris, directeur au séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet - Georges-Jérôme Giroust, de Bussy-Saint-Georges, au diocèse de Meaux, vicaire à Gennevilliers, au diocèse de Paris - Joseph-Marie Gros, de Lyon, curé de Saint-Nicolas du Chardonnet, député aux États généraux - Jean-Henri Gruyer, de Dole, au diocèse de Saint-Claude, prêtre de la Mission, vicaire à Saint-Louis de Versailles - Pierre-Marie Guérin du Rocher, de Sainte-Honorine-la-Guillaume, au diocèse de Séez, ancien jésuite, supérieur de la Maison des Nouveaux Convertis, à Paris - François-Robert Guérin du Rocher, frère cadet du précédent, né au Repas, au diocèse de Séez, ancien jésuite, aumônier de l’hospice des Capucins, à Paris - Yves-André Guillon de Kerenrun, de Lézardrieux, au diocèse de Tréguier, proviseur de la Maison de Navarre et vice-chancelier de l’Université de Paris - Julien-François Hédouin, de Coutances, chapelain de la Communauté de la Compassion, à Paris - Pierre-François Hénoque, de Tronchoy, au diocèse d’Amiens, professeur au Collège du Cardinal Lemoine, à Paris - Éloi Herque, dit du Roule, de Lyon, ancien jésuite, aummônier de l’hôpital de la Pitié, à Paris - Pierre-Louis Joret, de Rollot, au diocèse de Beauvais, résidant à Paris - Jean-Jacques de La Lande, de La Forêt-Auvray, au diocèse d’Évreux, curé de Saint-Martin d’Illiers-l’Évêque, au même diocèse, député aux États généraux - Gilles-Louis Lanchon, des Pieux, au diocèse de Coutances, directeur spirituel des religieuses de Port-Royal, à Paris - Louis-Jean Lanier, de Château-Gontier, au diocèse d’Angers, préfet du séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet, à Paris - Jean-Joseph de Lavèze-Belay, de Gluiras, au diocèse de Viviers, confesseur des malades à l’Hôtel-Dieu de Paris - Michel Leber, de Paris, curé de La Madeleine - Jean-Baptiste Legrand, de Versailles, professeur au Collège de Lisieux, à Paris - Jean-Pierre Le Laisant, de Valognes, au diocèse de Coutances, vicaire à Dugny, au diocèse de Paris - Julien Le Laisant, frère aîné du précédent, de Valognes, vicaire à Videcosville, au diocèse de Coutances - Jean Lemaître, de Beaumais, au diocèse de Bayeux, ordonné prêtre le 17 juin précédent - Jean-Thomas Leroy, d’Épernay, au diocèse de Châlons, grand prieur de l’abbaye de chanoines réguliers de Saint-Jean des Vignes et curé-prieur de La Ferté-Gaucher, au diocèse de Soissons - Martin-François Loublier, d’O, près de Mortrée, au diocèse de Séez, curé de Condé-sur-Sarthe, au même diocèse - Claude-Louis Marmotant de Savigny, de Paris, curé de Compans-la-Ville, au diocèse de Meaux - Claude-Sylvain Mayneaud de Bizefranc, de Digoin, au diocèse d’Autun, prêtre de la Communauté de Saint-Étienne du Mont, à Paris - Henri-Jean Milet, de Paris, vicaire à Saint-Hippolyte - François-Joseph Monnier, de Paris, vicaire à Saint-Séverin - Marie-François Mouffle, de Paris, vicaire à Saint-Merry - Jean-Louis Oviefre, de Paris, directeur de la petite Communauté de Saint-Nicolas du Chardonnet - Jean-Michel Phelippot, de Paris, chapelain du Collège de Navarre, à Paris - Claude Pons, du Puy-en-Velay, chanoine régulier de Sainte-Geneviève de Paris - Pierre-Claude Pottier, du Hâvre, au diocèse de Rouen, eudiste, supérieur du Séminaire Saint-Vivien de Rouen - Jacques-Léonor Rabé, de Sainte-Mère-Église, au diocèse de Coutances, chapelain de l’hospice des Enfants-Assistés, à Paris - Pierre-Robert Régnet, de Cherbourg, au diocèse de Coutances, résidant à Paris - Yves-Jean-Pierre Rey de Kervizic, de Plounez, au diocèse de Saint-Brieuc, vicaire à Saint-Jacques du Haut-Pas, à Paris - Nicolas-Charles Roussel, confesseur des Hermites à Grosbois, au diocèse de Paris - Pierre Saint-James, de Caen, au diocèse de Bayeux, recteur de l’Hôpital général, à Paris - Jacques-Louis Schmid, de Paris, curé de Saint-Jean l’Évangéliste, à Paris - Jean-Antoine Seconds, de Rodez, ancien jésuite, chapelain de l’Hôpital de la Pitié, à Paris - Pierre-Jacques de Turménies, de Cournay-en-Bray, au diocèse de Rouen, grand-maître du Collège de Navarre, à Paris - René-Joseph Urvoy, de Plouisy, au diocèse de Tréguier, maître de conférences au séminaire des Trente-Trois, à Paris - Nicolas-Marie Verron, de Quimperlé, au diocèse de Cornouaille, ancien jésuite, directeur des religieuses de Sainte-Aure, à Paris. 
Diacre : Pierre-Florent Leclercq ou Clerq, de Hautvillers, au diocèse d’Amiens, élève au séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet, à Paris.

Laïcs :

Sébastien Desbrielles, de Bourges, maître d’hôtel à l’Hôpital de la Pitié, à Paris - Louis-François Rigot, d’Amiens, sous-sacristain à l’Hôpital de la Pitié, à Paris - Jean-Antoine de Villette, de Cateau-Cambrésis, au diocèse de Cambrai, ancien officier, retiré au séminaire Saint-Firmin.

Martyrs de Paris et prêtres pour la plupart, le lendemain du massacre perpétré au couvent des Carmes, sous la Révolution française, ils furent à leur tour mis à mort sans jugement, quelques-uns à la prison de la Force, tous les autres au séminaire Saint-Firmin transformé en prison.

 

Jeudi 9 SEPTEMBRE 2015. Eléments pour méditer, réfléchir, prier et mieux agir:
Au cœur de l’Allemagne mariale

L'Allemagne a été consacrée à Marie, à Fulda, ville du centre du pays, lors de l'année mariale de 1950, par le Cardinal Frings.

C’est au VIIIe siècle qu’a été fondé, à Fulda, un premier centre spirituel, une abbaye bénédictine destinée à la mission dans le Nord de la Germanie. Lieu de la sépulture de saint Boniface l’abbaye de Fulda prit son essor après 754 et devînt une sorte de sanctuaire national pour les Germains.

Une grande basilique y fut construite, entre 791 et 819. L'école de Fulda commença à devenir florissante sous Charlemagne et fut développée par l’un de ses grands moines, Raban Maur (856) qui fut un merveilleux chantre de la grandeur de la Vierge :

« Marie, tu as mérité d'accueillir cette venue promise au monde entier tant de siècles auparavant ; tu es devenue la Maison de la majesté immense ; toi seule, par un privilège spécial, tu as possédé pendant neuf mois l'espérance du monde, l'honneur des siècles, la joie commune de tous », s’écrie-t-il dans l’une de ses nombreuses homélies à la gloire de la Mère de Dieu.  

 
Jeudi 9 SEPTEMBRE 2015. Eléments pour méditer, réfléchir, prier et mieux agir:

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 5,1-11.

En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.
Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.
Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. »
Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer.
Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient.
A cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. »
En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ;
et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

Jeudi 9 SEPTEMBRE 2015. Eléments pour méditer, réfléchir, prier et mieux agir:

Par St Ambroise

(v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l'Église 
Commentaire sur l'évangile de Luc, IV,71-76 ; SC 45 (trad. cf SC, p. 180) 


 

« Avance au large et jetez les filets »

 

« Avance au large », c'est à dire dans la haute mer des débats.

Y a-t-il profondeur comparable à « l'abîme de la richesse, de la sagesse et de la science du Fils de Dieu » (Rm 11,33), à la proclamation de sa filiation divine ? ...

L'Église est conduite par Pierre dans la haute mer du témoignage, pour contempler le Fils de Dieu ressuscité et l'Esprit Saint répandu. 


Quels sont ces filets des apôtres que le Christ ordonne de jeter ?

N'est-ce pas l'enchaînement des paroles, les replis du discours, la profondeur des arguments, qui ne laissent pas échapper ceux qu'ils ont pris ?

Ces instruments de pêche des apôtres ne font pas périr leur prise, mais la conservent, la retirent des abîmes vers la lumière, conduisent des bas-fonds vers les hauteurs... 


« Maître, dit Pierre, nous avons peiné toute une nuit sans rien prendre, mais, sur ta parole, je vais lâcher les filets. »

Moi aussi, Seigneur, je sais que pour moi il fait nuit, quand tu ne me commandes pas.

Je n'ai encore converti personne par mes paroles, il fait encore nuit. J'ai parlé le jour de l'Épiphanie : j'ai lâché le filet, et je n'ai encore rien pris.

J'ai lâché le filet pendant le jour.

J'attends que tu me l'ordonnes ; sur ta parole, je le lâcherai encore.

La confiance en soi est vaine, mais l'humilité est fructueuse.

Eux qui jusque-là n'avaient rien pris, voici que, à la voix du Seigneur, ils capturent une énorme quantité de poissons.

 

Jeudi 9 SEPTEMBRE 2015. Eléments pour méditer, réfléchir, prier et mieux agir:
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Published by Eglise Syriaque-Orthodoxe Antiochienne - dans Famille Spiritualité Chrétienne Tradition Syriaque

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